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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables
Autoren: Patrick Girard
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prêtre
murmurait d’interminables prières dans une langue incompréhensible à la
quasi-totalité des présents. Puis la fête commença. Hamilcar avait fait tuer
plusieurs bœufs et des dizaines de moutons pour les esclaves qui n’en croyaient
pas leurs yeux. Certains n’avaient pas mangé de viande depuis des années. Ils
se tenaient par petits groupes devant les carcasses des animaux qui rôtissaient
sur des broches sous lesquelles on avait allumé des tas de sarments noueux.
Quand l’odeur de la chair cuite devint par trop forte, les plus impatients se
précipitèrent pour arracher, en se brûlant les doigts, des lambeaux de chair.
Puis, repus, ils s’endormirent sur place. Seuls quelques-uns, en particulier
les Éthiopiens, vite rejoints par des femmes de leur race, se rassemblèrent et
commencèrent à danser tout en chantant des airs aux sons rauques et étranges.
Tard dans la nuit, un esclave vint prévenir Himilk que des couples forniquaient
derrière les écuries, en violation des règles qui interdisaient aux non-libres
les relations sexuelles et les boissons fermentées. Interrogé du regard,
Hamilcar fit signe qu’on les laissât en paix, pour une fois, peut-être pour la
seule fois de leur courte vie.
    Le fils
d’Adonibaal s’était bien gardé de se joindre aux réjouissances des
travailleurs. Il avait préféré festoyer en compagnie d’Himilk et d’Epicide,
tout étonnés de se trouver ensemble. C’était sa manière à lui de leur exprimer
sa reconnaissance pour tout ce qu’ils lui avaient appris. Mais il voulait aussi
solliciter leur avis sur ce qui lui tenait le plus à cœur, son avenir.
    Ce fut
pour lui l’une des soirées les plus belles et les plus importantes de sa vie.
Depuis quelques mois, un changement profond s’était opéré en lui, de manière
indéfinissable. Il avait cessé d’être un adolescent débordant d’une énergie mal
maîtrisée. Désormais, il pesait ses paroles et ses gestes et se surprenait
parfois à se moquer de l’attitude des jeunes gens de son âge qu’il lui arrivait
de croiser lors de ses rares visites à Aspis. Ce soir, il n’était pas peu fier
de la grandiose journée de fête dont le domaine avait été le théâtre. Aussi, à
la fin du repas, il ne put s’empêcher de dire à ses convives :
    — Par
Cid, dieu de la chasse et de la pêche, je souhaite connaître bien d’autres
moments comme celui-là !
    — Puissent
tes vœux être exaucés, lui rétorqua Himilk. La fête restera dans le souvenir de
tous ceux qui y ont assisté. Nos petits-enfants en parleront à leurs propres
enfants et vanteront tes mérites, noble fils d’Adonibaal.
    — Hamilcar,
je suis fier de toi, ajouta Épicide. Tu sais l’affection que je te porte depuis
que tu es devenu mon élève. Certes, je ne suis qu’un esclave, mais je suis
celui avec lequel tu as passé le plus de temps depuis ta naissance.
Aujourd’hui, j’ai l’impression que ma tâche est terminée. Je n’ai plus rien à
t’apprendre que tu ne saches déjà. Ce qui te reste à découvrir, c’est la vie et
non un précepteur qui s’en chargera.
    — Merci
à tous deux de vos compliments. À mon tour de vous dire que je mesure tout ce
que vous avez fait pour moi. Toi, Epicide, tu m’as ouvert les yeux sur le monde
et tu n’as jamais ménagé tes efforts pour m’obliger à donner le meilleur de
moi-même. Tu n’as pas été un maître dur, mais tu as été exigeant. Tu ne m’as
jamais réprimandé. Tu faisais pire. Tu me disais : tu me déçois. C’était
la plus terrible des punitions. Mon apprentissage prend peut-être fin mais
sache que tu resteras à mes côtés car j’ai besoin de ta sagesse.
    — Hamilcar,
c’est le plus beau cadeau que tu puisses me faire.
    — Quant
à toi, Himilk, le fils d’Adonibaal ne regrette pas de t’avoir connu. Par
Melqart, j’étais plutôt furieux de la décision de mon père de m’envoyer dans ce
domaine et je ne rêvais que d’une chose : me venger sur toi de cette
injustice. Il m’est arrivé de te rudoyer et de prendre des décisions contraires
aux tiennes dans le seul dessein de t’humilier. J’ai scruté les registres de
comptes pour te prendre en faute.
    — Tu
as su te montrer généreux en me pardonnant un acte que je n’aurais pas dû
commettre.
    — Parce
que j’ai compris peu à peu que tu étais dévoué à ma famille. Je t’ai bien
observé, surtout lorsque tu as décidé d’avancer la date de la moisson. Tu
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