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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables
Autoren: Patrick Girard
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matin, il était le premier
levé et, le soir, il s’endormait en titubant de fatigue. Pendant un temps, il
s’était occupé uniquement du cheptel, allant des écuries aux étables puis
surveillant la tonte des moutons dont la laine était hissée à bord de chariots
destinés aux ateliers de Carthage. Ensuite, lassé par les animaux, le fils
d’Adonibaal s’était passionné pour les oliviers, à la saison même où on les
plantait, au sortir des grandes chaleurs de l’été. Un vieil esclave lui avait
appris qu’il fallait ménager entre chaque arbre une distance d’au moins
soixante-quinze pieds et choisir pour eux un terrain maigre et bien exposé au
vent. Il avait aussi participé à la récolte des olives et à toutes les phases
de la transformation de ces curieux fruits en cette huile dont lui et les siens
faisaient un si grand usage. Il avait admiré la gigantesque pierre ronde qui
tenait lieu de pressoir et que faisaient tourner des dizaines d’esclaves
auxquelles des femmes apportaient de temps en temps à boire.
    Durant la
mauvaise saison, il s’était enfermé avec Épicide pour étudier avec lui le
traité de Magon dont il appréciait la précision et le solide bon sens. Dans le
même temps, il s’était plongé dans l’examen des comptes du domaine tenus
jusque-là par Himilk. L’intendant n’était pas, loin s’en faut, un modèle
d’honnêteté. Ce n’était pas non plus un voleur ou un escroc. Il se contentait
de menus larcins, oubliant d’enregistrer deux ou trois brebis, s’appropriant
quelques jarres d’huile ou des mesures de blé ou gardant pour lui le produit de
la vente de certains esclaves. Lorsqu’il fut en possession de tous les
chiffres, il convoqua Himilk. Ce dernier pénétra dans la pièce, obséquieux
comme à son habitude :
    — Je
suis honoré que le fils du tout-puissant Adonibaal ait demandé à me voir.
    — Himilk,
tu te réjouiras moins dans quelques instants lorsque tu auras entendu ce que
j’ai à te dire.
    — Je
ne comprends pas.
    — Crois-tu
que mon père serait satisfait d’apprendre que tu le voles ? Crois-tu qu’il
te pardonnerait d’avoir gardé pour toi la somme que tu as reçue pour la vente
de trois esclaves à un marchand d’Aspis ?
    — C’est
un malentendu. L’acheteur n’a pas fini de payer ce qu’il me doit et je n’ai pas
voulu faire figurer ces chiffres dans les comptes du domaine tant que la
totalité n’aura pas été versée.
    — Tu
mens mal. J’ai rencontré l’acheteur à Aspis et il m’a juré qu’il avait payé
comptant les esclaves. Deux magistrats de la cité m’ont dit la même chose et
sont prêts à témoigner.
    — Maître,
pardonne-moi. J’ai mal agi. J’étais à la veille de marier ma fille et je ne
savais pas comment faire face aux dépenses de la cérémonie. J’ai fauté. Tu es
en droit de me punir sévèrement.
    — Je
ne le ferai pas. Ton père a servi loyalement ma famille et, toi-même, tu
diriges plutôt bien ce domaine. Tu n’es pas, loin de là, le pire des intendants
ou le plus malhonnête. À Aspis, on m’a raconté beaucoup de choses sur tes
collègues et elles étaient infiniment moins flatteuses que les propos tenus à
ton égard. Je ne dirai rien à Adonibaal mais, le jour venu, quand je
solliciterai ton aide, n’oublie pas ce que tu me dois.
    — Tu
peux être assuré de ma loyauté et de ma fidélité, Hamilcar, parce que tu sais
faire preuve de générosité. Tu es jeune, très jeune, mais je crois que tu
porteras haut le nom des Barca.
    Pour le
fils d’Adonibaal, le meilleur moment lors de son séjour dans le domaine
paternel avait été la période des moissons. Les champs de blé aux épis chargés
de lourds grains s’étendaient à perte de vue. C’était comme une mer gigantesque
et qui ondulait lorsqu’en fin de journée soufflait une légère brise en
provenance du Beau Promontoire. Pour la récolte, des centaines d’esclaves avaient
été amenés dans la propriété et répartis en groupes de dix hommes. Le soir, on
les entendait rire et chanter autour des grands feux qu’ils allumaient pour le
seul plaisir de voir les flammes rougeoyer et s’élever dans la nuit, dans un
crépitement d’étincelles. À plusieurs reprises, Épicide avait mis en garde
Hamilcar contre les risques de la propagation du feu aux bâtiments.
L’adolescent avait haussé les épaules : « Laisse-les faire. C’est la
seule joie qu’ils ont. Tu ne voudrais pas les en
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