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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables
Autoren: Patrick Girard
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priver ? »
    Un soir,
après une ultime tournée d’inspection dans les champs, Himilk avait prononcé
ces simples mots : « Nous commencerons demain matin. » Surpris,
Hamilcar lui avait demandé pourquoi. L’intendant avait souri avant d’expliquer
au jeune homme : « As-tu remarqué les lourds nuages qui encombrent le
ciel au-dessus du Beau Promontoire ? Je n’aime pas cela. À cette période
de l’année, les pluies peuvent être violentes même si elles durent peu. En
quelques heures, tout le travail d’une saison peut être réduit à néant. Je ne
veux pas que cela se produise. C’est pourquoi je préfère ne pas
attendre. »
    Pendant
huit jours, les centaines d’esclaves présents sur le domaine avaient travaillé
d’arrache-pied, des premières lueurs de l’aube jusqu’à la tombée de la nuit. Au
fur et à mesure, les champs perdaient leur abondante chevelure. Un matin, tout
le domaine ne fut plus qu’un gigantesque crâne chauve. Pendant que la plupart
des esclaves s’affairaient dans les champs, d’autres battaient les épis sur
l’aire pour en faire sortir les grains. Là, la main-d’œuvre était moins
nombreuse car Himilk avait introduit dans la propriété ce que les habitants de
la région appelaient avec un brin d’ironie « le chariot
carthaginois », une planche hérissée de pointes de fer et tirée par des
bœufs. Grâce à cet ingénieux dispositif complété parfois par des traverses
armées de dents avec des roulettes, il était possible de trier le grain des
épis plus rapidement. Les femmes remplissaient leurs paniers de grains et les
déversaient ensuite dans les immenses cuves de pierre dissimulées à l’intérieur
des hangars dont le toit était capable de résister aux pires intempéries.
    Himilk
n’avait pas eu tort de faire commencer les travaux plus tôt que prévu. Deux
jours après la fin de la moisson, des pluies d’une rare violence s’abattirent
sur la région, provoquant d’importants dégâts dans les canalisations et les
vergers. Gorgée d’eau, la terre paraissait demander pitié. Tant que dura la
pluie, hommes et bêtes se tinrent à l’abri, grelottant de froid en dépit des
feux allumés à l’intérieur des bâtiments. La nuit, les plus superstitieux
tremblaient en entendant gronder le tonnerre et en imaginant les éclairs
transpercer les deux telles des flèches de feu. Au terme de la cinquième nuit,
la pluie cessa et le soleil refit son apparition. Tous sortirent dès les
premières lueurs de l’aube pour contempler les champs noyés dans les volutes de
la fumée montant de la terre trop grasse. À la fin de la journée, celle-ci
était déjà sèche, voire craquelée, cependant que la chaleur se faisait de plus
en plus accablante.
    Quelque
temps après, vint l’époque des vendanges. Là encore, des centaines d’esclaves
parcoururent les vignobles, déposant les lourdes grappes de raisin dans des
paniers d’osier cependant que des chariots effectuaient d’incessants trajets
entre les vignes et le pressoir où des travailleurs spécialement choisis par
Himilk foulaient à leurs pieds les grappes et en tiraient le vin qui ferait la
joie des habitués des tavernes de Carthage.
    Pour clore
ces travaux avant que ne débute la mauvaise saison, Hamilcar Barca décida, sur
les conseils d’Epicide, d’organiser une fête en l’honneur de Déméter [10] . Cette divinité était jadis adorée par les seuls Grecs mais les
Carthaginois avaient découvert son existence lors de la fondation de leurs
colonies en Sicile. Sans doute leur avait-elle été bénéfique car, depuis une
centaine d’années, le Sénat de Carthage avait officiellement autorisé son culte
et lui avait même érigé un temple au cœur de la cité. Un courrier fut dépêché
par Hamilcar à Adonibaal pour lui demander de faire venir à Aspis un prêtre de
Déméter afin d’offrir un sacrifice à la déesse. Quelques jours plus tard,
l’homme, richement vêtu, fit son entrée dans la cour principale du domaine.
C’était un Grec de Sicile comme Epicide avec lequel il se lia d’amitié et
échangea de nombreuses plaisanteries.
    Le matin
suivant, en présence d’Hamilcar, d’Himilk et de tous les esclaves qui n’étaient
pas requis par des travaux urgents, il offrit un sacrifice à Déméter. On fit
brûler dans de lourds vases des parfums à l’odeur douceâtre, des agneaux et des
pigeons furent égorgés sur la table des sacrifices pendant que le
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