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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812
Autoren: André Castelot
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malheureux nègre, voué à être
mangé par les mouches parce qu'on l'a enduit de miel.

    Et il rit aux
éclats.

    On le voit
traverser Görlitz, Bautzen, et il arrive enfin à Dresde
le 13 décembre à minuit. Le postillon frappe longtemps
à une porte pour demander où se trouve l'ambassade de
France, avant qu'un homme en bonnet de nuit mette la tête à
la fenêtre et demande « ce que l'on voulait »,
puis, sans répondre – craignant sans doute le froid –
il referme sa croisée... Enfin, un Saxon obligeant met
l'Empereur sur la bonne voie.

    En pleine nuit, le
roi de Saxe accourt à l'ambassade. Il est épouvanté.
L'Empereur le réconforte : il sera bientôt là
avec cinq cent mille hommes ! Puisqu'il est réveillé,
il ne se recouche pas et en profite pour écrire à
l'empereur d'Autriche : tout va, bien, le froid seulement « a
démantelé ses armes ».

    Avant le jour,
dans la voiture du roi de Saxe, cette fois, il repart pour Leipzig et
Weimar. Le 15 décembre, il est à Erfurt. Que de
souvenirs ! Le baron de Saint-Aignan lui a prêté sa
dormeuse. Enfin, il peut s'assoupir, mais un timon se brise sur les
mauvais chemins de Westphalie. Une lieue avant de traverser le Rhin,
Napoléon rencontre Anatole de Montesquiou, déjà
revenu de Paris. Le 16 décembre, enfin, il traverse le Rhin en
bateau et arrive à Mayence. Le voici en France.

    Maintenant qu'on
approche du but, l'Empereur reparle de l'affaire Malet et répète
:

    – Parmi ces
militaires, ces fonctionnaires auxquels on annonçait ma mort,
pas un n'a pensé à mon fils !

    Il est certain
qu'une nouvelle révolution leur a paru à tous « plus
simple que la conservation de l'ordre des choses établi ».

    – Arrivé
à Paris, chacun me vantera cependant son dévouement. Il
faut un exemple, car la fidélité est un devoir
peut-être plus sacré pour le magistrat que pour le
militaire, qui ne doit qu'obéir aux ordres qu'il reçoit,
sans les raisonner... L'habitude des changements, les idées de
révolution ont laissé des traces profondes. Il fallait
un bras comme le mien, un homme qui connut comme moi les Français
pour avoir pu opérer ce qui est déjà fait. La
France a besoin de moi pendant dix ans. Si je mourais, tout serait,
je le vois, dans le chaos et tous les trônes s'écrouleraient
si celui de mon fils tombait, car je vois que tout ce que j'ai fait
est bien fragile.

    Et Malet ?

    – C'est un
fou ! Il faut l'être pour avoir cru que suspendre l'action de
la police et tromper quelques chefs de corps, un préfet,
pendant trois heures, pouvait renverser le gouvernement, quand il
avait une armée de deux cent mille hommes hors du pays, et pas
un complice dans les hautes fonctions ni dans les départements.
C'est un homme qui a voulu se faire fusiller en faisant parler de
lui, mais son action m'a prouvée ce que je croyais au reste en
partie, qu'il n'y a pas grande foi à faire sur les hommes.

    Le voici
maintenant pris d'une véritable sèvre. Dans combien de
temps sera-t-il arrivé ?

    – Dans
quarante-quatre heures, Sire.

    – Moi, je
vous dis dans trente-six !

    Il demande à
Caulaincourt d'allumer une bougie à l'intérieur de la
berline, et tâche de compter sur la carte et sur le livre de
poste combien il leur faut de postes, de quarts de poste, de quarts
d'heure, de minutes pour atteindre Paris. Il additionne tout. Les
haltes forcées, les repos, tout est abrégé...

    Le 17 décembre,
il soupe à Verdun, puis il est dépassé sur la
route par des estafettes qui ont quitté la Russie soixante
heures après son départ. Fébrilement, il
décachette les dépêches : l'armée est en
pleine décomposition, mais n'en approche pas moins de Vilna.
Caulaincourt se montre pessimiste :

    – Vous voyez
tout en noir ! s'exclame Napoléon.

    Le vendredi 18
décembre, à Saint-Jean-les-Deux-Jumeaux, l'essieu de la
voiture se casse à cinq cents pas de la poste. L'Empereur
monte dans un méchant cabriolet, une « croquante ».
Et c'est dans cet équipage que les voyageurs arrivent à
Meaux où le maître de poste offre sa chaise. Les
dernières lieues sont franchies à toute bride et,
bientôt, selon l'usage, la voiture passe sous l'Arc de triomphe
– qui est encore une gigantesque maquette de bois et de toiles
peintes.

    Il est un quart
d'heure avant minuit – le temps est couvert, la température
de 3 degrés – lorsque la chaise de poste pénètre
dans la cour des Tuileries. Caulaincourt passe sa tête par la
portière et se
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