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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables
Autoren: Patrick Girard
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Si
quelqu’un préfère habiter la ville, il n’a pas besoin d’un bien rural. »
    — Dommage
pour moi que mon père ait omis de lire ce Magon !
    — Qu’en
sais-tu ? Il a décidé d’agir différemment mais c’est un bon argument que
tu pourras lui faire valoir lorsque tu lui reparleras – car tu le
feras tôt ou tard – de tes projets.
    — Merci
de ce conseil avisé que je te revaudrai. Et que dit d’autre ton Magon ?
    — As-tu
vu les vignes hier ?
    — Oui.
    — Qu’as-tu
remarqué ?
    — Que
je ne manquerai jamais de vin !
    — Rien
d’autre ?
    — Non.
    — Si
tu avais été plus attentif, tu aurais noté qu’elles étaient plantées de manière
très précise, conformément au conseil de Magon : « Il faut orienter
les vignobles vers le nord, pour éviter, dans la mesure du possible, la forte
chaleur, planter les vignes dans des trous garnis préalablement de pierres afin
de protéger les racines de l’eau l’hiver, de la chaleur l’été ; ne pas
combler immédiatement ces trous, mais progressivement, d’année en année, de
façon à faire pénétrer les racines en profondeur, fertiliser les arbres avec de
la lie de vin et du fumier. »
    — J’en
prends bonne note s’il me vient un jour l’envie de planter de nouveaux
vignobles. Mais, vois-tu, Épicide, ce qui m’a frappé hier, c’est le nombre
incroyable des troupeaux, surtout ceux de bœufs, dont on paraît prendre soin
plus que des hommes. Ton Magon serait-il responsable de cet état de
choses ?
    — Peut-être.
Dans son traité, il ne parle pas des hommes mais écoute ce qu’il dit des
bœufs : « Ils doivent être jeunes, trapus, avec de grands membres, de
longues cornes noirâtres et solides, un front large, des oreilles poilues, des
lèvres et des yeux noirs, des narines ouvertes et repliées, une nuque longue et
musclée, un fanon ample et descendant jusqu’aux genoux, une poitrine bien
développée, de vastes épaules, un gros ventre semblable à celui d’une bête
pleine, des flancs allongés, des revers larges, un dos droit et plat ou
légèrement affaissé, des cuisses rondes, des jambes épaisses et droites, plutôt
courtes que longues, des genoux stables, de grands sabots, une queue très
longue et poilue, le poil dru et court sur tout le corps, de couleur rousse ou
brune et très doux au toucher. »
    — Epicide,
que de leçons en une seule matinée ! Tu connais Magon aussi bien
qu’Aristote ou Homère. Va-t-il falloir que j’apprenne par cœur ton
traité ?
    — Tu
rêves d’être militaire, n’est-ce pas ?
    — Cesse
de me torturer, Épicide. Pas toi !
    — Hamilcar,
apprends à te discipliner et à réfléchir. Ton caractère impétueux n’est pas
déplaisant mais il te nuit comme tu as eu l’occasion de t’en rendre compte lors
de ta querelle avec ton père. Si je t’ai parlé de Magon, c’est pour une simple
raison. Selon toi, à quoi tient la force d’une armée ?
    — A
ses armes et au nombre de ses hommes.
    — C’est
un élément mais, s’ils n’ont pas de ravitaillement, les soldats ne servent à
rien. Comment veux-tu commander une troupe affamée parce que son chef n’a pas
su évaluer les réserves nécessaires ? Et comment le savoir si l’on ignore
tout du travail de la terre et des richesses du pays ? Il est donné à
quiconque de pouvoir se battre. Moi-même, si tu me fournissais un glaive, je
finirais bien par apprendre à le manier. Être un bon général requiert tout
autre chose. Il faut savoir se préoccuper de tout, dans le moindre détail,
aussi bien de l’habillement des soldats que des risques de pluie et de
sécheresse, aussi bien de l’approvisionnement en fourrage que de l’emplacement
des sources d’eau potable. Ce ne sont pas là des choses qui s’apprennent en
ville. Voilà pourquoi tu dois mettre à profit ton séjour dans cette propriété
pour mesurer l’importance de toutes ces choses. Plus tard, lorsque tu te
montreras meilleur officier que d’autres, tu remercieras Adonibaal de t’avoir
infligé cette punition. Tu regretteras même qu’elle n’ait pas été assez longue.
    — Épicide,
tu me rends l’espoir. Je souhaite seulement que ce ne soient pas là de simples
paroles pour atténuer mon chagrin. Je te promets de me conformer à ce que tu me
diras de faire.
     
    ***
     
    Hamilcar
avait respecté ses engagements. Pendant une année, il avait vécu sur la
propriété sans prendre un seul jour de repos. Le
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