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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables
Autoren: Patrick Girard
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ne pas violenter vos femmes.
    — C’est
pourtant ce que tu comptais faire.
    — Comment
le sais-tu ?
    — Tu
n’es pas le seul à avoir des informateurs à ton service.
    — Ils
t’ont bien renseigné mais, entre-temps, j’ai changé d’avis.
    — Le
lion pris au piège tente d’amadouer la gazelle et devient doux comme un agneau.
Ne compte pas sur ma pitié. Tu resteras bloqué ici et tu périras sous peu de
faim et de soif dans d’atroces souffrances. J’observerai avec joie ton agonie.
    Un bruit
au loin se fit entendre. Magon avait réussi à escalader le bloc énorme qui
coupait la retraite de son chef et, feignant alors la plus profonde détresse,
il s’adressa à Hamilcar :
    — Ne
perds pas espoir. Tu n’as qu’une seule solution pour te tirer de ce mauvais pas
dont je porte la responsabilité. De ce côté, tu ne peux gravir la roche. Plonge
donc dans le torrent avec ton cheval. Le courant te portera vers nous. Avec nos
harnais, nos baudriers et nos ceintures, je vais confectionner une corde solide
que tu saisiras au passage afin que nous puissions te tirer vers la rive.
Laisse-moi le temps de la préparer et je te donnerai le signal.
    Après
quelques minutes, Magon cria à Hamilcar :
    — À
toi de jouer ! Nous t’attendons. Courage, tu seras bientôt sain et sauf.
Dès que tu seras dans l’eau, tente de nager de manière à te retrouver du côté
de la rive gauche.
    — Magon,
je n’oublierai jamais ce que tu fais pour moi et je te promets de te couvrir de
récompenses dès que nous serons de retour au camp.
    — Hamilcar,
je ne te demande rien. Ce que je fais maintenant est la récompense de bien des
années passées à ton service et de ton comportement à mon égard. Courage, ami,
et à bientôt !
    Le fils
d’Adonibaal fit quelques pas en avant puis volte-face et lança son cheval au
galop. L’animal se jeta dans l’eau, les naseaux frémissants, et nagea
courageusement, les flancs battus par les remous glacés du torrent, encouragé
d’une voix forte par son maître. En quelques secondes, la monture et son
cavalier parvinrent à la hauteur de Magon, seul sur la rive escarpée, une corde
à la main. L’aide de camp regarda fixement le général et son bras n’exécuta aucun
mouvement.
    — Magon,
supplia Hamilcar, lance la corde.
    — Non.
Tu as fait périr mon fils unique par le feu, je le ferai par l’eau pour toi.
    — Tes
hommes sont postés plus bas. Crois-tu qu’ils agiront de la sorte envers
moi ?
    — J’en
doute mais ils n’ont pas de corde en leur possession.
    À peine
avait-il prononcé ces mots que le cheval d’Hamilcar heurta un rocher. Assommé
par le choc, le général fut ballotté par les flots turbulents tel un pantin
disloqué avant de couler sous le poids de son armure.
    Quand Magon
et ses hommes, qu’il avait rejoints, retrouvèrent, tard dans l’après-midi, son
corps à plusieurs stades de l’endroit où il s’était jeté dans l’eau, il avait
cessé de vivre. Sans un mot, ils le chargèrent sur un cheval et prirent le
chemin de retour, ignorant qu’ils étaient suivis.
    Au camp
des Carthaginois, les deux premiers escadrons revinrent à la tombée de la nuit.
L’on attendit longtemps le retour d’Hamilcar, de Magon et de leurs hommes.
Finalement, les officiers supputèrent qu’ils avaient peut-être préféré passer
la nuit à l’abri et qu’on les verrait arriver dès les premières lueurs de
l’aube. Pour la forme, quelques sentinelles supplémentaires furent placées aux
avant-postes mais ne signalèrent rien de suspect.
    Pourtant,
au petit matin, on distingua au loin une troupe d’Ibères qui ne tarda pas à
rebrousser chemin. Une escouade de cavaliers fut dépêchée sur les lieux et fit
une découverte macabre. Sur un lit de branchages, les assiégés avaient déposé
le corps d’Hamilcar, auquel, contrairement aux habitudes, ils avaient laissé
ses armes et sa cuirasse. À côté, posée par terre, la tête décapitée de Magon
avec dans sa bouche une bague que le sénateur Carthalon s’empressa de faire
disparaître. Hamilcar Barca, le lion du désert, n’était plus.
    Prévenu
par un messager, son gendre Hasdrubal regagna Heliké et fit à son beau-père de
splendides funérailles avant de s’emparer de la ville et de passer au fil de
l’épée tous ses habitants, hommes, femmes, enfants et vieillards. Il promit
toutefois la vie sauve au principal magistrat de la cité si ce dernier lui
révélait pourquoi il
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