Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
contraire, continua Wishart, cela provoquerait une levée de boucliers et menacerait une paix déjà fragile.
    Il s’interrompit et regarda attentivement le clerc.
    — Et, bien sûr, je ne parle même pas de la réaction de votre maître, le roi Édouard d’Angleterre. Je veux bien accepter le fait que Benstede ait agi de sa propre initiative, mais j’ai des soupçons. Si cette affaire éclatait au grand jour, vous n’auriez guère droit à la reconnaissance de votre monarque ! Vous ne pourriez pas retourner en Angleterre et vous deviendriez persona non grata ici !
    — Et Benstede ? l’interrompit amèrement Corbett. Le régicide qui a assassiné l’Oint du Seigneur, sans parler de quatre hommes dont le sang crie vengeance et réclame justice !
    — » C’est moi qui ferai justice, dit le Seigneur. C’est moi qui rétribuerai ! » cita l’évêque d’une voix apaisante, non mécontent de remettre le clerc à sa place.
    — Eh bien ! La rétribution se fait attendre ! répliqua Corbett, acerbe.
    Mal à l’aise, l’évêque s’agita sur le banc de bois dur.
    — Ce n’est pas Benstede, dit-il d’un ton tranchant, qui est dangereux ; c’est vous, Messire Corbett, avec votre passion pour les faits concrets et votre don pour découvrir la vérité ! La vérité est souvent source de souffrance et cet acharnement à vouloir tout percer à jour n’apporte rien de bon ! Quelles sont vos raisons ? demanda Wishart. En quoi cela vous concerne-t-il ?
    — Je ne sais pas, admit Corbett. On m’a donné des ordres et je les ai suivis. Peut-être en connaîtrai-je le pourquoi un jour !
    — Mais pas ici ! répliqua Wishart avec fermeté. Vous devez partir ! Sous quarante-huit heures, vous et vos serviteurs devrez avoir quitté Édimbourg et être sur la route de notre frontière sud. Sinon, vous serez arrêté pour haute trahison !
    Corbett se dressa, rouge de colère :
    — C’est vous, surtout, Monseigneur, qui voulez que je parte ! Vous savez que je connais toute la vérité !
    Il pointa un doigt accusateur sur le visage de l’évêque.
    — Vous saviez que le roi avait été assassiné. Comment, pourquoi, par qui, vous l’ignoriez peut-être, mais, de toute façon, vous n’avez rien fait ! Chaque fois que vous me regardiez, vous vous rappeliez votre propre duplicité !
    Wishart se leva et alla jusqu’aux marches du choeur, s’efforçant de maîtriser son courroux.
    — Oui, dit-il avec colère, je le savais, mais je n’avais aucune preuve, aucun indice et, même maintenant, je ne peux rien faire ! Rien du tout ! Allez-vous-en à présent, Messire !
    Corbett s’inclina et marmonna quelque chose.
    — Qu’est-ce ? lança l’évêque d’un ton brusque.
    — Un verset des Psaumes, Monseigneur : « Ne vous fiez pas aux princes ! »
    L’évêque soupira.
    — Revenez, Messire ! Revenez ! Écoutez !
    Il s’approcha de Corbett.
    — Je ne peux rien faire. Je retiens l’Écosse au bord de la guerre civile. Le roi est mort, assassiné certes, mais rien ne lui rendra la vie ! Pourtant, ajouta-t-il amèrement, si un accident peut arriver à un souverain écossais, il peut aussi frapper un envoyé anglais. Je vous donne l’assurance que Benstede et son serviteur ne quitteront jamais l’Ecosse vivants.
    Wishart étendit ses mains comme pour une bénédiction.
    — Que puis-je faire de plus ? dit-il doucement. Excepté vous fournir une escorte jusqu’à la frontière ?
    — Ah si, il y a autre chose !
    Corbett se rappela Joan Taggart et sa progéniture affamée et apeurée.
    — Il y a une femme, la veuve du passeur qu’a tué Benstede ; elle habite près de Queensferry et ses enfants et elle n’ont pas de quoi manger.
    — Vous avez ma parole, le rassura l’évêque, qu’on prendra soin d’eux. Bien, poursuivit-il énergiquement, vous devez vous en aller dans les quarante-huit heures.
    Corbett esquissa un salut et quitta le vieil évêque, l’écho de ses pas résonnant dans la petite chapelle déserte.
    Le prieur et les moines furent désolés de voir Corbett partir si brusquement. Ils s’étaient habitués à ses façons excentriques et énigmatiques, à ses soudaines et mystérieuses allées et venues et aussi à l’aide qu’il leur apportait au scriptorium et à la bibliothèque.
    — Vous nous manquerez, Hugh, dit le prieur. Nous vous souhaitons bon voyage. Deux frères lais vous accompagneront avec des sauf-conduits. Aucun ennemi,
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher