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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
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bons ou mauvais, il a l’intention de faire monter son fils sur le trône d’Écosse.
    — Pourtant, répliqua Corbett, si le prince Édouard épouse effectivement Marguerite, cela réglera la question de façon pacifique.
    Burnell eut un petit grondement de dédain.
    — Pour l’amour de Dieu et de son Fils ! s’exclama-t-il. Vous êtes allé en Écosse, Hugh ! Vous avez vu Wishart, les Bruce, les nobles écossais. Croyez-vous vraiment qu’ils laisseront un prince anglais s’emparer de la couronne écossaise ? Pensez-vous que Lord Bruce va y renoncer comme une nonne renonce à tous ses biens en entrant au couvent ? Ce n’est pas tout. La princesse Marguerite n’a que trois ans, et le fils d’Édouard est encore plus jeune. La cour d’Écosse sait qu’il faudra des années avant que l’un ou l’autre monte sur le trône, et qui sera leur régent ?
    Burnell sourit.
    — Nul autre que notre redouté souverain, Édouard d’Angleterre, qui ne restera pas les bras croisés. Il bâtira des châteaux forts anglais, garnira des places fortes écossaises de troupes anglaises, placera barons, hommes d’Église et clercs anglais aux postes de responsabilité. Non, conclut Burnell, j’ai longuement réfléchi. L’assassinat d’Alexandre III va conduire à la mort de la princesse Marguerite, à la mort de centaines, voire de milliers d’Anglais et d’Écossais et, au bout du compte, nous serons vaincus.
    Corbett pensa aux visions qu’il avait eues dans le village picte et aux paroles prophétiques de Thomas de Learmouth.
    — Eh bien, dit Burnell en se levant, vous avez bien travaillé, Hugh. L’affaire est entre mes mains, à présent. Vous, vous devez retourner immédiatement à Londres rejoindre votre poste. Je vous verrai avant votre départ.
    Le vieil évêque, se parlant à voix basse, sortit de la pièce en traînant les pieds. Corbett resta à regarder par la fenêtre. Le soleil avait disparu, un vent fort s’était levé. Au-delà de la Tweed, il vit des nuages noirs d’orage s’amonceler au-dessus de l’Écosse. Des images s’imposèrent à lui : la chute mortelle et solitaire d’Alexandre III, roi d’Écosse, silhouette obscure sur fond de nuit ; le regard rusé de Wishart, la puissance et la fureur de Lord Bruce. Puis à nouveau, les vers de Thomas de Learmouth lui revinrent en mémoire et il comprit que les prophéties disaient vrai. Les vertes collines en contrebas se couvriraient de sang avant que l’assassinat d’Alexandre III, la mort de l’Oint du Seigneur, fût effacé de la face du monde. Son meurtre devrait être expié avant que sa couronne puisse échapper aux ténèbres grandissantes.

CHAPITRE XIX
    Au château d’Édimbourg, John Benstede, clerc et émissaire spécial d’Édouard d’Angleterre, s’apprêtait également à conclure sa mission. Ses colis et malles aux compartiments secrets pour lettres, rapports, comptes et autres papiers d’affaires, avaient été descendus par Aaron et chargés sur les poneys de bât qui attendaient dans la cour. Benstede jeta un regard circulaire sur la pièce froide aux murs de pierre. Il ne laissait rien et était, au fond, heureux de partir. Il avait déjà rendu visite à l’évêque Wishart pour le remercier de son hospitalité et avait été légèrement surpris par ses effusions chaleureuses. « Trop affable », pensa Benstede en se demandant si l’évêque avait eu vent des révélations de Corbett. Il s’assit lourdement sur la paillasse et — pour la énième fois — maudit à voix basse la curiosité du clerc anglais. Il avait déjà entendu parler de Corbett, un homme secret, ambitieux et impitoyable, mais, conclut-il, qui avait une conscience, le genre d’individus à qui l’on ne devrait pas permettre de se mêler des affaires d’État. Il y avait un temps pour tout, et entre autres pour la conscience, mais pas pour ce qui concernait les graves questions surgissant entre différents rois ou pays. « Vraiment, songea Benstede, quelle importance si quelques individus meurent pour que la paix soit maintenue, et pour que l’ordre instauré en Angleterre par Édouard le soit sur le territoire tout entier, comme à l’époque romaine ? »
    Benstede vénérait Édouard. Il voyait en lui l’incarnation de ce qui était juste et bon chez un chevalier et un roi. Il avait lu les romans arthuriens, répandus par les ménestrels et les troubadours de France et d’Angleterre, et pensait que s’ils disaient
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