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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire
Autoren: Conn Iggulden
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protéger les enfants.
    — Il faudra d’abord m’abattre, Khasar.
    Il hésita. La fureur qui l’avait ramené au camp commençait à
se dissiper et il aurait voulu la ranimer pour retrouver la simplicité du désir
de vengeance. Ses yeux croisèrent ceux d’Ögödei et il y lut, en plus du chagrin,
une prise de conscience naissante. Le jeune homme se redressa devant son oncle,
ses mains cessèrent de trembler.
    — Si mon père est mort, alors je suis le khan du peuple
mongol.
    Vidé de sa rage, Khasar se sentit soudain vieux et abattu.
    — Pas avant que tu aies rassemblé les tribus pour leur
faire prêter serment. En attendant, écarte-toi.
    Il supportait mal l’éclat des yeux jaunes de l’héritier de
Gengis. Ils lui rappelaient trop ceux du père et Khasar décela aussi un écho de
la voix de Gengis quand Ögödei répliqua :
    — Tu ne tueras pas mes frères et sœurs, général. Va laver
le sang de ton visage puis tu m’emmèneras voir mon père. Tu n’as plus rien à
faire ici ce soir.
    Khasar baissa la tête et d’un coup le chagrin le submergea, comme
une grande vague sombre. Son sabre lui glissa de la main et Ögödei réagit à
temps pour empêcher son oncle de tomber. Il le tourna vers l’ouverture de la
yourte et sortit avec lui en le soutenant. Börte les suivit des yeux, tremblante
de soulagement.

 
Épilogue
    Tout était nouveau. Les frères et les fils de Gengis ne
portèrent pas le défunt khan dans les collines d’une terre étrangère pour l’abandonner
aux corbeaux et aux aigles. Ils gardèrent son corps oint d’huile enveloppé dans
des draps de lin blanc tandis qu’ils réduisaient le royaume du Xixia à des
ruines fumantes. C’était le dernier ordre de Gengis et ils l’exécutèrent avec
lenteur et application. Pendant une année entière, ils pourchassèrent, massacrèrent
et laissèrent pourrir toute créature vivante de chaque ville et de chaque
village.
    Ensuite seulement, le peuple mongol prit la direction des
plaines gelées et emmena son premier khan dans les monts du Khenti, où il était
venu au monde. L’histoire de sa vie fut chantée mille fois et lue aussi grâce à
la chronique rédigée par Temüge. Il emprisonna les mots sur des parchemins et
ce fut toujours les mêmes qu’il prononça, quel que soit le nombre de fois qu’il
conta l’histoire.
    Ögödei était khan. Il ne rassembla pas les tribus pour leur
faire prêter serment alors que son père gisait encore dans l’huile et le lin. C’était
cependant sa voix qui gouvernait et si son frère Djaghataï voyait d’un mauvais
œil l’accession d’Ögödei au pouvoir, il n’osait pas le montrer. Tous les
Mongols pleuraient Gengis et nul ne songeait à contester après sa mort le droit
qu’il s’était octroyé de choisir son héritier. À présent que sa vie était
achevée, ils se rendaient mieux compte de ce qu’il avait accompli et signifié
pour eux. Son peuple s’était élevé, ses ennemis n’étaient plus que poussière. Rien
d’autre n’avait d’importance au moment de faire le bilan d’une vie.
    Un matin à l’aube, alors qu’un vent glacé soufflait de l’est,
les fils et les frères de Gengis se portèrent en tête du cortège funèbre. Temüge
avait réglé tous les détails de la cérémonie en empruntant aux rites mortuaires
de plus d’un peuple. Il chevauchait avec Khasar et Kachium derrière un chariot
tiré par de superbes hongres qu’un officier de minghaan guidait avec un long
bâton. Derrière lui, sur le chariot, la longue caisse d’orme et de fer semblait
trop petite pour contenir le défunt. Les jours précédents, hommes, femmes et
enfants étaient venus poser une main sur le bois chaud.
    La garde d’honneur se composait de cent hommes seulement, tous
jeunes et aguerris. Quarante jeunes filles les suivaient en poussant des
plaintes à chaque pas pour marquer la disparition d’un grand homme et attirer l’attention
des esprits. Le Grand Khan ne serait pas seul dans les collines.
    Parvenus à l’endroit préparé par Temüge, les frères et les
fils de Gengis se regroupèrent en silence tandis qu’on plaçait la caisse dans
une cavité creusée dans la roche. Ils ne dirent pas un mot quand les jeunes
femmes s’égorgèrent et tombèrent à terre, prêtes à servir le khan dans l’autre
monde.
    Temüge adressa un signe de tête à Ögödei, qui leva lentement
une main et resta longtemps à contempler la dernière demeure de son père. Il
vacillait
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