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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire
Autoren: Conn Iggulden
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chemin. Ils parcoururent plus de huit cents
lieues par un froid hivernal qui ne fit que revigorer les familles rendues
malades par une chaleur incessante. Le Xixia était plus loin à l’est mais
Gengis prenait autant de plaisir au paysage changeant, aux rizières noyées d’eau,
que s’il rentrait chez lui. La chasse devint meilleure et ils dépouillèrent les
terres de tout ce qui bougeait, emportant des troupeaux de yacks et de chèvres
aussi facilement qu’ils incendiaient les villages situés à la lisière de l’empire
Jin.
     
     
    Par un soir doux, alors que le soleil se couchait dans un
ciel sans nuages, Chakahai vint de nouveau dans la yourte du khan. Il fut
content de la voir et elle sentit la force de la vitalité retrouvée qui
habitait Gengis. Il portait une tunique qui laissait ses bras nus, marqués d’un
réseau de cicatrices jusqu’aux doigts.
    Il sourit en voyant le plateau de nourriture qu’elle avait
apporté et le lui prit, huma avec plaisir l’odeur de la viande fraîche. Elle
garda le silence pendant qu’il mangeait avec ses doigts, se détendant après une
longue journée. Ils entendaient autour d’eux la rumeur paisible des yourtes où
des milliers de guerriers partageaient un repas avec leurs femmes et leurs
enfants, reprenaient des forces avant une autre dure journée à cheval.
    Après s’être restauré, Gengis bâilla en faisant craquer sa
mâchoire.
    — Tu es fatigué, dit Chakahai.
    Il tapota le lit à côté de lui et répondit :
    — Pas à ce point.
    Malgré les quatre enfants qu’elle lui avait donnés, elle
avait gardé une silhouette svelte, héritage de sa race. Il eut une brève pensée
pour la taille empâtée de Börte en tendant le bras vers Chakahai et en
tâtonnant pour dénouer sa ceinture. Elle écarta sa main avec douceur.
    — Laisse-moi faire, seigneur, murmura-t-elle.
    Sa voix tremblait mais Gengis ne le remarqua pas. Quand elle
ouvrit deel et tunique pour révéler sa peau blanche, il glissa les doigts sous
le tissu pour la saisir de ses mains puissantes qui s’enfoncèrent dans la chair.
Chakahai eut un léger hoquet qu’il entendit avec plaisir. Leurs souffles se mêlèrent
et elle s’agenouilla devant lui pour lui ôter ses bottes. Il ne la vit pas
tirer de l’une d’elles une longue dague et supposa que si elle frémissait, c’était
à cause de la caresse de ses mains sur ses seins. Il baissa la tête vers les
mamelons dressés dans l’air frais et sentit le goût de jasmin de sa peau.
     
     
    Assis sur leurs chevaux à la lisière du camp, Khasar et
Kachium surveillaient l’immense troupeau qui accompagnait les tumans. D’humeur
légère, les deux frères profitaient de la fin de la journée pour bavarder avant
de retourner auprès de leurs épouses pour le repas du soir.
    Ce fut Kachium qui aperçut Gengis le premier. Il rit de ce
que Khasar lui racontait tout en observant le khan monté sur sa jument préférée.
Khasar se tourna pour voir ce qui avait attiré l’attention de son frère et les
deux hommes regardèrent en silence leur frère mener l’animal au pas entre les
yourtes.
    Khasar acheva son histoire concernant la femme d’un officier
supérieur et la proposition qu’elle lui avait faite. Cette fois, Kachium rit à
peine et Khasar, se tournant de nouveau, vit que Gengis avait atteint la limite
du camp et que sa jument l’emmenait vers la plaine herbeuse.
    — Qu’est-ce qu’il fait ? se demanda Kachium à voix
haute.
    Khasar haussa les épaules.
    — Allons voir. Mes histoires n’ont pas l’air de t’intéresser
beaucoup. Gengis, lui, les trouvera amusantes.
    Les deux frères mirent leurs montures au trot pour rejoindre
le khan, qui s’éloignait seul. Le jour déclinant dorait la plaine, l’air était
doux. Détendus, ils appelèrent Gengis.
    Il ne répondit pas et Kachium fronça les sourcils. Il se
rapprocha mais Gengis, le visage brillant de sueur, ne se tourna pas vers lui. Kachium
et Khasar se regardèrent, se postèrent de part et d’autre de leur frère et
réglèrent leur allure sur la sienne.
    — Gengis ? dit Khasar.
    Là encore, pas de réponse, et Khasar se tut, acceptant de
laisser son frère s’expliquer quand il le jugerait bon. Les trois hommes s’éloignèrent
au pas sur la plaine herbeuse jusqu’à ce que les yourtes ne soient plus qu’une
tache blanchâtre derrière eux et que le bêlement des bêtes se réduise à un
murmure lointain.
    Kachium remarqua la sueur qui coulait sur
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