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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon
Autoren: Gérald Messadié
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psychologique du clan Bonaparte et décide qu’elle sera sacrée avec lui. Pas un mot là-dessus, ce qui est invraisemblable : se peut-il vraiment qu’elle ne se soit ouverte de ses tourments, puis de sa joie, à Hortense et à Eugène, pour ne parler que d’eux ? Ses lettres étaient-elles trop révélatrices ? Mais alors, pourquoi avoir conservé celles adressées à Hippolyte Charles (l’un des très rares correspondants qu’elle tutoie) et qui le sont également ? On se demande, d’ailleurs, comment elles sont parvenues en des mains étrangères.
    Pas un mot non plus sur le rétablissement de l’esclavage par son époux en 1802, sujet qui ne pouvait lui être indifférent, puisqu’elle témoigna de la sollicitude aux esclaves dès son enfance. Joséphine n’était pas une observatrice de la politique ou de toute autre discipline, mais il est curieux qu’elle n’ait pas évoqué un sujet qui lui tenait à coeur.
    Autant de mystères dont nous n’avons pas l’explication.
    Ajoutons à cela les mensonges, involontaires ou volontaires, tels que celui de Napoléon quand, de Sainte-Hélène en juin 1815, il écrit à Hortense à propos de Joséphine : « Nous n’avons jamais eu qu’un sujet de querelle : c’était pour ses dettes, et je l’ai assez grondée. » Il oublie les scènes effroyables causées par la jalousie, soit la sienne, soit celle de Joséphine, comme celle de Saint-Cloud en 1804, lorsqu’elle a surpris son mari avec Adèle Duchâtel.
    On comprend donc trop bien que, confrontés à tant de lacunes, bien des historiens aient fini par interpréter les faits à leur convenance, ou à celle du public.
    Ce n’est que dans la seconde moitié du XX e siècle qu’apparaissent les premiers ouvrages un peu moins respectueux de la légende. Ils s’aventurent à mettre en lumière des détails sur lesquels leurs prédécesseurs ont discrètement glissé, soit parce qu’ils les jugent importuns, soit parce qu’ils ne correspondent pas à l’image héroïque que le public attend et qui donneraient l’impression que les auteurs ont entrepris de décrier leurs modèles. La guenon travestie en demoiselle dans le zoo de la Malmaison, ou la scène où Bonaparte se propose de tirer les cygnes de la pièce d’eau depuis la fenêtre de la chambre à coucher ne flattent guère, en effet, ni Joséphine ni son époux. Même, elles les ridiculisent. Recueillies pourtant par des témoins du temps, elles passent pour de l’histoire de caniveau. Elles ont toutefois le mérite d’informer sur la réalité de ces personnages.
    Ainsi la très grande majorité des ouvrages sur Joséphine et Napoléon évoquent-ils à peine ce qu’on peut appeler leurs fiches médicales. Elles sont pourtant essentielles à deux titres. Le premier est celui de leurs comportements. Célèbre ou inconnu, un individu n’est pas dissociable de son corps ; celui-ci dicte ses humeurs, donc ses actes. Nul ne nie plus que les maladies chroniques ou les habitudes d’un chef d’État et les traitements qu’il suit puissent modifier ses capacités et ses dispositions mentales, mais l’opinion publique et la tradition ont longtemps répugné à prendre ces éléments en considération. Quoi, on allait dévoiler les misères intimes de nos princes ? Mais c’était là un viol de la vie privée ! Or, non, c’est une exigence nationale, qui met en jeu le destin des peuples. Après le désastre bienvenu de Stalingrad, s’en souvient-on, le général Guderian s’écria : « Nous ne savions pas que notre chef Hitler était un grand malade ! » Ce n’est qu’à la fin du XX e siècle qu’en France les présidents de la République ont jugé opportun de communiquer les rapports sur leur état physique (on a pu aussi, à quelque temps de distance, en mesurer la valeur…).
    Le deuxième titre auquel ces fiches sont utiles est, dans le cas de Joséphine et de Napoléon, la compréhension de leur histoire. Car cette histoire leur est commune : il est impossible d’en concevoir une de Napoléon sans Joséphine ni l’inverse. Et leur physiologie y joue un rôle crucial. Si Joséphine n’avait pas subi une infection tubaire, son destin aurait été intégralement différent. Pour Napoléon, on verra plus bas ce qu’il en est.
    J’ai évoqué dans les pages qui précèdent les raisons de la stérilité de Joséphine, d’après les éléments historiques, ses cures thermales et ses douleurs, ainsi que les raisons
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