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La Fille Du Templier

La Fille Du Templier

Titel: La Fille Du Templier
Autoren: Jean-Michel Thibaux
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sergent de l’évêque.
    — Il y a trois morts, commenta l’homme. Le chevalier du
pont du Diable a eu les Français. Ces infâmes agissaient en traîtres ; ils
en voulaient à la dame des Baux. Cette félonie ne lui avait pas échappé. Deux d’un
coup qu’il a renversés ; un de la lance en pleine gorge, l’autre avec l’épée.
Il l’a fendu du sommet du crâne à la jointure des sourcils. Ils sont là-bas
avec le troisième, derrière les prêtres.
    Son doigt se tendit. Les trois cadavres étaient en travers d’une
table à tréteaux insuffisamment large et leurs têtes pendaient dans le vide
comme celles des volailles à l’étal d’un boucher.
    — Sainte Marie, murmura Alix.
    Ancelin se signa. La mère de Dieu devait être très triste
dans le ciel. Le tournoi à la gloire du Christ tournait au triomphe de Satan.
    Dans la tribune, on s’agitait. On fit mander Hugon, Stéphanie,
Edmond et Jean. Ces quatre-là étaient responsables de la tension qui régnait et
des fâcheux événements qui en découlaient. Par sa bravoure, Robert était absous.
L’évêque le félicita et Bertrand lui offrit deux manses de terre à la Salomone.
    Quand Stéphanie dégagea son visage du casque, Bertrane
comprit à quel point elle souffrait. La comtesse des Baux venait de prendre dix
ans en tenant tête à ce fils indigne qui avait tout tenté pour lui ôter la vie.
Des rides taillaient son visage couvert de sueur, de poussière et de larmes. Son
regard était privé de vie. Elle avait brisé deux lances de son fils, elle avait
brisé l’écu de son fils. Restait l’épée. Le combat devait se poursuivre, elle n’avait
pas le choix.
    — Je demande le jugement de Dieu ! Épée contre
épée !
    Sa voix tonna. L’évêque Pierre ne chercha même pas à user de
diplomatie. Il coupa la parole à Bertrane :
    — Que Dieu juge !
    — Et vous deux ? demanda le comte Bertrand à Jean
et Edmond.
    — Épée contre épée ! clama Casteljaloux.
    — Qu’il en soit ainsi, dit l’évêque.
    — Je m’y oppose !
    Aubeline avait crié. Elle devint le centre de toutes les
interrogations. L’évêque en fut fâché.
    — De quel droit interviens-tu dans les affaires du ciel ?
demanda-t-il d’une voix sévère.
    — Du droit d’amour !
    Cet aveu aurait dû lui valoir le mépris du ministre de Dieu,
mais il y avait une telle force et une telle dignité dans son attitude que le
prélat n’osa se récrier.
    Son expression de froide pureté ne révélait rien de malsain ;
elle n’avait pas agi sous l’influence du Malin.
    — C’est un juste droit, dit à son tour Bertrane. L’amour
doit l’emporter sur la mort, monseigneur. Nous sommes tous en demande d’amour.
    L’évêque qui savait percer les secrets des âmes parut
dérouté. Il quitta son siège, s’approcha d’Aubeline d’Aups et lui prit la main.
La fille du templier ne fit aucun effort pour la lui abandonner. Nul
tremblement, nulle incertitude dans le regard clair de la farouche jeune femme.
Aucun péché. L’évêque réfléchissait vite. Comme il l’avait dit, il l’autorisait
à se rendre en Terre sainte afin de bouter les Turcs et les Arabes hors de
Palestine et de Judée. En échange et pour son salut, elle lui donnerait une
partie de ses terres comme l’avait fait son père. Il avait tout à gagner en se
montrant conciliant. Il jeta un œil vers cet idiot de Bertrand qui désirait
être canonisé. Il ne voyait pas qu’il avait perdu son épouse. Là encore, l’évêque
se lança dans des calculs, songeant à trouver un bon parti pour Bertrane quand
le vieux de Château-Vieux trépasserait. Un parti favorable aux évêques de
Marseille. Décidément, à Signes, il y avait une fortune à amasser. L’intervention
de Jean mit fin à ses réflexions.
    — Monseigneur ! Mes dames ! Souffrez que je
règle mes comptes avec le représentant de la reine. Je suis le champion d’Aubeline
d’Aups et le représentant de la Provence. Je ne peux renier ces titres sans
bafouer mon honneur. Ce serait un grand renoncement. J’aime Aubeline, dit-il en
se tournant vers la jeune femme. Parce que je l’aime je ne peux pas mourir. Je
veux vivre à ses côtés pleinement et non pas à moitié. Nous irons à Jérusalem
puisque c’est le souhait de notre évêque, mais avant, je ferai mon devoir de
chevalier. J’accepte le jugement de Dieu !
    — Finissons-en, chevalier !
    Casteljaloux n’avait pas été ébranlé par cette
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