La couronne et la tiare

1364, les reines Jeanne et Blanche s’entremirent pour instaurer la paix entre la France et la Navarre. Le captal était leur conseiller. Pour s’attacher Jean de Grailly, Charles V le délivra de sa rançon, lui donna, moyennant l’hommage, le château de Nemours et ses dépendances. Ce rapprochement avec la France était dû à un accès de mauvaise hu meur : le captal en voulait à Édouard III de n’avoir par accepté son échange avec le duc de Berry. Quand le prince de Galles, son ami, lui eut reproché sa conduite, Jean de Grailly retourna son hommage au roi de France. Dès lors, son attachement à l’Angleterre fut indestructible.
    Il fut un des meilleurs à Najera. Le 3 avril 1367, au soir d’une bataille qui replaçait le roi Pèdre sur le trône de Castille, ce fut à sa garde que l’on confia Guesclin prisonnier. De retour à Bordeaux, Jean Chandos et le captal contribuèrent à décider le Prince Noir à mettre Guesclin à forte rançon. La réunion des corps d’armée avait eu lieu à Dax. Il y avait été rejoint par Jean de Grailly, les sires d’Albret et de
    Clisson et leurs guerriers. Le lundi 15 février, le premier corps anglais avait passé les défilés conduisant en Espagne sous le commandement du duc de Lancastre, suivi le lendemain par le deuxième corps commandé par le prince Édouard et don Pèdre, et le surlendemain par le troisième corps où se trouvaient le comte d’Armagnac, Bernard d’Albret, le sire de Mussidan, Perducas d’Albret, le bourg de Verteuil, le bourg Camus, Naudon de Bagerant, Bernard de la Salle et Lamit. Ces derniers s’arrêtèrent dans la vallée de Pampelune où le ravitaillement était assuré. Ils furent suivis par le captal et le seigneur d’Albret qui amenaient chacun 200 soudoyers.
    Après Guesclin, Clisson
    Sentait-il la mort approcher ? Le 6 mars 1368, le captal fit son testament. Il n’avait que 37 ans.
    Dans le courant de l’année 1368, comme lieutenant de Charles le Mauvais, il défendit la Normandie contre les Compagnies. En effet, et contrairement aux espérances de Charles V, les hordes répandues sur l’Espagne étaient revenues en France. Afin de les détruire, une alliance fut scellée entre le roi de France, le captal et Olivier de Clisson. Elle fut sans grand effet sur le terrain. Son seul résultat fut l’admiration que Charles V éprouva pour Clisson.
    Le 27 mars 1369, le prince d’Aquitaine récompensa son favori en lui faisant donation du comté de Bigorre moyennant un faucon et un tiercelet pour toute redevance annuelle, cependant que la guerre recommençait et que le prince, atteint d’un mal incurable, s’en vengeait en ravageant tout ce qu’il pouvait. Il commandait de sa litière et sa rage venait aussi, peut-être, du fait que son épouse, la belle et frivole Jeanne, commençait à le trouver répugnant. Audley, le fidèle lieutenant, trépassa à Fontenay-le-Comte ; Chandos fut tué au pont de Lussac, le 31 janvier 1370 : le captal resta seul à devoir affronter Guesclin rentré en France après avoir replacé Enrique de Trastamare sur le trône de Castille.
    Jean de Grailly fut fait connétable d’Aquitaine et Thomas de Percy sénéchal du Poitou. Le duc d’Anjou attaqua La Linde et Limeuil que Tonnet de Badefol décidait de livrer. Accouru de Bergerac, le captal tua le traître au moment où il négociait avec les Français (août 1370).
    Lors de l’affreux et sanglant siège de Limoges (14-19 septembre 1370), le captal fit prisonnier Roger de Beaufort, frère de Grégoire XI. Comme frappé d’une céleste punition pour les crimes qu’il avait commis, le Prince Noir, malade et se sachant perdu, fut contraint (janvier 1371) de regagner l’Angleterre. Le duc de Lancastre le remplaça. Il prit Montpont avec l’aide du captal et lui offrit la forteresse. Et comme le Pape, furieux que l’on eût capturé son frère, exigeait sa libération auprès d’Édouard III, le captal consentit à le lui restituer. La rançon fut si énorme que le Saint-Père, pour la payer, dut mettre une dîme sur les églises. Il mourut avant qu’elle eût été entièrement acquittée.
    La fin de l’année 1371 fut marquée par la prise de Mon-contour, que Guesclin ne put secourir. Lancastre repartit pour l’Angleterre, Pembroke le remplaça. Le captal fut chargé de défendre Bordeaux et les marches de Gascogne.
    Les Anglais sentaient venir la fin de leur règne en Aquitaine. Pembroke arriva sur le continent avec des