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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles
Autoren: Michel Zévaco
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il allait renoncer à sa faction lorsqu’il vit quelqu’un sortir de la maison. Ce quelqu’un, aux yeux d’un observateur quelconque, eût passé pour un jeune cavalier.
    Il reconnut une femme.
    C’était, en effet, Madeleine Ferron qui venait s’assurer, comme on l’a vu, que les environs étaient tranquilles.
    Il s’apprêta à suivre le cavalier, ou la femme.
    Mais elle rentra tout à coup dans la maison.
    – Il faut attendre encore ! pensa Le Mahu. Toute la nichée doit être au nid, et je suis sûr qu’elle ne va pas tarder à s’envoler.
    En effet, dix minutes plus tard, une lumière se montra.
    – Voici nos gens ! murmura Le Mahu.
    Il vit sortir le jeune cavalier, puis deux femmes et deux hommes.
    A cinquante pas derrière Spadacape, qui formait l’arrière-garde de la petite troupe, Le Mahu se mit à marcher prudemment, se dissimulant le long des arbres tant qu’on fut loin des rues, et le long des maisons lorsqu’on fut en plein Paris, se jetant ventre à terre toutes les fois qu’il voyait s’arrêter la haute silhouette de Spadacape.
    Lorsqu’on arriva rue Saint-Denis, Alais Le Mahu changea de tactique.
    Il s’avança au milieu de la chaussée en chantant une chanson à boire.
    Et il dépassa ainsi d’abord Spadacape, puis Ragastens escortant les deux femmes.
    Le plan de Le Mahu était d’essayer de voir au moins l’un de ces visages. Il vit bien Spadacape et Ragastens…
    Mais ils lui étaient complètement inconnus.
    Quant aux deux femmes, elles étaient si bien encapuchonnées qu’il était impossible de distinguer leurs traits.
    Un coup de vent décoiffa tout à coup les deux femmes, au moment où la petite troupe passait dans la zone de lumière qui sortait de la devanture d’un cabaret.
    Le Mahu, qui entonnait à tue-tête le quatrième couplet de sa chanson à boire, s’arrêta court, saisi.
    Déjà les deux femmes avaient replacé leurs capuchons.
    Mais Le Mahu avait reconnu l’une d’elles.
    Il se mit à tousser fortement, comme s’il eût voulu expliquer l’arrêt de son couplet, puis recommença à chanter, et bientôt disparut en avant.
    – La petite duchesse ! dit-il en lui-même. C’est la petite duchesse ! Le joli petit oiselet que j’avais conduit en cette fort vilaine cage, par ordre de M me d’Etampes ! Ah ! ça, elle s’est donc sauvée ? Morbleu ! voilà qui prend bonne tournure, il me semble !
    Ayant dépassé à son tour Madeleine Ferron, Le Mahu se contenta de garder une avance suffisante pour ne pas perdre de vue ceux qu’il
filait
ainsi. Le mot filer n’est pas de l’époque, sans doute, mais il rend très bien le genre d’espionnage auquel se livrait Le Mahu.
    Tout à coup, il les vit disparaître dans une grande belle maison d’aspect bourgeois et presque seigneurial.
    Il revint alors sur ses pas, nota soigneusement la maison qui était d’ailleurs très facile à reconnaître.
    – C’est ici le gîte définitif, murmura-t-il. Je comprends tout. L’homme qui accompagne les deux femmes est un parent, un frère peut-être de la petite duchesse de Fontainebleau. C’est lui qui l’a enlevée de la rue des Mauvais-Garçons, de chez la Margentine. Le roi l’a vue par hasard dans la maison des Tuileries. Mais il y avait une cachette dans la maison. Et maintenant, c’est ici qu’ils vont se cacher. Bonne chasse, par tous les diables !
    Et Le Mahu, tout joyeux, prit grand train la direction du Louvre. Chemin faisant, le bandit réfléchissait à ce qu’il devait faire.
    – Dois-je prévenir la duchesse d’Etampes ? Dois-je prévenir le roi ? Lequel des deux maîtres vais-je choisir ?
    En arrivant au Louvre, Le Mahu était décidé à tout dire au roi. Sans compter qu’il saurait bien mettre à profit le moment de bonne humeur que la nouvelle apportée par lui procurerait au roi.
    Le Mahu était officier subalterne.
    Il discuta avec lui-même s’il demanderait une somme d’argent ou un grade. Il se décida pour l’argent.
    On a pu voir déjà que Le Mahu était un esprit très pratique.
    En arrivant au Louvre, il trouva qu’il se faisait un étrange remue-ménage. Plusieurs compagnies d’arquebusiers se rangeaient dans la grande cour à la lueur des falots que portaient des laquais.
    Dans les écuries, on sellait les chevaux.
    Un grand nombre de seigneurs de la cour étaient déjà à cheval en tenue de guerre, c’est-à-dire cuirassés, l’estramaçon battant les flancs de leurs montures.
    Le grand prévôt,
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