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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812
Autoren: André Castelot
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Constant dans une troisième.

    À minuit,
on arrive à Oschmiana. On réveille l’Empereur qui
s’est assoupi : le colonel russe Seslavine et ses hommes
bivouaquent à une heure de marche. Faut-il poursuivre ?
Napoléon demande si les lanciers polonais qui devaient relever
les chasseurs sont arrivés.

    – Oui,
Sire, ils étaient tous là avant votre arrivée.

    – Qu’ils
montent à cheval. Il faut disposer l’escorte autour des
voitures. Nous allons partir sur-le-champ ; la nuit est suffisamment
obscure pour que les Russes ne nous voient pas. D’ailleurs, il
faut toujours compter sur sa fortune, sur le bonheur, sans cela, on
n’arriverait à rien... Combien de lanciers de ma Garde
polonaise marcheront avec moi ?

    – Nous
sommes cent, répond l'officier qui les commande.

    La présence
de cette troupe d'élite rassure l'Empereur.

    – Eh
bien, si nous sommes attaqués, les Polonais sont braves, ils
sauront bien nous défendre !

    Puis il se tourne
vers Wonsowicz et lui remet ses pistolets :

    – Dans le
cas d'un danger certain, tuez-moi plutôt que de me lasser
prendre.

    Le comte
Wonsowicz, profondément ému lui demande :

    – Votre
Majesté permet-elle que je traduise à nos Polonais ce
que je viens d'entendre ?

    – Oui,
faites-leur connaître ce que j'ai dit.

    Ces paroles sont
répétées en lange polonaise, et les lanciers
s'écrient tous d'une seule voix :

    – Nous nous
laisserons plutôt hacher que de souffrir qu'on vous approche !

    Et les voitures
repartent. Le thermomètre, cette nuit-là, descend
jusqu'à moins 28 degrés. À Vilna, il ne reste
plus de l'escorte qu'une quinzaine d'hommes. Et leurs mains et leurs
pieds sont gelés ! On évite la traversée de la
ville cependant Maret, ministre des Affaires étrangères
qui s'est installé à Vilna, vient mettre l'Empereur au
courant des derniers événements européens et le
rassure sur l'abondance des approvisionnements.

    – Vous me
rendez la vie, déclare Napoléon.

    Assurément,
les débris de l'armée pourront se ravitailler dans la
capitale lituanienne ! Pendant ce temps, Caulaincourt est allé
acheter à Vilna des bottes fourrées destinées à
l'Empereur.

    La nuit du 6 au 7,
entre Vilna et Kowno, est atroce. Le froid, épouvantable.
Caulaincourt le racontera : « L'Empereur, quoique
enveloppé de laine et couvert d'une bonne pelisse, les jambes
dans les bottes fourrées – celles de Vilna –, et
de plus dans un sac d'ours, s'en plaignait au point que je dus le
couvrir de la moitié de ma pelisse d'ours. Notre respiration
gelait sur nos lèvres et formait de petits glaçons sous
le nez, aux sourcils et autour des paupières. Tout le drap de
la voiture, notamment l'impériale où la respiration
montait, était blanc et dur... L'Empereur grelottait ; on eût
dit qu'il avait le frisson... »

    En arrivant à
Kowno, deux heures avant le jour, les voyageurs trouvent un repas qui
paraît excellent à Caulaincourt : « Du bon
pain, de la volaille, une nappe. » Napoléon qui,
durant la retraite, n'a jamais été privé, est
moins surpris...

    Le maître de
poste de Gragow apprend à Caulaincourt que le seigneur du lieu
– le comte Wylicki – a fait construire pour sa fille, qui
vient de se marier, une berline montée sur patins de traîneau.
Le comte accepte de la céder aux voyageurs, lorsqu'il apprend
que « M de Caulaincourt » est en réalité
l'empereur des Français.

    Sur le traîneau
du comte Wylicki, Napoléon est optimiste :

    – Vilna,
bien approvisionnée, fera tout rentrer dans l'ordre. On y a
plus de moyens qu'il n'en faut pour résister à
l'ennemi. Les Russes, au moins aussi fatigués que nous et
souffrant comme nous du froid, prendront des cantonnements.

    Cependant,
l'accueil qui l'attend à Paris l'inquiète.

    – Nos
désastres feront une grande sensation en France, mais mon
arrivée en balancera les fâcheux effets.

    Et l'Autriche ? Il
essaye de se convaincre qu'il n'a rien à craindre de la
loyauté de son beau-père :

    – Les Russes
doivent paraître un fléau à tous les peuples, la
guerre contre la Russie est une guerre toute dans l'intérêt
bien calculé de la vieille Europe et de la civilisation.
L'empereur d'Autriche et M. de Metternich le sentent si bien qu'ils
me l'ont souvent répété à Dresde.
L'empereur François connaît bien le caractère
faible et faux de l'empereur Alexandre : il s'en méfie comme
quelqu'un qui a été dupe de ses protestations et de ses
promesses... Les revers
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