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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon
Autoren: Gérald Messadié
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partit jamais de Sainte-Hélène.
    Il est tout à fait possible, en revanche, que le retentissement de ce Manuscrit inspirât Le Normand.
    D’autres difficultés, prévisibles, se dressent sur les pas du chercheur.
    Cédant à l’inquiétude bien connue des survivants, toujours menacés par les révélations de proches disparus, journaux intimes ou lettres, beaucoup d’acteurs de l’époque impériale ont fait main basse sur des documents qu’ils jugeaient compromettants. Napoléon fut l’un des premiers : à la mort d’Andoche Junot, compagnon de jeunesse qui lui avait été follement dévoué, Napoléon envoya la police s’emparer de tous les papiers personnels du malheureux général, mort effectivement fou. Lors des Cent-Jours, Claire de Rémusat, alarmée, brûla toutes les notes qu’elles avait prises durant le Consulat. Encore sont-ce là les destructions qu’on connaît. Combien d’autres ont-elles été commises sans laisser de traces ?
    D’innombrables pièces originales ont mystérieusement disparu. Il est impossible d’estimer le nombre de lettres de Napoléon qui manquent à l’appel. Curieusement, on ne retrouve que les plus édifiantes. Mais je me défends mal du soupçon que certaines ont été détruites ou dorment encore dans des coffres ; en témoigne l’incident suivant. Étant fortuitement tombé en possession d’un billet attribué à Bonaparte (son propriétaire, pressé d’argent, m’en avait proposé l’achat), je me vis harcelé par un quidam, qui visiblement le suivait à la trace, exigeant que je le lui cédasse. Le billet de trois lignes était assez énigmatique, voire compromettant, et cet amateur enfiévré s’inquiétait visiblement de sa divulgation. « C’est un faux ! », clamat-il, après y avoir jeté un simple coup d’oeil. Un expert l’avait pourtant jugé authentique, papier, encre et signature. S’il en était ainsi, pourquoi tant d’insistance ? Contre toute vraisemblance, cet amateur s’obstina à vouloir acheter ce prétendu faux. Inquiet et lassé de son agitation, je finis par le lui vendre après avoir juré sur l’honneur que je n’en révélerais jamais le contenu. Il s’agissait pourtant d’un document vieux d’un siècle et demi ! Mais dirais-je ici que je me vis jadis refuser l’accès aux documents conservés à la Bibliothèque vaticane concernant la mort du Caravage… mort en 1636 !
    Il est vrai que, en plus de celui des lettres disparues, l’historien est confronté aussi au problème de celles qui sont douteuses. Augustin Thierry et Jules Bertaut rejettent ainsi certaine lettre que Napoléon, prétendument incarcéré au fort Carré d’Antibes – cela n’est pas prouvé, il s’en faut –, aurait écrite à Junot ; elle est bizarrement datée « du 18 thermidor au 2 fructidor, an 11 ». Cela ne signifie rien.
    Les lettres de Joséphine ont à l’évidence subi le même sort. Elle en écrivait une à deux tous les jours, entre la date de son arrivée en France, en 1779, et l’année de sa mort, en 1814, soit, pendant trente-cinq ans, quelque 12 775 jours. Le total devrait se chiffrer à quelque quinze mille au moins, car elle écrivait facilement et d’ailleurs élégamment. Or on n’en a publié que six cent cinquante (trois de plus furent mises aux enchères en 2010) – c’est bien loin du compte. Beaucoup ont été détruites, dont celles qu’elle adressa à Napoléon ; mettant de l’ordre dans ses papiers, avant son abdication, en 1814, il brûla, en effet, des liasses de documents. Après la mort de sa mère, la reine Hortense en fit publier un choix qui parut chez Firmin-Didot en 1833 ; on n’y trouve que deux lettres à Napoléon. Voire ! D’autres furent détruites par des hommes galants, tels qu’Hippolyte Charles, avant leur mort.
    De surcroît, la reine Hortense et le prince Eugène semblent avoir effectué un tri, dans l’intention de servir le plus pieusement possible la mémoire de leur mère. Ils ne font pas que changer des dates, ils commettent des omissions flagrantes ; on est ainsi en droit de s’étonner qu’on ne trouve rien entre un billet au préfet Thibaudeau, le 23 octobre 1804, et une lettre à Mme de La Pagerie, le 30 janvier 1805. Or c’est l’une des périodes cruciales dans la vie de Joséphine : elle s’attend à ce que Napoléon lui impose le divorce quand, par un brusque revirement, quelques jours avant le couronnement, il s’affranchit du siège
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