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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire
Autoren: Conn Iggulden
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le visage du khan
et sa pâleur anormale. L’estomac serré, il craignit une terrible nouvelle.
    — Qu’y a-t-il, Gengis ?
    Le khan continua à chevaucher comme s’il n’avait pas entendu
et Kachium sentit l’inquiétude monter en lui. Il se demanda s’il ne devait pas
faire faire demi-tour à la monture de son frère en même temps qu’à la sienne
pour retourner vers les familles. Gengis tenait mollement la bride, dirigeant à
peine sa jument. Troublé, Kachium regarda Khasar en secouant la tête.
    Le soleil projetait sur eux ses derniers rayons quand Gengis
bascula sur le côté et glissa de sa selle. Stupéfait, Kachium sauta à terre et
tendit les bras vers le khan.
    Dans la faible lumière du crépuscule, ni lui ni Khasar n’avaient
vu la tache qui s’élargissait à la taille de leur frère, la coulée de sang qui
rougissait la selle et le flanc de la jument. Dans la chute de Gengis, son deel
s’ouvrit, révélant une plaie béante.
    Kachium s’accroupit en pressant le khan contre lui, plaqua
une main sur la blessure dans une vaine tentative pour empêcher la vie de s’échapper.
Incapable de prononcer un mot, il leva les yeux vers Khasar qui, paralysé par
le choc, demeurait sur son cheval.
    La souffrance causée par la chute tira Gengis de son
hébétude. Sa respiration était saccadée et Kachium le serra plus fort contre
lui.
    — Qui t’a fait cela, frère ? demanda-t-il en
sanglotant.
    Il n’envoya pas Khasar chercher un médecin. Les deux frères
avaient vu trop de blessures pour ne pas deviner ce qui allait suivre.
    Khasar descendit de cheval avec raideur, les jambes
flageolantes. Il s’agenouilla près de Kachium, prit une des mains de Gengis
dans la sienne. Le sang qui tachait la peau refroidissait déjà. Un vent chaud
balayait la plaine déserte, soulevant de la poussière.
    Gengis remua dans les bras de Kachium, sa tête roula en
arrière, tomba sur l’épaule de son frère. Lorsque ses yeux se posèrent sur
Kachium, il parut reprendre conscience de ce qui l’entourait.
    — Je suis content que tu sois avec moi, dit-il d’une
voix à peine audible. Je suis tombé ?
    — Qui t’a fait ça, frère ? répéta Kachium, les
yeux pleins de larmes.
    Gengis ne sembla pas l’entendre.
    — Tout se paie, chuchota-t-il.
    Il ferma les yeux et son frère, fou de chagrin, émit une
plainte inarticulée. Gengis releva faiblement la tête, ses lèvres remuèrent et
Kachium en approcha son oreille.
    — Détruis le Xixia, dit le khan. Fais-le pour moi, frère.
Tue-les tous.
    Aux mots succéda un râle et les yeux jaunes perdirent leur
flamme quand Gengis mourut.
    Khasar se releva sans en avoir conscience, les yeux rivés
aux deux hommes pressés l’un contre l’autre qui paraissaient soudain si petits
dans la vaste plaine. Avec rage, il essuya ses larmes, prit une inspiration
pour contenir la vague de peine qui menaçait de le submerger. La mort de son
frère était survenue si brusquement qu’il ne parvenait pas à l’accepter. Titubant,
il baissa les yeux vers ses mains couvertes du sang de Gengis.
    Lentement, il dégaina son sabre. Entendant le bruit de l’acier,
Kachium leva la tête, vit le visage enfantin de son frère crispé par la rage.
    — Attends ! cria-t-il.
    Mais Khasar était sourd à tout ce qu’il pouvait lui dire. Il
se tourna vers son cheval qui broutait tranquillement. D’un bond, il se mit en
selle et lança l’animal vers les yourtes, laissant Kachium bercer le corps de
leur frère mort dans ses bras.
     
     
    Assise sur le lit, Chakahai passait une main sur le sang
tachant la couverture. Elle semblait en transe, incapable de croire qu’elle
vivait encore. Des larmes coulèrent sur ses joues au souvenir de l’expression
de Gengis. Quand elle l’avait poignardé, il avait eu un hoquet et s’était
écarté d’elle, le couteau planté en lui. Il l’avait regardée avec étonnement
puis avait retiré l’arme de son corps et l’avait jetée dans un coin de la
yourte où elle était encore.
    « Pourquoi ? » avait-il demandé.
    Chakahai était allée ramasser la dague.
    « Le Xixia est mon pays », avait-elle répliqué, déjà
en larmes.
    Gengis aurait alors pu la tuer, elle ignorait pourquoi il ne
l’avait pas fait. Il s’était levé sans la quitter du regard. Il savait qu’il
allait mourir, elle en était certaine. Elle le voyait dans ses yeux jaunes. Elle
l’avait regardé fermer son deel sur la blessure et le serrer, le tissu
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