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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon
Autoren: Gérald Messadié
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avril. Il s’installa chez Talleyrand.
    La débandade des parents et fidèles commença. Joseph et Jérôme Bonaparte, tremblant pour leur sécurité, sommèrent Marie-Louise de se rendre au premier corps d’armée autrichien qu’on pût trouver.
    Assigné à résidence à Fontainebleau, l’Empereur fut d’abord abandonné par son mamelouk Roustam, puis son valet Constant. Et bien d’autres. À Blois, son personnel quitta Marie-Louise. Elle montra le courage digne d’une archiduchesse : « Je serais plus calme, plus brave, si je partageais ton sort », écrivit-elle à son époux. Il lui répondit en la priant de payer sur le Trésor un million de francs chacun à Madame Mère, à Joseph, à Louis, à Jérôme, à Pauline et à Élisa et d’en prélever deux pour elle-même et le roi de Rome. Ce qu’elle fit, eux prirent l’argent et décampèrent tous. Des royalistes vinrent la dépouiller de ses bijoux, pour les déposer, dirent-ils, au Trésor national.
    Il ne resta plus de fidèles à l’Empereur que les Beauharnais, Marie-Louise et Caulaincourt.
    Sur proposition du tsar, Napoléon fut nommé souverain de l’île d’Elbe, et Marie-Louise, duchesse de Parme.
    Le 4 mai 1814, Napoléon mettait pied sur son nouveau royaume, et Louis XVIII entrait dans Paris.
    Joséphine apprit tout cela au château de Navarre. Peut-être les défunts, de l’autre côté du miroir, regardent-ils le monde comme elle le fit. Mais elle n’avait pas encore quitté ce monde et, même, Talleyrand et Metternich jugeaient qu’elle pourrait contribuer à affermir le règne commençant de Louis XVIII en tenant en respect les intrigues des Bonaparte ; car ni Joseph, ni Louis, ni même Lucien, le paria, n’avaient éteint leurs ambitions. Ils lui envoyèrent des messages au château de Navarre, l’encourageant à regagner la Malmaison, qui avait été un centre de grâces, si différent des raideurs compassées de Saint-Cloud et des Tuileries.
    Le tsar aussi lui adressa des messages empreints de bienveillance.
    Soutenue par Hortense, arrivée le 16 avril avec ses enfants, elle fit un effort pour se raccrocher à la vie. Elle retourna donc à la Malmaison, et la ranima. Le 14 mai, Alexandre I er lui rendit visite. Après le déjeuner, ils se promenèrent dans les jardins. Le printemps était frais, elle frissonna.
    L’accueil des deux femmes charma le tsar. Bientôt, ses visites se firent quotidiennes. Le grand vainqueur de Napoléon fut le bienfaiteur de son ancienne épouse et de sa belle-fille : il intercéda pour assurer leur bien-être matériel, allant jusqu’à offrir à Joséphine un palais à Saint-Pétersbourg ; il s’assura qu’Hortense recevrait les revenus du duché de Saint-Leu. Il veilla aussi à l’avenir d’Eugène.
    Une aussi illustre présence attira d’autres visiteurs qui avaient été trop prompts à ensevelir le passé : le roi de Prusse et ses fils, le prince de Neuchâtel, le maréchal de Wrede envoyé par le roi de Bavière et même l’infidèle Bernadotte, que ses convictions républicaines n’avaient pas retenu de se laisser nommer prince royal de Suède. Oui, Bernadotte, celui qui s’était lancé avec les Suédois dans la bataille pour se venger de son ancien compagnon d’armes.
    On vit même se présenter l’obstinée Germaine de Staël, sans doute venue contempler les vestiges d’un monde dont elle aurait voulu être reine. Une fois de plus, Joséphine refusa de la recevoir.
    Enfin, le 9 mai, Eugène apparut. Le coeur de sa mère se gonfla. Les larmes coulèrent sur les sourires. Il s’installa à la Malmaison, elle l’écouta parler de ses cinq petits-enfants qu’elle ne connaissait pas, Joséphine, Eugénie, Auguste, Amélie et Théodelinde, née quelques semaines auparavant.
    La vie sembla revenir à la Malmaison. Mais l’oubli, non. « Je me sens parfois si mélancolique que je pourrais mourir de désespoir », déclara-t-elle à une lectrice d’Hortense, Mlle Cochelet. Elle ne pouvait se résigner au sort de celui qu’elle appelait, comme jadis, « Bonaparte ».
    Les intrigues se tissèrent, comme les toiles d’araignée au printemps. Talleyrand, par l’entremise de Claire de Rémusat et d’une intime de Louis XVIII, tenta de lui faire signer une lettre à ce dernier. Elle refusa.
    Elle souffrait d’un refroidissement, mais, le 23, rassembla assez de forces pour recevoir à dîner le roi de Prusse et ses enfants. À la fin du repas, fiévreuse, elle gagna ses
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