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La fin Allemagne 1944-1945

La fin Allemagne 1944-1945

Titel: La fin Allemagne 1944-1945
Autoren: Ian Kershaw
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aux troupes les moyens de combattre. Si Speer, qui tarda considérablement à admettre que la guerre était irrémédiablement perdue, s’était dépensé moitié moins, l’Allemagnen’aurait pu tenir aussi longtemps, il s’en faut de beaucoup.
    Le quadriumvirat formé de Bormann, Goebbels, Himmleret Speer – trois fanatiques des plus brutaux et radicaux, le quatrième étant un ambitieux génie de l’organisation assoiffé de pouvoir – fut décisif dans la poursuite de la guerre. Mais ces quatre hommes étaient divisés et se méfiaient les uns des autres – trait caractéristique de l’État nazi. Et chacun savait que son pouvoir dépendait d’une autorité supérieure : celle de Hitler.
    Pour finir, mais c’est loin d’être l’élément le moins important, nous en arrivons à Hitlerlui-même. Jamais il ne dévia de ce quiavait été le leitmotiv de sa vie politique : la « lâche » capitulation et la révolution de 1918 ne se répéteraient en aucune façon. Aussi repoussa-t-il systématiquement toutes les suppliques de ses paladins qui le pressaient d’envisager un règlement négocié. Dans son esprit, un tel règlement ne pouvait suivre qu’une victoire, non pas une défaite. Il n’y avait aucune chance que cela se produise à partir du moment où l’étau se refermait sur le III e  Reich après les grands succès ennemis, à l’est comme à l’ouest, à compter de juin 1944. L’exigence alliée de « reddition sans condition » ne fit qu’ajouter de l’eau à son moulin et renforça ses convictions. Pour lui, une destruction totale « héroïque » était infiniment préférable à la lâche solution de la capitulation. Le sort du peuple allemand ne le préoccupait pas. Il s’était montré faible dans la guerre et méritait de succomber. Après l’échec de l’offensive des Ardennes, il était assez lucide pour voir qu’il avait joué son va-tout. Mais, désespéré et impuissant à renverser le courant qui allait l’emporter, il se raccrochait à chaque semblant d’espoir. Le suicide paraissait une issue évidente et probable. En fait, ce fut bientôt la seule. Ce n’était plus qu’une affaire de temps, et de calendrier – il fallait que les Russes ne puissent le capturer. C’était aussi la solution de facilité. Il savait que, quoi qu’il advînt, il n’avait pas d’avenir après la guerre. Mais tant qu’il vivait, son pouvoir, fût-ce sur un Reich qui fondait à vue d’œil, ne pouvait être défié : Göringet Himmlerl’avaient appris, à leurs dépens, jusque dans les derniers jours de sa vie.
    À l’évidence, la personnalité de Hitlerjoua un grand rôle dans la poursuite de la lutte par l’Allemagne. Généraux et dirigeants politiques se heurtèrent à son intransigeance absolue chaque fois qu’ils proposèrent une autre ligne. Jusque dans les dernières semaines, ceux qui allaient le voir démoralisés et inconsolables ressortaient de leur entrevue avec une ferveur et une détermination nouvelles. Si l’Allemagne avait eu un chef d’État différent, mettons Göring(successeur désigné de Hitler jusqu’à son éviction du 23 avril 1945), il est très probable qu’elle aurait demandé la paix à un moment ou à un autre avant mai 1945. On peut en effet douter que, si Hitler était mort plus tôt, Göring (ou Himmler, le seul autre candidat crédible à avoir réussi) ait eu assez d’autoritésur les généraux pour continuer la guerre. Ce scénario contre-factuel n’a d’autre objet que de souligner une fois de plus à quel point l’insistance de Hitler sur la poursuite de la guerre fut le principal obstacle à son arrêt. La personnalité dominatrice de Hitler, si importante fût-elle – son intransigeance, son détachement de la réalité, son empressement à entraîner le pays et les Allemands avec lui dans sa chute –, n’explique pas tout. Au-delà, la question est de savoir pourquoi l’élite du pouvoir se montra disposée à le laisser dicter sa volonté de façon aussi désastreuse jusqu’à la fin.
    Dans ses Mémoires, Albert Speerrumine de pseudo-reproches. Ainsi se demande-t-il pourquoi, quand il était devenu évident que l’Allemagneétait finie à la fois sur le plan économique et sur le plan militaire, Hitlerne se trouva pas confronté à une démarche commune des chefs militaires qui étaient en contact régulier avec lui, exigeant de lui une explication sur la manière dont il comptait terminer la
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