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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon
Autoren: Gérald Messadié
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fit donc pas officiellement.
    Cependant, l’enfant allait souvent jouer au château de Bagatelle avec sa gouvernante. Napoléon arrangea une rencontre. Joséphine embrassa longuement le petit Napoléon et pleura :
    « Cher enfant, tu sauras peut-être un jour tout ce que tu m’as coûté. »
    La gouvernante fut indiscrète. Marie-Louise obtint que cela ne se reproduisît plus.
    Joséphine projeta de s’installer à l’Élysée pour être plus proche de son ancien époux. Cela lui fut déconseillé. Finalement, elle ne pourrait plus séjourner dans ce palais ; elle proposa de le céder contre des agrandissements du domaine de la Malmaison. Le décret du 10 février 1812 y pourvut. Elle reçut en échange le château de Laeken ; elle n’y alla jamais. Elle se replia sur la Malmaison.
    Napoléon résolut de conduire le roi de Rome à Rome et de s’y faire couronner pour la seconde fois, avant la dixième année de son règne, comme l’avait prévu le sénatus-consulte de 1810.
    Mais l’Espagne ? Il ne s’en occupait toujours pas, comme indifférent à l’hémorragie d’hommes, d’argent et de forces qui s’y poursuivait. Il s’occupait d’affaires tout à fait secondaires, comme des manquements à l’étiquette qui lui avaient été rapportés à la Malmaison, rappelant à la comtesse d’Arberg, dame d’honneur de Joséphine, que celle-ci, ayant été sacrée et couronnée, devait garder son rang. Il semblait avoir perdu de sa légendaire capacité de travail, se laissait aller à des somnolences. Parfois même, il semblait déraisonner, parlant de « [son] pauvre oncle Louis XVI ». Il s’était même indigné que la Suède eût mis sur le trône « un homme du commun », Bernadotte.
    Joséphine ne voyait rien de tout cela ; elle vivait dans l’autrefois, entretenant une gaîté artificielle à la Malmaison, régalant Cambacérès et le cardinal Maury, archevêque de Paris, des biscuits glacés et des mouffines confectionnés par l’épouse anglaise du concierge. Elle ne voyait pas qu’à Paris le prix du pain avait doublé et qu’une crise sévissait. La dernière fois, ç’avait été en 1789…
    Napoléon ne voyait pas non plus que la conscription déclenchait maintenant de véritables émeutes. Et que l’Empire devenait impopulaire. Même autour de lui, il ne s’avisait pas que l’étiquette sourcilleuse qu’il y avait imposée rendait la cour sinistre ; et ce n’était certes pas Marie-Louise qui l’eût égayée.
    Surtout, il était inconscient des transformations s’opérant en Europe et qui le menaçaient de plus en plus dangereusement. En Russie, une crise économique avait, dès décembre 1810, contraint le tsar Alexandre de rompre le blocus économique qui privait le pays des produits anglais dont il avait un besoin pressant, tels que des machines et des textiles. Il avait même accordé aux Anglais des tarifs douaniers préférentiels.
    Napoléon décida enfin de « punir » Alexandre. Fort de la plus grande armée de l’histoire, six cent cinquante mille hommes et cent quatre-vingts mille chevaux, et sans même avoir déclaré la guerre, il franchit le Niémen. Protégé sur sa gauche par les Prussiens sous Macdonald et, à droite, par les Saxons et les Autrichiens sous Schwarzenberg, il se dirigea vers Moscou. Après les victoires de Smolensk, en août, et de Borodino en septembre, Moscou tomba sans un combat.
    Ah, il avait fait payer au tsar le manquement à sa parole !
    Et maintenant, il proposa la paix. À sa surprise, le tsar la refusa. Napoléon ne se rendit pas compte qu’il était entré dans le repaire du loup. Le général Koutouzov s’était joué de lui, évitant tout combat décisif. Le ravitaillement devint difficile, car les paysans s’en prenaient aux troupes étrangères.
    Et l’hiver approchait.
    Napoléon tenta de faire sauter le Kremlin puis donna l’ordre de la retraite. Trop tard, on était déjà en octobre. La Grande Armée dut évacuer Smolensk, poursuivie par les Russes.
    Pendant ce temps, ô paradoxe, Joséphine recevait la comtesse Walewska et son fils, dont elle trouva qu’il ressemblait à l’empereur.
    Là-bas, à l’Est, le passage de la Bérézina à Studianka tournait au désastre. La faim, le froid, le typhus avaient anéanti la Grande Armée en novembre : il n’en restait plus que trente-sept mille hommes. Le 5 décembre, Napoléon, sautant dans un traîneau avec Duroc, Caulaincourt et un interprète polonais, se
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