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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
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vrai, Édouard était alors la réincarnation d’Arthur. Le roi anglais avait apporté la paix et l’ordre au pays de Galles, construit des routes, favorisé le commerce, pansé les blessures de la guerre civile et, grâce à ses parlements, fait du royaume et de la communauté de la nation une organisation soudée et cohérente. Benstede aimait l’ordre, détestait le chaos. Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place. En tant que médecin, il avait vu les ravages de la maladie sur le corps humain. Comme l’avait dit saint Augustin : « Le royaume est un corps ; les maladies sont toujours prêtes à surgir, le pus et les humeurs à se répandre dans chaque membre et, en provoquant l’infection, à transformer le tout en rien. » L’Écosse, sous un mauvais roi, pouvait devenir un bubon ou un chancre pour l’Angleterre. A maintes reprises, Édouard avait confié à Benstede son rêve de non seulement reconstituer l’empire d’Henri Plantagenêt {15} mais de l’agrandir. Il faudrait conquérir le nord de la France, annexer le pays de Galles et l’Irlande et soumettre l’Écosse. Le royaume du mystérieux Arthur devrait être reconstitué en une union harmonieuse sous l’autorité d’un seul homme. Édouard prêtait particulièrement attention à l’Écosse, soulignant que le royaume sur sa frontière nord représentait la menace la plus grave pour l’Angleterre. Une Ecosse hostile risquait d’apporter la guerre et la dévastation dans les comtés du Nord, dont les régions frontalières étendues étaient peu protégées et les côtes vulnérables. En 1278, Édouard avait tenté d’obliger Alexandre à reconnaître le roi anglais comme son suzerain. Alexandre avait refusé et insulté publiquement Édouard, qui n’avait ni oublié ni pardonné ce geste. Mais le roi anglais s’était montré patient. Il avait oeuvré avec trop d’acharnement pour se permettre de perdre l’Écosse ; il avait même sacrifié sa soeur bien-aimée pour l’obtenir, mais cela n’avait été que pour voir ses neveux, les fils d’Alexandre, mourir dans des circonstances mystérieuses. Édouard s’était souvent demandé, en présence même de Benstede, si les garçons n’avaient pas été, en fait, tués par les Français ou par des factions hostiles aux Anglais. Pourtant, Édouard avait été ravi de voir que le monarque écossais restait sans enfants, car si ce dernier était mort sans héritier, Édouard aurait fait valoir ses droits en arrangeant un mariage entre son propre fils, encore enfant, et Marguerite, la princesse de Norvège, et aurait ainsi imposé sa loi depuis la Cornouailles jusqu’au bout de l’Écosse. C’en aurait été fini des pillages et des guerres le long des marches du Nord, ainsi que du danger de voir un roi ou un prince étranger se servir de l’Écosse comme d’une poterne dans le flanc de la forteresse Angleterre.
    C’est ce dont avait rêvé Édouard, mais Alexandre et Philippe de France, ce conspirateur intrigant, avaient prouvé leur intention de changer le cours des choses. Les espions anglais en Écosse avaient signalé une augmentation du nombre d’envoyés de Paris, et les Anglais avaient été horrifiés d’apprendre que Philippe avait réussi à convaincre Alexandre d’épouser cette harpie capricieuse de Yolande. Craignant le pire, Édouard avait immédiatement envoyé Benstede en Écosse pour voir ce qui allait se passer. D’abord, Benstede avait cru qu’il ne pouvait rien faire à part observer et expédier des rapports ; il avait imaginé nouer une alliance secrète entre Édouard et le clan des Bruce, mais s’était rendu vite compte que, malgré leur ambition démesurée, les Bruce ne comploteraient jamais contre le roi écossais, juste pour offrir la couronne à Édouard. Son intérêt s’était alors porté sur Alexandre III et sa nouvelle reine, et il avait eu peine à croire en sa chance lorsqu’il avait découvert que les relations entre le roi et sa jeune épouse étaient loin d’être harmonieuses. Benstede était prêt à laisser la situation telle quelle, ou même à encourager secrètement le roi à rompre avec son épouse en l’aidant à obtenir du pape un décret de divorce pour non-consommation de mariage. Cela aurait pris des années car le pape était sous la coupe des Français et n’aurait pas facilement accordé une annulation qui aurait certainement été une insulte pour la Cour de France. Mais une fois de plus, comme
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