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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables
Autoren: Patrick Girard
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Laconiens ; en fait, ces trois régimes, celui de Crète,
celui de Laconie et le troisième, celui des Carthaginois, sont assez voisins
l’un de l’autre et fort différents des autres. Nombre d’institutions à Carthage
sont bonnes ; et c’est le signe d’une constitution bien organisée qu’avec
l’élément populaire qu’elle a, Carthage reste attachée à son organisation
constitutionnelle et qu’il n’y a jamais eu, chose digne de remarque, ni
sédition ni tyran.
    Ce
régime a des institutions analogues à celles de la constitution
laconienne : les repas en commun des associations politiques semblables
aux phidities, la magistrature des Cent Quatre, à celle des Éphores (mais, ce
qui n’est pas plus mal, tandis que ceux-ci sont choisis parmi les premiers
venus, l’autre corps de magistrats l’est d’après le mérite) : enfin les
rois et le Conseil des Anciens sont analogues aux rois et aux Anciens de
Sparte ; mais ici, l’avantage est que les rois n’appartiennent pas à la
même famille, ni à une famille quelconque, et que, s’il y a une famille
supérieure, on les choisit là par élection, plutôt que d’après leur âge, car
une fois maîtres de pouvoirs considérables, s’ils sont insignifiants, ils
risquent de faire beaucoup de mal et ils en ont déjà fait à la cité des
Lacédémoniens.
    Le
résultat de cette lecture studieuse n’avait pas été celui escompté par le
sénateur. Depuis son enfance, son fils ne rêvait que d’une chose, devenir
militaire et partir guerroyer en Sicile, en Sardaigne ou dans les vastes
étendues de terre entourant Carthage et peuplées de tribus rebelles. Hamilcar
avait rétorqué à Épicide : « Ton Aristote n’a qu’un seul mérite à mes
yeux, celui d’avoir été le précepteur d’Alexandre de Macédoine dont tu m’as
appris les glorieux exploits. Que sont, à côté de ceux-ci, les hauts faits d’un
membre du Conseil des Cent Quatre ? » Avec son père, il avait été
plus virulent :
    — Je
ne veux pas de l’avenir que tu me réserves. Il est tout juste bon pour les fils
de marchands qui rêvent de briguer nos plus hautes magistratures afin de rendre
illustre leur patronyme. Nous, les Barca, nous n’avons pas besoin de cela. Ton
grand-père et ton père ont été suffètes [8] , tu sièges toi-même au Conseil des Anciens et au Sénat. Ceux-ci
peuvent bien se passer de moi.
    — Hamilcar,
tu parles comme un jeune écervelé. Les leçons d’Épicide n’ont servi à rien. Par
Melqart, je regrette presque de l’avoir acheté aussi cher en pensant qu’il
veillerait soigneusement à ton éducation et ferait de toi le digne héritier de
notre lignée. Sache que, si notre famille a occupé les plus hautes charges de
la cité, c’est parce que le pouvoir est la condition même de la réussite.
Fût-il le plus riche des négociants ou le plus valeureux des guerriers, un
homme n’est rien chez nous s’il ne siège pas au Sénat. Crois-tu que ton fils
pourra reprendre ma succession après que tu auras satisfait tes propres désirs
en t’effaçant de la scène publique ? Non. Car, à ce moment-là, plus personne
ne se souviendra du nom de Barca. Tu seras responsable de son oubli et cela, je
ne puis le permettre.
    — Père,
je t’en supplie, je veux devenir soldat.
    — Il
n’en est pas question et je ne veux plus entendre parler de ce projet stupide.
D’ailleurs, j’ai pris ma décision. Tu partiras cet après-midi même pour notre
propriété d’Aspis [9] , près du Beau Promontoire, en compagnie de ton précepteur. Je l’ai
chargé de t’apprendre à gérer un domaine et tu ne reviendras à Carthage
qu’après avoir fourni la preuve que tu en es capable. J’ai dit.
    Voilà
pourquoi, depuis quelques mois, Hamilcar et Épicide se trouvaient dans l’une
des immenses propriétés de la famille Barca, en plein cœur d’une riche contrée
que les Carthaginois considéraient comme le grenier de leur ville. C’est d’elle
qu’ils tiraient le vin, le blé, l’huile, les fruits et les légumes nécessaires
à leur subsistance.
    Dans les
premiers temps, Hamilcar, rendu furieux par la punition paternelle, s’était
muré dans le silence. Il passait ses journées enfermé dans sa chambre, ne
consentant à apparaître qu’à l’heure des repas. Il n’adressait pas la parole à
son précepteur qu’il soupçonnait d’être de connivence avec Adonibaal. Après
tout, il n’était qu’un esclave et, tout lettré
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