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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare
Autoren: Pierre Naudin
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renforts (400 guer riers) et une flotte portant 20 000 marcs d’argent. La flotte franco-espagnole lui fit subir un désastre. Aucun vaisseau, aucun chevalier ne put s’échapper. Tout fut coulé ou pris ou tué. C’était le 23 juin 1372. Cependant le captal conserva La Rochelle.
    Poitiers tomba au pouvoir des Français le samedi 7 août 1372. Le captal s’inquiéta pour l’avenir… et pour lui-même.
    L’impossible serment
    Charles V avait envoyé en Espagne, avec quelques-uns de ses rares vaisseaux, Owen de Galles, homme de mer fort célèbre, pour réunir la flotte alliée. Il revint et ramena devant La Rochelle 14 grosses nefs et 8 galées. Pour se dégager, il fallait combattre. Guesclin envoya Pons et Thibaut du Pont attaquer Soubise à l’embouchure de la Charente. La dame de Soubise réclama du secours à Jean de Grailly. De Saint-Jean-d’Angély il marcha contre les Français à la tête de 200 lances.
    A Soubise, il captura Pons et Thibaut de Pont, mais Owen lui avait préparé un piège. Avec 400 lances réparties sur 14 barges, il était venu secrètement prendre pied face à la cité, sur la rive droite de la Charente. Il traversa nuitamment et se trouva bientôt devant les Anglais et les Gascons vainqueurs. Le combat commença à la hache. Jacques de Montmor, le frère d’Owen, les Normands et les Espagnols se ruèrent sur les Anglais qui furent contraints à la retraite. Le captal recula lui aussi en se défendant furieusement. Il fut entouré par Pierre d’Auvilliers, Mgr d’Auvilliers, le sire de Magny et leurs hommes.
    D’un coup de hache, il tue le sire de Magny et se défend toujours.
    –  Sire  ! hurle Pierre d’Auvilliers, rendez-vous ou vous estes mort.
    – Donc , répond le captal, es-tu gentilhomme ? Car pour mourir, je ne me rendroye que à un gentilhomme.
    – Gentilhomme suys-je, fils de chevalier et de dame !
    Alors Grailly se rendit. C’était au cœur de la nuit du 22 au 23 août 1372.
    Peu après cette capture, une discorde éclata entre les Français et les Espagnols à propos du captal. Tous prétendaient l’avoir pris. Les frères de Montmor eurent le dessus. Il demeura sous leur garde en pleine mer, dans les eaux d’Oléron, sur une nef occupée par 80 mariniers et 20 arbalétriers.
    La Rochelle étant redevenue française (8 septembre), les prisonniers de Soubise y furent transférés. Ils y demeurèrent jusqu’au 8 octobre Ensuite, ils furent internés au château de Saint-Maixent jusqu’en fin du mois de novembre. Jean de Grailly savait la Guyenne perdue.
    Il prit le chemin de Paris derrière les ducs de Berry, de Bourgogne et de Bourbon, eux-mêmes derrière Bertrand Guesclin. Ils avaient reçu, le 20 novembre, la soumission des barons du Poitou. Ils furent à Paris le 11 décembre.
    Charles V accueillit le prisonnier sans hautaineté mais sans sympathie. Il fut enfermé au Temple et placé sous la garde du grand prieur de France. Il espérait une mise à rançon. Le roi y mit une condition inacceptable pour un homme tel que le captal.
    Les mois passèrent. Et les années. Le captal recevait quelques visiteurs. Il ne se plaignait que d’une chose : qu’en ne le prenant pas à finance, on ne lui faisait pas le droit d’armes dû à un chevalier capturé en servant loyalement son seigneur. Ce n’était point ainsi que le roi d’Angleterre avait agi avec Guesclin et les autres seigneurs de France. On le faisait mourir et perdre vilainement son temps.
    Charles V, cet impotent qui ne comprenait rien à la Chevalerie, restait sourd à tout ce qu’on lui disait de son prisonnier. Après la paix de Bruges, en septembre 1375, Édouard III et le Prince Noir offrirent de l’échanger contre le comte de Saint-Pol-Valerant et trois ou quatre gentilshommes. Une grosse rançon accompagnerait cet échange. Les chevaliers français s’émurent et Pierre d’Auvilliers ne se gêna pas pour claironner qu’il regrettait d’avoir capturé un tel homme.
    Le sire de Coucy proposa une solution : que Jean de Grailly jurât qu’il ne s’armerait jamais contre la France. Le captal répondit que jamais il ne ferait un tel serment.
    Le Prince Noir ne décolérait pas. Sa fureur contre le roi de France hâta sa fin. Il expira le 8 juin 1376. Quand Jean de Grailly apprit sa mort, il fut pris, écrit Froissait, « d’une petite maladie frénèsieuse, et ne volait ne boire ne manger. Si, affaibli de corps durement, il entra en une langueur qui le mena jusqu’à la
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