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La fin Allemagne 1944-1945

La fin Allemagne 1944-1945

Titel: La fin Allemagne 1944-1945
Autoren: Ian Kershaw
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monde posthitlérien. Il reconnut cependant toujours sa dépendance. Sa rupture avec Hitler survint in extremis et, comme avec Göring, semble être née d’un malentendu : Himmler interpréta ce qu’on lui avait dit de l’effondrement psychologique passager du dictateur, le 22 avril, et crut que ce dernier avait de fait abdiqué. Enfin, Joseph Goebbels, le plus dévoué de tous les hauts dirigeants nazis mais aussi l’un des acolytes de Hitler les plus clairvoyants, fut l’un des très rares disposés à rester à ses côtés jusqu’à la fin et à se jeter sur le grand bûcher funéraire du III e  Reich.
    À l’échelon inférieur, les Gauleiter formaient encore une phalange de loyalistes convaincus, quels que fussent leurs sentiments personnels. Tous étaient depuis longtemps irrémédiablement liés à Hitler, même si, dans les dernières semaines, il leur fallut commencer à agir indépendamment en raison de la rupture des communications avec Berlin. Leur dernière réunion collective avec Hitler, le 24 février 1945, montra que l’autorité du Führer restait intacte dans ce groupe important.
    Parmi les chefs militaires, la conduite du grand-amiral Karl Dönitz, patron de la marine et successeur désigné au poste de chef de l’État à la mort de Hitler, illustre bien les liens durables avec le Führer. Contrairement à sa réputation d’après-guerre, celle d’un professionnel de la chose militaire qui n’aurait fait que son devoir, Dönitz avait été l’un de ceux qui approuvèrent avec le plus de fanatisme les ordres donnés par Hitler de combattre jusqu’au bout. C’était un nazi acharné. Cependant, avec la mort de Hitler disparut le principal obstacle irréductible à la capitulation. Lorsqu’il hérita du pouvoir, Dönitz se sentit libéré de son serment de loyauté envers Hitler. Il perçut la nécessité de s’incliner devant la réalitépolitique et militaire et de mettre un terme à une guerre perdue par une fin négociée. Ce retournement soudain souligne mieux que toute autre considération ce que le combat jusqu’au bout, jusqu’à la défaite et la destruction totales, devait non seulement à la personne de Hitler, mais aussi à la nature de son pouvoir et aux mentalités qui avaient soutenu sa domination charismatique.
    Parmi toutes les raisons expliquant que l’Allemagneait pu et voulu combattre jusqu’à la fin, ces structures du pouvoir et les mentalités sous-jacentes sont les plus fondamentales. Tous les autres facteurs – le soutien persistant de la base à Hitler, la férocité de l’appareil de terreur, la domination accrue du Parti, le rôle éminent joué par le quadriumvirat Bormann, Goebbels, Himmleret Speer, l’« intégration négative » produite par la peur d’une occupation bolchevique ou l’empressement indéfectible des hauts fonctionnaires et des chefs militaires à continuer d’accomplir leur devoir quand tout était manifestement perdu – étaient, en fin de compte, subordonnés à la manière dont était structuré le régime charismatique du Führer et à son mode de fonctionnement dans sa phase d’agonie. Paradoxalement, ce n’était plus qu’un pouvoir charismatique sans charisme. L’attrait charismatique de Hitler auprès des masses s’était de longue date dissous, mais les mentalités et les structures de son pouvoir charismatique perdurèrent jusqu’à sa mort dans le bunker. Divisées, les élites dominantes ne possédaient ni la volonté collective ni les mécanismes de pouvoir pour empêcher Hitler d’entraîner l’Allemagne vers sa destruction totale.
     
    C’est cela qui fut décisif.

Abréviations
    BAB : Bundesarchiv Berlin-Lichterfelde
    BA/MA : Bundesarchiv/Militärarchiv, Fribourg
    BDC : Berlin Document Center
    BfZ : Bibliothek für Zeitgeschichte, Württembergische Landesbibliothek, Stuttgart
    BHStA : Bayerisches Hauptstaatsarchiv, Munich
    DNB : Deutsches Nachrichtenbüro (Agence de presse allemande)
    DRZW  : Das Deutsche Reich und der Zweite Weltkrieg
    DZW  : Deutschland im Zweiten Weltkrieg
    HSSPF : Höherer SS- und Polizeiführer (Chefs suprêmes de la police et des SS)
    IfZ : Institut für Zeitgeschichte, Munich
    IMT : International Military Tribunal
    ITS : International Tracing Service, Bad Arolsen
    IWM : Imperial War Museum, Duxford
    KTB/OKW  : Kriegstagebuch des Oberkommando der Wehrmacht
    KTB/SKL  : Kriegstagebuch der Seekriegsleitung
    LHC : Liddell Hart Centre for Military
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