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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon
Autoren: Gérald Messadié
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la fin de sa vie elle ait songé à confier ces pages à un tiers.
    Qu’Augustine Le Normand, en revanche, ait elle-même rédigé ce Journal secret est impossible ; les nombreuses citations latines de la préface reflètent une culture classique bien assimilée qui ne pouvait être le fait d’une marchande de colifichets et de lingerie ; les autres citations classiques, voire anglaises, qui émaillent le Journal secret excluent même que Joséphine en soit l’unique auteur ; on imagine mal l’Impératrice citant Les Nuits de Thomas Young.
    Incidemment, le fac-similé d’une page du manuscrit (p. 392 du tome II) montre au moins averti en graphologie que ce n’est pas l’écriture de Joséphine. Une note de Le Normand au bas indique également que la page n’est pas de celle-ci.
    La préface est d’ailleurs honnête en ce sens qu’elle prévient le lecteur qu’il trouvera « quelques chapitres écrits entièrement de la main de Joséphine ». C’est-à-dire que le reste a été accommodé. Par qui ?
    L’ouvrage a visiblement été mis en forme par un homme érudit, admirateur de Joséphine et adversaire de Napoléon, et de surcroît fort bien informé de la vie à la cour et des événements politiques de son temps. Qu’il s’agisse d’un homme se révèle, involontairement ou sournoisement, dans la préface de l’ouvrage, attribuée à Le Normand, dans laquelle il se définit comme « historien » (p. 22 de la 2e édition de 1827), alors que cette préface, comme le reste de l’ouvrage, est rédigée au féminin. L’enflure, par moments ridicule, du style semble indiquer quelqu’un qui, ayant l’habitude de prendre la parole en public, cultivait les effets oratoires.
    Les pages attribuées à la seule main de Joséphine comportent plusieurs informations qu’on ne trouve pas ailleurs, dont celle relative au chouan Cadoudal, que j’ai mentionnée. Mais les notes abondantes insérées tout au long du texte par le mystérieux rédacteur, sans doute informé par Le Normand, à partir de sources indéterminées et sans doute multiples, ne sont pas moins intéressantes.
    L’ouvrage ne pouvait évidemment plaire aux proches et aux anciens fidèles de Napoléon, tantôt qualifié de « trop fameux », tantôt détenteur d’« un trône usurpé ». Dédié au tsar Alexandre Ier, qui avait témoigné de l’amitié à Joséphine après le divorce et après la chute de l’Empire, il connut un certain succès de curiosité. Agacée par ses indiscrétions, la police impériale avait, en effet, incarcéré Augustine
    Le Normand à la prison des Madelonnettes pendant quelques jours, ce qui attisa l’aversion de ce faux auteur pour Napoléon, mais accrut sa notoriété. En 1818 et 1819, elle connut de nouveau quelques déboires en Belgique pour escroquerie. Mais, lors de son jugement, elle ne fut condamnée qu’à 15 francs d’amende pour… exercice du métier de devin. Elle mourut en 1843 à soixante et onze ans, et non cent vingt-quatre comme elle l’avait prédit.
    Le Journal secret publié par Le Normand n’est pas le seul de sa catégorie : en avril 1817, le libraire londonien John Murray, sis à Albemarle Street, publia en français une brochure anonyme intitulée Manuscrit venu de Sainte-Hélène de manière inconnue, qui connut immédiatement un grand succès de curiosité. Metternich évoque dans ses Mémoires le « grand effet » qu’elle eut dans toute l’Europe, et les rééditions se succédèrent ; il y en eut même une à Bruxelles en 1819 qui s’intitulait carrément Vie de Napoléon écrite par lui-même. Cette centaine de pages rédigées à la première personne se présentait, en effet, comme une autobiographie politique de Napoléon.
    Le mystère entoure toujours ces pages et, même, s’épaissit : en 1974, Gallimard republia la brochure, non signée, précédée d’une note savante de l’éditeur. Curieusement, l’exemplaire que je possède annonce page 12 que l’ouvrage contient un appendice reproduisant les notes de l’Empereur lui-même sur ce manuscrit, telles que Gourgaud les a recueillies ; or la dernière page est bien inscrite « Appendice », mais de notes, point.
    L’on s’évertue depuis, sans jamais aboutir à une conclusion convaincante, à en établir la paternité : Marmont ? Germaine de Staël ? Benjamin Constant ? Gourgaud ? On ne sait. Il semble en tout cas que Napoléon n’y fut pour rien et, aussi, que le manuscrit ne
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