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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse
Autoren: Louis Noir
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quant à la personne qui sort d’ici, elle est mise comme une ouvrière. Dans cette affaire, je ne vois rien qui se rapporte à ce que vous contez.
    Et, d’un ton brusque, il conclut   :
    – Ou vous avez eu une autre aventure que celle qui nous occupe, ou vous avez eu si peur que vous avez perdu la tête.
    – Sergent, dit le bedeau qui avait compris, il n’y a, en effet, aucune baronne dans l’affaire   : c’est ma nièce que j’accompagnais dont je voulais parler   : nous l’appelons baronne parce qu’elle se donne, comme ça, tout naturellement, des airs d’aristocrate.
    – Oh   ! dit le sergent, je saisis le quiproquo, mon bonhomme   ! Eh bien, c’est le lieutenant M. Leroyer qui conduit lui-même votre nièce dans la maison où elle allait et où elle doit voir M. Leroyer père.
    Le sergent mettait habilement le bedeau sur la bonne voie   : celui-ci s’y jeta avec sagacité.
    – Ce n’est pas M. Leroyer, c’est M me  Leroyer que ma nièce va voir, s’empressa-t-il de déclarer. Ma nièce est couturière.
    – Et elle s’en va essayer des robes en ville, à dix heures du soir   ! fit le boucher incrédule.
    – Monsieur, dit le bedeau, ma nièce passera sa nuit à retoucher une robe que M me  Leroyer doit mettre demain matin pour la cérémonie du mariage.
    – Ah   ! il y a un mariage demain   !
    Le bedeau, qui avait eu le temps de préparer ses batteries, dit avec aplomb   :
    – Certainement, un très beau mariage   ! Un mariage de campagne, c’est vrai, mais cossu   ! C’est le fils de l’adjoint du village de Poleymieux qui épouse sa cousine. Je crois que M me  Leroyer est marraine de la mariée.
    Le boucher, étonné de l’assurance du bedeau, n’osa contredire. En somme, le bedeau s’était accroché à une branche assez solide   : le mariage était réel. Comme l’adjoint de Poleymieux était, lui aussi, un royaliste qui dissimulait ses opinions sous le masque républicain, il était facile d’improviser une invitation.
    Le sergent devina qu’il était important de prévenir la baronne (il ne doutait pas que ce fût une vraie baronne) de la bourde commise par le bedeau. Il jugea que le meilleur messager à envoyer était le bedeau lui-même.
    Il appela un garde qui était un de ses commis.
    – Monsieur Lanthier, lui dit-il, en lui montrant le bedeau, voilà un brave homme qui est encore tout tremblant de ce qui vient de lui arriver   : accompagnez-le donc jusque chez M. Leroyer, où il retrouvera sa petite baronne de nièce, à laquelle je le prie de faire tous mes compliments.
    Et impérativement   :
    – Allez   !
    Puis, comme le blessé, toujours évanoui, était placé sur un brancard pour être transporté chez lui, le sergent dit   :
    – Ainsi, caporal Morangis, vous vous chargez de ce jeune homme.
    – Oui sergent, dit le caporal.
    – Et vous, docteur, vous en répondez   ?
    – Je débriderai la plaie et le blessé sera tout aussitôt soulagé   : avant quarante huit heures il sera debout.
    – Emportez, messieurs, emportez   ! dit le sergent.
    Les gardes soulevèrent le brancard et se mirent en marche. Quant aux hommes qu’avait amenés le bedeau, ils s’en étaient retournés au poste.
    – Formez vos rangs   ! dit le sergent à la patrouille.
    Et il l’emmena en murmurant   :
    – Tout va bien.
    – Non, tout ne va pas bien, protesta tout haut le boucher Balandrin, qui avait entendu le sergent. Tout va mal   ! La République est trahie   ! Cette femme, c’est une vraie baronne, et je jurerai qu’elle est émigrée.
    Le sergent qui savait comment on manie les hommes, entendant les observations du boucher, arrêta net la patrouille. On venait à peine de sortir de la maison et l’on était sur la place de l’archevêché.
    Il commanda   :
    – Halte   !
    Puis   :
    – Formez le cercle   !
    – Quand tout son monde fut en rond autour de lui, il fit un petit discours, très net, très ferme, très adroit.
    – Messieurs, dit-il, nous sommes tous des commerçants, des hommes d’ordre, des hommes voulant nous entendre pour empêcher le pillage et pour résister aux passions violentes de la populace qui menace nos maisons et nos personnes.
    – Oui   ! Oui   ! dirent les gardes.
    – Nous avons besoin d’union, de discipline, de concorde.
    – Oui   ! Oui   !
    – Or, chaque fois que nos officiers donnent une consigne, prennent une décision, je le constate à mon regret, notre camarade,
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