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La fin Allemagne 1944-1945

La fin Allemagne 1944-1945

Titel: La fin Allemagne 1944-1945
Autoren: Ian Kershaw
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plusieurs généraux. Nombre d’entre eux devinrent les boucs émissaires des revers militaires ou de l’impossibilité d’exécuter des ordres absurdes. Par tempérament comme par leur organisation, ils étaient cependant incapables de défier Hitler ou de monter un autre coup de force. La plupart prenaient terriblement au sérieux leur serment d’allégeance au Führer et la seule idée de pouvoir être contraints de désobéiraux ordres les mettait au supplice. Même si le serment ne fut souvent guère plus qu’un prétexte justifiant leur soumission et leur permettant de fuir toute responsabilité politique – ils n’étaient que des soldats accomplissant leur devoir –, les notions militaires traditionnelles d’ordre et d’obéissance se trouvèrent dénaturées sous le III e  Reich au point de se traduire par un empressement extrême à obtempérer aux ordres du Führer, même les plus irrationnels  1315 . Au bout du compte, le sentiment du devoir, aussi profond que perverti, servit de motivation et d’alibi aux chefs militaires du III e  Reich  1316 .
    Les généraux étaient partagés. Les conversations des officiers prisonniers des Britanniques, et enregistrées à leur insu, font apparaître de grandes divergences de vues  1317 . Il en allait de même chez les généraux qui conservaient des fonctions dans le Haut Commandement en Allemagneet aux frontières. Pour ces nationalistes fervents, il était évident qu’il fallait être prêt à faire le maximum pour défendre le Reich, même quand au fond d’eux-mêmes ils avaient rompu avec Hitlerou méprisaient le Parti et ses représentants. D’aucuns, cependant, restèrent des partisans fanatiques de Hitler, comme le feld-maréchal Ferdinand Schörner, tristement célèbre jusque dans les hautes sphères de l’armée pour sa manière implacable de faire régner la discipline, ou le grand-amiral Karl Dönitz, qui exigea en avril 1945 que chaque navire et chaque base navale fût défendu jusqu’à la fin en accord avec les ordres du Führer, n’offrant à ses hommes d’autre choix que la victoire ou la mort. La plupart des officiers supérieurs, comme Dönitz, s’accrochèrent à la fiction de leur « apolitisme », ajoutant que les décisions politiques étaient du ressort exclusif du chef de l’État. Sans leur soutien, cependant, et quels que fussent leurs mobiles, il est clair que la direction de l’État ni la guerre n’auraient pu continuer.
    Même quand ils étaient foncièrement en désaccord avec la tactique de Hitler, les généraux ne lui contestaient pas le droit de trancher et se conformaient à ses décisions. Confronté aux ordres de plus en plus absurdes donnés pour la défense de Berlin, le colonel-général Heinriciestima néanmoins que c’eût été une trahison de les récuser. L’exemple du feld-maréchal Kesselring,refusant encore fin avril 1945 d’approuver la reddition en Italietant que le Führer était en vie, est un autre cas frappant.
    La radicalisation de la structure du pouvoir sous Hitlerdans les derniers mois fut aussi déterminante pour la capacité de continuer le combat. Au lendemain de l’attentat de Stauffenberg, le régime s’empressa de se renforcer. Des changements furent opérés pour l’étayer et empêcher tout effondrement de l’intérieur, notamment par le partage du pouvoir, sous Hitler, entre les quatre grands du nazisme. Bormannaccrut considérablement le rôle de mobilisation et de contrôle du Parti, étendant son emprise sur la quasi-totalité des facettes de la vie quotidienne. Goebbelscumula désormais les domaines clés de la propagande et de la mobilisation pour l’effort de guerre totale. Sans le million d’hommes supplémentaires qu’il leva à la fin de 1944, la Wehrmacht eût été tout simplement incapable de compenser les énormes pertes qu’elle subissait. En prenant le commandement de l’armée de remplacement (c’est à son QG que Stauffenberg avait orchestré le complot contre Hitler), Himmlerétendit son appareil de terreur jusqu’au sein de la Wehrmacht. Seule l’armée de remplacement avait été capable de préparer le coup d’État manqué de 1944. Entre les mains de Himmler, ce risque disparut. Quant à Speer, il accomplit, malgré la crise croissante de la production et des transports du fait des bombardements alliés et des pertes territoriales, des miracles de gestion et d’organisation et produisit assez d’armements pour donner
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