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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812
Autoren: André Castelot
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que vient d'éprouver la France feront
cesser toutes les jalousies et mettront fin à toutes les
inquiétudes qu'ont pu faire naître sa puissance ou son
influence. On ne doit plus voir qu'un ennemi en Europe. Cet ennemi,
c'est le colosse russe.

    Caulaincourt ose
dire à l'Empereur qu'il est infiniment plus « l'objet
de l'inquiètude générale » que « le
colosse russe ». Sans cesse, tandis que le traîneau
prend la route de Pultusk, il revient sur les causes de sa défaite
:

    – Nous
sommes victimes du climat : le beau temps m'a trompé. Si
j'étais parti quinze Jours plus tôt, mon armée
sent à Vitebsk. Tout a mal tourné parce que je suis
resté trop longtemps à Moscou. Si j'en étais
parti quatre jours après l'avoir occupée, comme j'en ai
eu l'idée après avoir vu l'incendie, la Russie était
perdue L'empereur Alexandre eût été trop heureux
de recevoir la paix que Je lui aurais alors généreusement
offerte de Vitebsk.

    Ignorant qu'au
même moment l'armée est en train de totalement se
désagréger, l'Empereur se montre encore plein
d'illusions Que faut-il faire de la Pologne, cette pomme de discorde
entre Alexandre et lui ?

    – Il leur
faut un souverain. Murat leur eût convenu mais il a si peu de
tête ! Jérôme, auquel j'avais pensé, n'a
que de la vanité, il ne m'a fait que des sottises. Il a
abandonné l'armée pour ne pas servir sous Davout, comme
s'il ne devait pas son trône à la bataille d'Auerstaedt
! Il s'est mal conduit dans le duché en y passant. Ma famille
ne m'a jamais secondé Mes frères ont autant de
prétentions que s'ils pouvaient dire : le roi, notre père.

    Caulaincourt lui
parle de nouveau de sa fatale ambition ! « Sa passion
guerroyante », une ambition ? Allons donc ! Il rit, et
donne à son compagnon de petites tapes sur la nuque :

    – On se
trompe, Je ne suis pas ambitieux. Dans ce monde il n'y a qu'une
alternative : commander ou obéir .

    Le 9 décembre,
deux heures avant le jour, les voici à Pultusk. Une servante
polonaise essaye d'allumer du feu. L'Empereur lui fait donner
quelques napoléons que la jeune fille reçoit ébahie
:

    – Dans cette
classe, remarque l'Empereur, on peut, avec un peu d'argent, faire
beaucoup d'heureux !

    Le voici
chevauchant sa chimère :

    – Ah ! Que
la paix soit générale pour me reposer et pour pouvoir
faire le bon homme. Nous voyagerons tous les ans pendant quatre mois
dans l'intérieur. J'irai à petites journées avec
mes chevaux Je verrai l'intérieur des chaumières de
cette belle France Je veux visiter les départements auxquels
il manque des communications, faire des canaux, des routes, donner
des secours au commerces, des encouragements à l'industrie. Il
y a immensément à faire en France, des départements
ou tout est à créer.

    Le jeudi 10
décembre, c'est l'arrivée à Varsovie. « En
mettant pied à terre au pont de Praga pour traverser la
Vistule, nous ne pûmes nous empêcher, rapportera
Caulaincourt, de faire une humble réflexion sur le modeste
équipage du Roi des rois. La vieille caisse, autrefois rouge,
qu'on avait placée sur un traîneau, avait quatre énormes
glaces, ou plutôt verres de vitres, encadrée dans des
châsses vermoulus qui fermaient très mal. Les jointures
de cette carcasse, aux trois quarts pourrie, s'ouvraient de toutes
parts et lassaient un libre cours au vent et à la neige dont
j'étais obligé de débarrasser à chaque
instant l'intérieur de notre domicile, pour ne pas être
mouillé en la fondant sur nos sièges. Tous ces
désagréments n'empêchaient pas l'Empereur d'être
gai. Il paraissait enchanté de se retrouver à Varsovie
et fort occupé de savoir si on le reconnaîtrait. Je
crois qu'il n'aurait pas été fâché de
rencontrer quelqu'un qui l'eût deviné, car il traversa
la vile à pied et nous ne remontâmes dans le modeste
traîneau qu'après avoir traversé la place. Il
faisait si froid que les gens qui pouvaient se chauffer ne se
promenaient pas et que la pelisse de velours vert à
brandebourgs d'or de l'Empereur n'attirait l'attention que de
quelques modestes passants. »

    À 11
heures, ils s'installent à l'hôtel d'Angleterre où
la petite suite les a précédés. Une demi-heure
plus tard, laissant l'Empereur devant un mauvais feu de bois,
Caulaincourt va rendre visite à Pradt, ambassadeur de France à
Varsovie. Celui-ci, en voyant entrer cette espèce de revenant,
a du mal à le reconnaître : « Marchant appuyé
sur le bras de l'un de mes
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