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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
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plus de pommes que Seton. Ce sont les gants qui l’étaient, ceux que vous lui avez offerts. Vous êtes médecin, Messire Benstede. C’est vous-même qui me l’avez dit. Vous vous y connaissez en simples, poisons et antidotes depuis vos études à Salerne, en Italie. Vous avez simplement fait enduire ces gants d’un poison mortel et avez attendu que Seton les porte.
    — Un malade, porter des gants ? hurla Benstede.
    — Un homme qui s’ennuyait et ne se sentait pas trop bien, reprit Corbett. Il les aura essayés ou, du moins, touchés. Vous ou votre serviteur, Aaron, y aurez veillé, lors de vos visites.
    — Alors où se trouvent ces gants ? railla Benstede.
    — Oh, vous les avez fait disparaître ! J’ai examiné la liste des biens et possessions ayant appartenu à Seton. Il n’y était fait mention d’aucun gant. Je suis sûr que vous les avez repris. Le reste est assez simple, poursuivit Corbett. Le poison passa sur les mains de Seton et agit rapidement lorsqu’il mangea. Vous avez dit, fort justement, qu’un poison laisse peu de traces sur un cadavre, mais il en ralentit la décomposition, et c’est ce que j’ai remarqué lorsque je fis ouvrir la tombe de Seton, dans le cimetière de St Giles. Bien sûr, continua-t-il avec force, vous vouliez supprimer tout obstacle à votre plan, y compris moi. A mon arrivée en Écosse, vous vous êtes méfié de moi immédiatement ; vous m’avez donc montré le brouillon de votre lettre adressée au roi Édouard. Vous vouliez savoir si c’était lui-même qui m’avait envoyé ici, et c’est pour cette raison que vous y mentionniez mon nom. Si j’avais soulevé la moindre objection, vous auriez su à quoi vous en tenir. Et même alors, le roi, intrigué et curieux, aurait probablement ordonné à Burnell de me rappeler. Je suppose, en fait, que le chancelier a intercepté votre lettre, et si le roi apprend quand même que je me trouve en Écosse, Burnell inventera certainement une explication satisfaisante et vraisemblable. Naturellement, ajouta Corbett, vous avez eu peur en me voyant m’intéresser à la mort d’Alexandre, alors vous avez fait intervenir ce vieil imbécile de médecin royal, Mac Airth. Il avait examiné le corps, mais rien trouvé d’anormal. Vous pensiez qu’il apaiserait mes soupçons. Il n’en fit rien, au contraire ! Les bavardages de ce vieux fou, emporté par son orgueil et de bonnes rasades de vin, ne firent qu’exciter ma curiosité. Mais vous aviez décidé que j’étais trop dangereux bien avant cela. Le soir où le Conseil organisa un banquet dans la grand-salle du château, vous ou Aaron avez profité de la rixe qui avait éclaté pour tenter de m’assassiner. Vous n’avez jamais bu de drogue, je suppose, Messire Benstede ; moi non plus, jusqu’à ce que j’arrive en Écosse.
    Corbett regarda le visage terreux de Benstede, mais poursuivit implacablement :
    — On m’a donné un philtre à boire, à des milles d’ici, dans un endroit où vous vous sentiriez comme chez vous. Sous son influence, je me suis revu près d’une colonne à ce banquet et je me suis souvenu des regards noirs que me lançait Aaron dans la foule. Je sais à présent qu’il a essayé de me tuer. Puis, quand vous m’avez vu parler à Erceldoun, vous avez décidé qu’il mourrait. Tout comme vous avez tenté par quatre fois de m’assassiner.
    — C’est absurde ! l’interrompit Benstede. Erceldoun était un soldat. Il a été étranglé, garrotté dans St Giles ! Personne ne peut croire que j’aurais eu la force de tuer un tel gaillard, même avec Aaron pour complice, comme vous le sous-entendez.
    — Vous avez raison, répliqua Corbett en souriant. Le rapport du coroner dit qu’Erceldoun allait à St Giles voir un prêtre. Vous êtes ce prêtre, Messire Benstede, un ami du défunt Patrick Seton. Erceldoun ne s’attendait pas à mourir de vos mains. Le malheureux est entré dans St Giles où vous l’attendiez devant le choeur. Peut-être avez-vous dit que vous vouliez lui parler des événements qui s’étaient déroulés à Kinghorn Ness ? Peut-être lui avez-vous suggéré de prier pour le roi défunt ou l’infortuné Seton ? Erceldoun se sera agenouillé, les yeux fermés, et vous aurez commencé à prier à haute voix tout en lui passant le garrot autour du cou. Il ne vous aura pas fallu longtemps. Quand j’ai ouvert la tombe, j’ai examiné la trace et remarqué les ecchymoses rondes causées par cette
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