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La Fille Du Templier

La Fille Du Templier

Titel: La Fille Du Templier
Autoren: Jean-Michel Thibaux
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de la
chrétienté avec un félon ne devait pas entrer en lice. Cette putain enfantée
par un templier et une pécheresse risquait d’accomplir des exploits. On
racontait qu’elle était capable de tenir tête au chien Cerbère, au dragon de l’Apocalypse
et au démon Bélial depuis qu’elle avait vaincu la Bête de la Sainte-Baume. Honte sur la chevalerie si elle parvenait à mettre à terre l’un des
preux engagés dans le tournoi.
    — Ta place n’est pas parmi ces hommes qui ont été
justement adoubés ! s’écria Guillaume. Pas plus que la tienne, Stéphanie, ajouta-t-il
en baissant le ton.
    Guillaume se savait en état d’infériorité. Il avait été des
années durant le confesseur de Stéphanie avant de devenir celui de Bertrand de
Signes. La dame des Baux aurait toujours le dernier mot. Guillaume se tourna
vers l’évêque, le seul capable de faire fléchir la comtesse. L’évêque voyait
plus loin que le chapelain dont les intérêts ne concordaient pas avec les siens.
Il y avait là une occasion à saisir. Une Stéphanie morte arrangerait ses
desseins. Monseigneur Pierre de Marseille avait des ambitions. L’idéal serait
que Dieu dans Sa clairvoyance envoie Hugon au purgatoire. Lui, l’évêque le plus
puissant du Sud, pourrait étendre son influence sur toute la Provence, voire au-delà. Tout se mettait en place pour favoriser son ascension dans le monde
temporel.
    — J’autorise la dame des Baux à croiser le fer en champ
clos, mes fils et mes filles. Dieu jugera. Quant à toi, Aubeline d’Aups, qui
brûles d’en découdre avec la terre entière, je te donnerai une croix rouge
comme le fit Sa Sainteté Urbain et tu pourras me représenter en Palestine et te
couvrir de gloire auprès de ton père en tuant des infidèles.
    Aubeline en eut le bec cloué. Jean d’Agnis était en rage. Ce
jean-foutre d’évêque distillait du poison.
    — Mais…
    Le « mais » de Bertrand de Signes fut étouffé par les
paroles du prélat.
    — J’ai ouï dire que beaucoup de femmes prenaient les
armes à l’exemple des Normandes de Sicile et des aventurières en Terre sainte. Nous
ne pouvons en tirer que du bénéfice à un moment de notre histoire où tant de
braves ont disparu en défendant la cause de la sainte Église. Souvenez-vous de
sainte Marthe tuant la Tarasque !
    Bertrand et la noblesse en demeurèrent pantois. Quelque
chose leur échappait. La comtesse des Baux allait se faire étriper et l’Église
semblait y trouver son intérêt.
    Stéphanie soupira d’aise. Après tous les affronts que lui
avait fait subir Hugon, elle allait enfin pouvoir laver son honneur. Certes, elle
ne désirait pas lui ôter la vie, mais elle voulait lui faire mordre la
poussière avant de le traîner devant l’évêque. Lui faire avouer ses fautes en
public et demander pardon était son but. Bertrane était désemparée. Elle n’était
plus en mesure de dévier la grand-roue du destin qui broyait les existences. Elle
serra les dents et se composa un masque de marbre. Ce n’était pas le moment de
se montrer faible et de verser des larmes.
    Les murmures se turent. Stéphanie des Baux alla au cœur du
groupe des chevaliers, là où se tenait son fils, et frappa du bout de sa lance
l’écu d’Hugon.
    — Pour l’honneur du nom et de la race, je briserai cet
écu. Pour la gloire du Messie, je briserai cette lance et s’il le faut, Dieu m’entende,
je briserai cette épée que tu n’es pas digne de porter !
    Ainsi parla Stéphanie. Hugon, comme pétrifié par le sort d’un
magicien, la contemplait. Cette femme quelque part dans le temps avait été sa
mère ; cette femme, aujourd’hui sa plus farouche ennemie, était la part de
lui-même qui devait mourir, la mauvaise racine qui nuisait à la croissance de
la maison des Baux. Il ne pouvait espérer une meilleure occasion. Il eut un
bref mouvement de tête pour Liénard d’Ouches.
    Le Français comprit. Il fallait impérativement saigner la
dame. Pas facile à réaliser sans faire de sérieuses entorses aux règles de la
chevalerie. Liénard estima la force de leur groupe auquel s’étaient associés
les chevaliers d’Aquitaine et d’autres fiefs des confins de la Provence. Elle lui paraissait supérieure malgré la présence dans le camp adverse d’un géant
caparaçonné de noir, celui-là même que la foule avait acclamé. Le plan initial
d’Hugon ne lui semblait plus applicable. Il doutait même de la présence de
soldats déguisés en
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