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La fin Allemagne 1944-1945

La fin Allemagne 1944-1945

Titel: La fin Allemagne 1944-1945
Autoren: Ian Kershaw
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« devoir ». Ces sentiments existaient même chez les fonctionnaires qui méprisaient Hitler et dédaignaient les potentats nazis, et c’était suffisant pour soutenir un système au dernier stade de l’effondrement. Nous avons vu que, lorsqu’on lui avait demandé, après la guerre, pourquoi il avait continué de travailler avec tant d’assiduité quand tout était manifestement perdu, Kritzinger, secrétaire d’État à la chancellerie du Reich, avait paru ne pas comprendre l’objet de cette question : « En tant que fonctionnaire de carrière, j’avais un devoir de loyauté envers l’État. » On retrouvait cette même mentalité dans toute la fonction publique, du sommet jusqu’à la base.
    La sauvagerie de la guerre à l’est était en soi une motivation pour continuer de combattre et rejeter toute idée de reddition. C’était une guerre qui ne ressemblait en rien au conflit de l’Ouest. Les officiers aussi bien que les soldats du rang se savaient parfaitement responsables ou impliqués dans d’innombrables atrocités à l’est : villages incendiés, exécution en masse de partisans, massacre de dizaines de milliers de Juifs. La barbarie de la guerre sur le front Est signifiait, ils le savaient bien, qu’ils n’avaient aucune miséricorde à attendre s’ils tombaient entre les mains des Soviétiques.
    De Nemmersdorf, théâtre d’atrocités soviétiques en octobre 1944, la propagande donna une image pire que la réalité – déjà passablement horrible. Nemmersdorf symbolisa la peur du bolchevisme, celle-là même que la propagande incessante n’avait cessé de répandre au fil des ans mais qui cessa alors d’être une abstraction. Pour les soldats qui se battaient à l’est, ou ceux qui n’étaient pas engagés sur ce front mais qui avaient de la famille dans les régions orientales menacées, la poursuite des combats n’obéissait pas simplement à une justification idéologique. Le combat idéologique contre les « hordes asiatiques » et les « bêtes bolcheviques » et la défense de la patrie se confondaient de manière subliminale en un effort désespéré pour repousser la menace évidente sur les familles et les foyers ou venger les atrocités de l’armée Rouge. Au-delà de ces motivations, les soldats combattaient par solidarité avec leurs camarades et, en dernière instance, pour leur survie.
    Le rôle du corps des officiers, notamment, fut vital dans la capacité de combat du régime. La guerre vit leurs effectifs s’envoler – ils étaient jusqu’à près de 200 000, officiers de réserve compris, au début de 1944 –, avec un renouvellement très rapide. L’armée de terre perdit 269 000 officiers au cours de la guerre, 87 000 d’entre eux furent tués. En septembre 1944, 317 officiers en moyenne, le plus souvent subalternes, étaient tués, blessés ou capturés par jour. Les officiers des échelons inférieurs et intermédiaires étaient des rouages centraux de la machine militaire. Beaucoup avaient gobé les dogmes nazis dans les rangs des Jeunesses hitlériennes et au cours de leur formation militaire. L’expérience de la guerre et leur participation à des actions de « pacification » meurtrières et génocidaires à l’est les avaient endurcis  1314 . On a vu que la pénétration du nazisme au sein des forces armées avait été renforcée par l’attentat raté. Le salut militaire traditionnel avait été remplacé par le « Heil Hitler ! ». On avait étendu le recours aux NSFO pour insuffler fanatisme et loyauté aux troupes. La brutalité des représailles contre les complices de Stauffenberget les tirades haineuses des dirigeants nazis, à commencer par Hitler, contre les officiers accentuèrent aussi la pression qui pesait sur ces derniers et les poussait non seulement au conformisme, mais aussi à faire étalage d’un engagement fervent.
    Au sommet, la clé était entre les mains des généraux. La plupart étaient trop âgés pour avoir été à l’école du nazisme comme les officiers plus jeunes. En revanche, leur mentalité nationaliste à l’ancienne n’avait eu aucun mal à se fondre avec les idéaux nazis, et ils avaient une grande expérience de la « guerre d’anéantissement » idéologique sur le front Est, qu’ils approuvaient. Après la purge qui suivit l’attentat manqué, ne restèrent que des loyalistes. Cela n’empêcha pas de sérieux différends tactiques d’apparaître entre Hitleret
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