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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812
Autoren: André Castelot
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nouveau. Le préfet réussit
à leur glisser entre les mains, se réfugia dans une
pharmacie, emprunta à la femme de l'apothicaire sa perruque et
une robe et, dit-on, échappa ainsi déguisé à
ses poursuivants.

    Paris s'esclaffe.
Savary, arrêté en chemise de nuit et « allant
occuper en prison la place de l'homme qui venait de lui prendre son
bureau, sa voiture et presque son lit », faisait l'objet
de toutes les plaisanteries.

    *****

    Lorsque Napoléon
apprend à Molodetschno, cinq jours après le passage de
la Bérézina, tous les détails de l'effarante
affaire qui avait de peu manqué réussir, il s'exclame :

    – Dans le
premier moment, la nouvelle de ma mort a fait perdre la tête à
tout le monde. Le ministre de la Guerre, qui me vante son dévouement,
n'a pas même mis ses bottes pour courir aux casernes, faire
prêter serment au roi de Rome et tirer Savary de prison. Hulin,
seul, a eu du courage et Laborde de la présence d'esprit. La
conduite du préfet et celle des colonels est incompréhensible.
Quelle confiance faire, ajoute-t-il avec amertume, aux hommes dont la
première éducation ne garantit pas les sentiments
d'honneur et de fidélité ? La faiblesse et
l'ingratitude du préfet et du commandant du régiment de
Paris, un de mes anciens braves, dont j'ai fait la fortune,
m'indignent.

    En lisant un
nouveau rapport apporté par une estafette. il s'écrie

    – On
annonçait ma mort et pas un n'a pensé à mon fils
!

    Avec l'espoir que
l'on crierait, à l'instar du vieux cri royal : l'Empereur
est mort, vive l'Empereur ! , avec cet espoir, il s'était
appliqué à suivre scrupuleusement les usages de
l'Ancien Régime, aussi bien pour la naissance de son fils que
pour la composition de sa maison et pour son éducation. Mieux
! Il avait fait de son héritier non un dauphin, mais un roi,
un souverain semblable au roi des Romains, titre non seulement porté
par l'empereur d'Occident avant d'être couronné, mais
aussi par le successeur reconnu de ce même empereur. Pour cela,
d'un trait de plume, il avait révoqué la donation que
son « prédécesseur » Charlemagne
avait faite à Sa Sainteté. Il avait ordonné un
baptême à Notre-Dame, cérémonie qui, dans
son esprit, devait prouver, par son éclat et sa pompe,
l'établissement définitif de la dynastie napoléonienne,
régnant sur un empire homogène où les peuples,
devenus les habitants de départements français,
perdraient peu à peu conscience d'avoir été
autrefois hollandais, italiens ou allemands. Et tout ceci n'avait
servi à rien ! On n'avait pas plus pensé à
Napoléon II qu'à « l'Impératrice-Reine »
! Napoléon mort – au cours de la terrible retraite la
chose n'eût pas été impossible – l'Empereur
disparu, l'Empire s'effondrait de lui-même. Napoléon
devait en convenir : il régnait sur un « empire
viager ». Il ne pouvait se survivre. Il a eu beau mettre
dans son lit la fille des Césars et donner des ancêtres
à son fils, le petit roi n'hériterait pas !

    Une nouvelle
estafette lui apporte encore des détails révélés
par l'enquête menée à Paris.

    – Rabb est
une bête, s'exclame-t-il devant Caulaincourt, un grand imprimé
et un cachet lui en auront imposé. Mais Frochot, homme
d'esprit et de tête, comment a-t-il été entraîné,
abusé ? C'est un vieux jacobin. La République l'aura
encore tenté. Habitué aux révolutions, celle-là
ne l'aura pas plus étonné que les dix qu'il a vécues
avant. La mort lui aura paru probable. Il aura pensé à
conserver sa place avant de réfléchir à ses
devoirs. Il a peut-être prêté un serment, et il a
oublié celui qui le liait à ma dynastie comme les
autres. Être le premier magistrat de Paris, y faire préparer,
sans résistance, dans l'Hôtel de Ville, dans son propre
logement, la salle des conférences pour des conspirateurs, ne
pas prendre une seule information, pas une mesure pour s'opposer, ne
pas faire une démarche pour défendre l'autorité
de son légitime souverain ! Il faut qu'il soit du complot, car
une telle crédulité ne peut se concevoir de la part
d'un homme tel que Frochot. Cambacérès et Savary ont eu
un grand tort de ne pas le faire arrêter. Il est plus traître
que Malet auquel j'ai pardonné quatre fois et qui conspirait
toujours. Quant à Malet, tel est son métier ; ma
clémence lui pesait. C'est un fou ! Mais Frochot, conseiller
d'état, chef de l'administration du premier département
de France, homme comblé par moi,
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