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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812
Autoren: André Castelot
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voilà une trahison
d'une lâcheté révoltante. Celui-là n'avait
pas la peur de mourir de faim s'il perdait sa place. Il a perdu son
honneur.

    Une dernière
dépêche lui apprend l'épilogue de l'affaire :

    Malet avait
comparu devant le conseil de guerre en compagnie de vingt-trois
complices involontaires, coupables de crédulité. Non
sans élégance, il prit sur lui toute la responsabilité
de l'affaire. Ses coaccusés étaient tous innocents.

    – Alors,
quels sont vos complices ? interrogea le président du
tribunal.

    – La France
entière et vous-même, monsieur le Président, si
j'avais réussi.

    Ce demi-fou ne
manquait ni de caractère ni d'esprit.

    On le condamna à
mort ainsi que Lahorie, Guidal, Boccheciampe, Rateau – Boutreux
était encore en fuite et neuf officiers et sous-officiers
coupables d'avoir oublié le roi de Rome. Comme le dira le
préfet Frochot, que l'on se contenta de mettre à pied :

    – Ce diable
de roi de Rome, on n'y pense jamais !

    Cet oubli ulcéra
Napoléon plus que tout. Il était stupéfié
de devoir se rendre à l'évidence. Cet échappé
d'une maison de santé, avec sa conspiration d'opérette,
avait ébranlé l'énorme machine impériale.
Les royalistes considéraient Malet « comme l'homme
qui avait ouvert une porte à l'espérance ».
Et Mme de Coigny pourra écrire, l'espoir au cœur : « Le
gouvernement n'est point inébranlable, son armée est
battue et sa police peut être enlevée ; on peut donc
mettre sa puissance civile et militaire en déroute. »

    Moins d'une
semaine après l'affaire, le jeudi 29 octobre, à 3
heures de l'après-midi, les douze condamnés – on
avait fait grâce in entremis à Rateau et à l'un
des officiers – s'adossent, barrière de Grenelle, au mur
des Fermiers généraux. Pas un n'accepte d'avoir les
yeux bandés. Au même endroit, Boutreux, enfin retrouvé,
sera exécuté le 30 janvier suivant.

    – Souvenez-vous
du 29 octobre, cria Malet à la foule. Je tombe, mais je ne
suis pas le dernier des Romains !

    Après la
troisième décharge, il n'y eut plus sur l'herbe pelée
que des corps étendus. On chargea les cadavres sur des
charrettes qui prirent le chemin du cimetière de Clamart.

    Il se mit à
pleuvoir... comme le vendredi précédent. Et la pluie
agrandit encore la large flaque de sang qui s'étalait à
l'endroit précis où s'ouvre aujourd'hui la station de
métro Dupleix.

« Sire l'armée
n'existe plus... »
    Encore à
Molodetschno, Napoléon pense sans cesse à ce général
de brigade qui a manqué prendre sa place ! Cette affaire le
hante. Le soir, il appelle Caulaincourt à son chevet :

    – Dans
l'état actuel des choses, lui dit-il, je ne puis en imposer à
l'Europe que du palais des Tuileries.

    Au matin, il
annonce à Daru et à Duroc sa résolution de
partir incessamment pour la France. Assurément, les rescapés
de la catastrophe pourront regagner Vilna sans lui, s'y nourrir et
s'y reposer en attendant le printemps !

    Mais il joue
encore la comédie à ses autres compagnons d'armes en
faisant semblant de se mettre en colère lorsque certains osent
lui parler de son inévitable départ pour Paris.
Bessières ayant abordé franchement la question se fait
rabrouer :

    – Il n'y a
que mon plus mortel ennemi qui pût me proposer de quitter
l'armée dans la situation où elle se trouve !

    L'Empereur fait
alors le mouvement de se jeter sur le maréchal, son épée
à la main.

    – Quand vous
m'aurez tué, lui dit froidement Bessières, il n'en sera
pas moins vrai que vous n'avez plus d'armée, que vous ne
pouvez plus rester ici, que nous ne pouvons plus vous garder.

    Le
soir même, l’Empereur déclare en soupirant :

    – Puisque
vous le voulez tous, il faut bien que je parte.

    À Smorgoni,
le samedi 5 décembre à 10 heures du soir, après
avoir – faute capitale – confié le commandement de
l’armée au roi Murat, et non à son beau-fils
Eugène, l’Empereur, sous le nom de son grand écuyer,
part avec Caulaincourt. Une course folle en dormeuse, puis en
traîneau, enfin en cabriolet, une course de treize jours et
quatorze nuits à travers la Pologne et l’Allemagne. Le
comte Wonsowicz commande l’escorte de chasseurs de la Garde,
une trentaine de cavaliers réunis non sans mal. Roustam, les
piqueurs Fagalde et Amodru sont à cheval et l’un d’eux
prend déjà les devants pour commander les chevaux au
relais d’Oschmiana. Duroc et Mouton suivront dans une seconde
voiture, le baron Fain et
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