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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon
Autoren: Gérald Messadié
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reconnaître tous ces sentiments en consentant à la dissolution d’un mariage qui désormais est un obstacle au bien de la France, qui la prive du bonheur d’être un jour gouvernée par les descendants du grand homme si évidemment suscité par la Providence pour effacer les maux d’une terrible révolution et rétablir l’autel, le trône et l’ordre social… »
    Saint-Jean-d'Angély observa une courte pause et reprit sa lecture :
    — « Mais la dissolution de mon mariage ne changera rien aux sentiments de mon coeur : l’Empereur aura toujours en moi sa meilleure amie. Je sais combien cet acte commandé par la politique a froissé son coeur, mais l’un et l’autre nous sommes glorieux du sacrifice que nous faisons au bien de la patrie. »
    L’assistance demeura immobile et muette, regards fixés sur l’homme et la femme qui avaient jusqu’alors formé le couple impérial. Eugène de Beauharnais avait failli se trouver mal.
    Joséphine se leva et descendit de l’estrade, suivie de Napoléon, qui l’accompagna à la porte. Là, ils se séparèrent, elle regagnant ses appartements et lui, son cabinet.
    Un souper fut servi.
    Eugène et Hortense de Beauharnais n’y assistèrent pas ; ils étaient près de leur mère.
    Parvenu dans son cabinet, Napoléon se laissa tomber sur la causeuse où il avait l’habitude de se reposer et se masqua le visage de la main, sous les regards consternés de Saint-Jean-d'Angély et du baron de Méneval, son secrétaire. Il demeura ainsi un long moment. Quand il se leva enfin, son masque semblait défiguré.
    Le vainqueur du monde subissait sa plus grande défaite : celle qu’il s’était lui-même infligée.
    Les yeux de Méneval s’embuèrent. Il savait à quel point son maître avait éprouvé le besoin de son épouse. Un besoin lancinant de jour et de nuit. N’avait-il pas, huit mois plus tôt, presque jour pour jour, réveillé l’impératrice en pleine nuit, à 2 heures, pour la contraindre à le suivre dans une visite des villes frontières d’Alsace ? Elle avait à peine eu le temps d’enfiler une robe et un manteau de nuit, boutonné jusqu’au cou, et de serrer ses cheveux dans un foulard de cachemire. Ses dames de cour n’étaient pas mieux loties et quand le jour s’était levé, à la première étape, les officiers n’avaient pu masquer leur étonnement devant leur tenue. Seigneur, comme le temps filait ! Et comme l’âme est inconstante !
    L’Empereur esquissa un pas vers la porte et se ravisa. Avait-il projeté de se rendre dans les appartements de l’impératrice ? Toujours fut-il qu’il se ressaisit. Le stoïcisme durcit à nouveau ses traits.
    — Qu’on nous serve à souper ici, dit-il.
    En attendant, il alla à la fenêtre et écarta les rideaux car, de la sienne, on apercevait celles des appartements de l’impératrice. Elles étaient toutes éclairées. Elles le resteraient toute la nuit.
    Mais il ne pouvait voir à travers les rideaux tirés.
    Il pleuvait à verse le lendemain et la neige se changeait en gadoue. Napoléon annonça qu’il irait à Trianon. Joséphine partirait sans doute pour la Malmaison. Après un en-cas rapidement avalé, l’Empereur parut agité. Un fracas d’équipages et de sabots le tira brusquement vers la fenêtre de son cabinet. À travers les vitres ruisselantes, on apercevait L’Opale, le carrosse doré de l’Impératrice, avancé devant le perron. Les valets chargeaient les malles dans les voitures suivantes. Napoléon sortit brusquement et se dirigea vers les appartements de celle qui, la veille encore, était son épouse. Elle était à la porte, en tenue de voyage. À la vue de l’Empereur, elle fondit en larmes. Il la prit dans ses bras et l’embrassa avec tendresse. Elle défaillit et manqua tomber. Il la laissa aux soins de Méneval et s’esquiva.
    — Priez l’Empereur de ne pas m’oublier…, murmura-t-elle. Méneval hocha la tête et l’assura qu’il transmettrait la prière.
    Mais il ne pouvait s’attarder et risquer de faire attendre son maître. Il s’arracha aux mains implorantes de Joséphine, dévala l’escalier et courut vers la cinquième calèche, où il prit place haletant aux côtés de Saint-Jean-d'Angély. L’Empereur et sa famille étaient montés dans les quatre premières voitures, dont on claquait les portières.
    Les chevaux ruisselaient comme les bonnets de cuir des postillons. Le soleil avait déserté la France. Ou peut-être seulement
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