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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
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anglais ou écossais, n’oserait attaquer un homme se trouvant sous la protection de l’abbaye de Holy Rood !
    Corbett sourit et étreignit le prieur, sentant les épaules fragiles et osseuses sous l’habit de futaine gris.
    — Il est certain qu’avec ces sauf-conduits et les hommes de Sir James qui m’attendent sûrement devant le portail, je voyagerai en toute sécurité !
    Il serra les mains du prieur dans les siennes et fit ses adieux. Puis, accompagné d’un Ranulf soulagé et des deux frères lais, il sortit rapidement d’Édimbourg et se dirigea vers le sud-est, vers la frontière anglaise. En arc de cercle, comme une ombre démesurée, le suivaient les hommes de Sir James Selkirk, chargés de s’assurer que ce trouble-fête de clerc anglais quittait bien l’Écosse.
    Ils franchirent les collines de Lammermuir parées de leurs plus belles couleurs d’été. Chênes, pins et hêtres couvraient les hauteurs et les escarpements dont les flancs étaient creusés et sillonnés par d’étroites rivières poissonneuses. Corbett était serein, en paix, après avoir laissé derrière lui les sombres intrigues d’Édimbourg. Il avait conscience de la présence de l’escorte, mais elle se tenait à distance convenable. Peu chargés, ils voyageaient vite. La nuit, ils s’abritaient sous des arbres ou dans les étables ou les granges des fermes et des bergeries isolées. Quatre jours après leur départ d’Édimbourg, leurs chevaux contournaient la masse sombre de Berwick et traversaient la Tweed avec force éclaboussures pour arriver en Angleterre.
    Sous l’énorme donjon normand du château de Norham, bâti sur un éperon rocheux au-dessus de la rivière, Corbett fit ses adieux aux frères lais et gravit le promontoire jusqu’à la forteresse. Le connétable, officier aux cheveux drus et grisonnants, l’attendait dans la cour, entouré de soldats portant les armoiries du chancelier.
    — Messire Corbett, clerc à la Cour royale de justice ? aboya-t-il.
    — Lui-même, répondit Corbett en mettant pied à terre. Le chancelier est-il là ?
    — Oui, il vous attend. Veuillez m’accompagner.
    Corbett envoya Ranulf se reposer et suivit le connétable dans l’impressionnant donjon.
    Il fut accueilli à l’entrée de la salle de réception par le grassouillet chancelier, qui, la respiration sifflante, essuyait constamment, de ses douces mains molles, sa tête complètement chauve. Après avoir remercié le connétable, Burnell escorta lui-même Corbett dans la salle vide et austère, une pièce lugubre, couverte d’une charpente et dotée de murs en granit, d’une cheminée en pierre et de longues baies ovales. Il y avait peu de meubles : une grande table de chêne, de lourdes chaises comme des stalles d’église et d’immenses coffres cerclés de fer. Un plateau avec un pichet de vin et de simples gobelets de grès se trouvait sur la table. Burnell en remplit deux et fit signe à Corbett.
    — Venez, Hugh ! Comme c’est bon de vous revoir ! Allons nous asseoir sur le banc, près de la fenêtre, pour profiter de la brise ! L’endroit idéal pour surveiller à la fois l’Ecosse et l’Angleterre ! Vous avez reçu mes lettres ? J’ai eu les vôtres ! ajouta-t-il sans attendre la réponse de Corbett.
    Le clerc s’installa et, sur la prière du chancelier, raconta tout, sans rien omettre. Il ne se laissait pas abuser par l’embonpoint flasque de l’évêque, assis à ses côtés, il savait que rien n’échapperait à son esprit aussi aiguisé qu’un rasoir. L’évêque, sirotant son vin, écouta le clerc, ne l’interrompant que pour poser une question précise ou faire un bref commentaire. Dehors, une linotte virevoltante chanta, comme ivre de sa propre splendeur, dans le ciel doré, noyé de soleil. Corbett s’arrêta de parler pour l’observer un peu avant de conclure tranquillement :
    — Voilà ! J’en ai fini ! Dites-moi à présent, pourquoi ai-je été envoyé là-bas ?
    Burnell s’éclaircit la gorge.
    — D’abord, expliqua-t-il, n’ayez aucune inquiétude au sujet de Benstede. Je connais l’évêque Wishart et suis convaincu que Benstede ne quittera pas l’Ecosse vivant. En ce qui concerne les Écossais, je doute fort que vous reveniez jamais dans leur pays, mais je dissimulerai vos activités au roi. Après tout, dit-il avec un sourire aigre, j’ai autant à perdre que vous, et c’est pour cette raison que j’ai pris grand soin d’intercepter toutes
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