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La fée Morgane

La fée Morgane

Titel: La fée Morgane
Autoren: Jean Markale
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fenêtre et
tendit son bras pour atteindre la rose. Mais elle était trop loin, et il ne put
y parvenir. Il retira alors sa main et, considérant les barreaux, constata qu’ils
étaient d’une solidité à toute épreuve. Mais, brusquement, il se rappela
comment, dans la cité de Gorre, il avait tordu les barreaux de la fenêtre qui
le séparait de Guenièvre. « Quoi ! s’écria-t-il, cette forteresse m’empêcherait
de satisfaire mon désir ? Par Dieu tout-puissant, je prétends que non ! »
Il saisit alors deux des barreaux de ses deux mains, les tira avec tant de
force qu’il les brisa, et les jeta au milieu de sa chambre. La peau de ses
doigts en était toute déchirée, et le sang coulait sur le sol, mais il ne s’en
souciait nullement. Il se glissa à travers la fenêtre, sortit de sa prison, marcha
vers la rose. Pour l’amour de Guenièvre, il la baisa longuement, la porta à ses
yeux, à sa bouche et la serra contre sa poitrine, à même la chair.
    Il était libre. Il marcha vers le donjon dont la porte était
ouverte, y pénétra, y découvrit des heaumes, des hauberts et des armes à
profusion. Il s’arma sans tarder du mieux qu’il put et saisit une épée posée
sur un coffre. Une fois sorti du donjon et équipé contre tout éventuel
adversaire, il erra de salle en salle et finit par découvrir deux destriers
fougueux et rapides qui se trouvaient à l’attache dans les écuries. Il passa
une selle sur celui qui lui parut le meilleur, et ne perdit pas son temps :
sautant sur le dos de l’animal, il se dirigea vers la porte. On était encore de
si bon matin que personne n’était levé, sauf le gardien de la grande porte du
château. Il fut bien surpris en voyant ce chevalier inconnu lui demander d’ouvrir.
Il se garda bien cependant de refuser d’obéir, car l’inconnu avait une allure
farouche et résolue. Quand la porte fut ouverte, il piqua des deux et partit au
galop, empli d’une joie intense, désireux de mettre le plus de distance entre
lui et le maudit château où Morgane l’avait tant fait souffrir.
    Mais il était à peine dans la vallée qu’il s’arrêta net, pensant
soudain qu’il lui fallait retourner au château pour châtier durement Morgane de
son forfait. N’avait-il point le droit de mettre un terme à sa vie après ce qu’elle
lui avait fait subir ? « Hélas, non, ce n’est pas possible, se dit-il,
regagnant malgré tout le château à petite allure, c’est une femme et c’est la sœur
de mon roi. »
    « Ami très cher, lança-t-il au portier, tu diras à ta
dame que Lancelot du Lac sort d’ici, qu’il la salue comme il se doit en tant
que femme de sang royal, qui s’est montrée cependant la plus déloyale de toutes
les femmes. Sache donc que, sans l’affection indéfectible que j’éprouve pour le
roi Arthur, je l’aurais châtiée comme le mérite une traîtresse. Voilà le
message que je te charge de lui transmettre ! » Et Lancelot, faisant
demi-tour, s’élança vers la vallée.
    Le portier, ayant du mal à comprendre ce qui venait de se
passer, se hâta d’exécuter sa mission. Outrée par les propos tenus par Lancelot,
Morgane passa sa chemise et se précipita dans la chambre où elle avait enfermé
son prisonnier. La voyant vide, elle donna libre cours à son indignation.
« Nous avons été joués d’une impardonnable façon ! » s’exclama-t-elle,
se tordant les mains de désespoir. C’est alors que jetant les yeux sur la fenêtre,
elle aperçut les barreaux brisés et les traces de sang qui maculaient le sol.
« Je n’en crois pas mes yeux ! maugréa-t-elle à l’intention de ses
serviteurs. Regardez tous ce que ce diable a fait : il a rompu avec ses
mains des fers d’une solidité à toute épreuve. Personne n’a jamais accompli
pareil prodige ! » Mais ce que Morgane se garda bien de dire, c’est
qu’au fond de son cœur, elle n’en aimerait désormais que davantage Lancelot du
Lac.
    Lancelot pendant ce temps poursuivait son chemin. Après
avoir longé la vallée et traversé une belle forêt touffue, il était parvenu
dans une prairie verdoyante, devant une tour où une trentaine de splendides
pavillons de couleurs vives étaient dressés à l’abri de trois pins, montant
haut dans le ciel. Plantés à égale distance les uns des autres, ils formaient
un triangle. Au centre, avait été placé un trône d’ivoire recouvert d’une soie
vermeille sur laquelle scintillait une couronne d’or imposante. Des
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