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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles
Autoren: Michel Zévaco
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isolé, immobile, assistait sans mot dire à tous ces préparatifs.
    Le Mahu se dirigea vivement vers les appartements du roi.
    – Je veux parler à Sa Majesté, dit-il à Bassignac.
    – Comme cela ? Sans demander audience ?
    – C’est une nouvelle importante que j’apporte au roi.
    – Dites-la moi et je la transmettrai à Sa Majesté.
    – Non, dit-il. Je garde ma nouvelle.
    Et Le Mahu tourna les talons.
    Il se disait qu’il trouverait bien le moyen de parler au roi, qui devait monter à cheval pour assister à l’attaque de la Cour des Miracles…
    – Donner ma nouvelle ! grondait-il. Je donnerais plutôt ma main au bourreau ! Alors, c’est moi qui aurais pris toute la peine, et c’est Bassignac qui en profiterait ? Car je connais le roi. Dès qu’il saura la chose, il jettera une chaîne d’or quelconque à celui qui l’aura prévenu et il ne pensera plus à lui !
    Vers onze heures, il se fit un grand mouvement dans la cour du Louvre.
    Les compagnies défilèrent silencieusement.
    Chaque officier venait prendre les ordres de Monclar qui, penché sur le cou de son cheval, donnait à chacun des indications précises.
    Le roi parut tout à coup, entouré d’une dizaine de ses favoris. Il se mit en selle.
    Près de lui, le grand prévôt attendait.
    – Quand vous voudrez, monsieur, dit le roi.
    – Nous sommes prêts, sire.
    Le roi fit un geste, et se mit en route, causant avec La Châtaigneraie qui était à côté de lui.
    Le Mahu avait sauté sur son cheval, et pris la suite, à la queue de l’escorte des seigneurs.
    Mais lorsqu’on eut franchi la porte du Louvre, il prit le trot, et s’avançant, s’arrêta à la hauteur du roi.
    – Que veut cet homme ? dit François I er .
    – Sire, s’écria Le Mahu, j’apporte à Votre Majesté des nouvelles de l’enclos des Tuileries.
    Le roi eut un tressaillement.
    Il fit un geste, et ceux qui l’entouraient demeurèrent quelques pas en arrière.
    – Viens ça, dit-il à Le Mahu.
    Celui-ci se plaça près du roi.
    – Parle, fit le roi d’un ton bref.
    – Sire, dit Le Mahu, je sais où se trouve la duchesse de Fontainebleau.
    – Qui es-tu ? dit François I er en pâlissant.
    – Un pauvre officier obscur, perdu au plus bas de l’échelle, sire !
    Et il ajouta avec impudence :
    – Mais j’espère que Votre Majesté daignera ne pas oublier le pauvre diable qui s’est dévoué…
    Le roi regarda avec dégoût cet homme qui, avec une pareille grossièreté, réclamait sa récompense.
    – Qu’as-tu fait ? demanda-t-il.
    – Voici : lorsque tout le monde a eu quitté la maison de l’enclos des Tuileries, j’ai eu l’idée de rester, moi !
    – Ah ! ah !… Et tu as vu quelque chose ?
    – J’ai vu sortir de cette maison cinq personnes : trois femmes et deux hommes. L’une des trois femmes était déguisée en cavalier. De ces trois femmes, je n’en connais qu’une. Quant aux deux hommes, je ne les connais ni l’un ni l’autre.
    – Et celle que tu connais ?
    – Je la connais pour avoir eu l’honneur de l’apercevoir étant de garde à la porte de la grande salle des fêtes : c’est M me la duchesse de Fontainebleau.
    – Tu es sûr ?
    – Aussi sûr que j’ai l’insigne faveur de me trouver près de Votre Majesté en ce moment, faveur qui comptera dans ma pauvre existence, quand bien même il conviendrait à Votre Majesté d’oublier…
    – C’est bien, je n’oublierai pas… Continue.
    – Eh bien, sire, lorsqu’ils ont quitté la maison des Tuileries, il m’est venu une autre idée : celle de les suivre. Et si Votre Majesté avait par hasard le désir de revoir d’ici une demi-heure M me la duchesse de Fontainebleau, je me charge de l’y conduire.
    Le roi se retourna alors sur sa selle.
    – La Châtaigneraie, dit-il, envoie-moi M. de Monclar.
    – Me voilà, sire, dit le grand prévôt qui chevauchait à deux ou trois rangs en arrière.
    – Monclar, dit François I er , vous ferez établir demain un bon de mille écus de six livres sur mon trésor, au nom de…
    Et il interrogea Le Mahu d’un regard plein de cette insolence qu’il aimait à affecter parfois.
    – Alais Le Mahu, officier aux arquebusiers de Sa Majesté, dit Le Mahu.
    Monclar le regarda avec indifférence.
    – Es-tu content ? reprit le roi.
    – Votre Majesté me comble, fit le bandit.
    Six mille livres étaient en effet pour lui une fortune inespérée. Mais au prix qu’attachait le roi au
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