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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables
Autoren: Patrick Girard
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réputés. Je te donne ma parole
que nous agirons comme je viens de le dire. Mais qui me garantit que tu respecteras
tes engagements et que tu lèveras le siège ? Les Carthaginois ne sont
jamais avares de promesses qu’ils oublient de tenir. Les mercenaires l’ont
appris à leurs dépens.
    — Je
comprends ta méfiance et suis prêt à beaucoup pour la dissiper. Prends cette
bague gravée à mon nom. Le simple fait que tu l’aies en ta possession signifie
que nous nous sommes rencontrés. Si je manquais à ma parole, tu pourrais t’en
servir contre moi et je suis sûr que tu n’hésiterais pas à le faire. Tu vois
que tu n’as rien à craindre.
    — Je
n’aimerais pas appartenir à un peuple capable de faire passer de vie à trépas
le meilleur de ses fils. Mais le salut de ma cité prime avant tout. Demain
soir, une torche agitée par trois fois sur nos murailles te préviendra que nous
tenterons au petit matin une sortie. A toi d’agir en conséquence.
    De retour
au camp, Magon et Carthalon se séparèrent rapidement et regagnèrent leurs
tentes respectives. Vers le milieu de la matinée, Hamilcar convoqua tous les
officiers de son état-major et convia également à la réunion le sénateur :
    — Quoi
de neuf ? fit le général en chef, d’un ton las et désabusé. Magon, je t’ai
cherché cette nuit mais tu étais introuvable. L’un de tes gardes m’a dit que tu
devais être en galante compagnie quelque part dans le camp.
    — Je
n’ai pas eu cette bonne fortune. Avec quelques éclaireurs, j’ai patrouillé hors
de nos lignes car j’avais observé des mouvements suspects près de Heliké. Je ne
sais trop ce que cela signifie. Il est possible que de nouvelles tribus
montagnardes aient décidé d’aller porter secours à leurs frères et que les
assiégés tentent prochainement une nouvelle sortie.
    — J’en
doute. Mon gendre Hasdrubal surveille toute la région. Je l’ai envoyé en
expédition il y a plus de quinze jours de cela et, s’il avait remarqué la
moindre chose, il m’aurait fait prévenir par un messager.
    — Ce
dernier a pu être tué par nos ennemis.
    — Effectivement.
Dans ce cas, cela veut peut-être dire que les assiégés préparent une attaque.
    — Hamilcar,
tu raisonnes maintenant justement. C’est pour eux la seule chance de salut.
S’ils parviennent à nous surprendre et à détruire notre camp, nous nous
trouverons en mauvaise posture et nous devrons nous replier vers le Cap blanc.
    — Magon
exagère, fit Carthalon. Ces misérables doivent être à bout de forces et tentent
de nous abuser en faisant croire à l’arrivée de secours. Il suffit pour cela de
faire un peu de bruit et de soulever de la poussière. Les culbuter est une
tâche que nous pourrions confier à nos esclaves et dont ceux-ci
s’acquitteraient à merveille.
    — Que
suggères-tu ? fit Hamilcar.
    — Dans
l’hypothèse où ces insensés quitteraient l’enceinte fortifiée derrière laquelle
ils se terrent comme des lâches, je dégarnirais ton camp et je lancerais toutes
mes forces à l’assaut de la ville. Tu es sûr de réussir.
    — Fils
de Baalyathon, tu es peut-être un fin politique mais tu ignores tout de l’art
de la guerre. Un général qui laisse sans défense son camp est condamné à voir
celui-ci détruit. Je le sais d’expérience car, jadis en Sicile, les consuls
romains ont souvent commis cette erreur dont nous avons largement profité. Il
n’est pas de mon intention de tomber dans un piège aussi grossier. Si la
garnison d’Heliké tente une sortie, je me porterai à sa rencontre avec Magon et
mes seuls cavaliers numides. Les autres hommes ne quitteront pas le camp.
    — Qui
les commandera ?
    — Mais
toi, mon cher Carthalon. Voilà pour toi l’occasion inespérée, que tu ne
retrouveras plus jamais, de faire ton apprentissage de soldat.
    — Tu
plaisantes ! Je n’ai aucune expérience de la guerre comme tu l’as dit et
j’ai de la peine à marcher. Tu te laisses égarer par Magon qui veut me jouer un
mauvais tour. Je ne l’aime pas et il me le rend bien. Je l’ai vu à la manière
dont il m’a accueilli froidement et n’a cessé de me manquer d’égards.
    — Vos
misérables querelles ne m’intéressent pas. Vous réglerez vos comptes après la
bataille. Rassure-toi, tu ne seras pas seul. Mes autres officiers resteront
avec toi et sauront t’aider par leurs conseils avisés. Moi, il me suffit
d’avoir mon aide de camp à mes côtés.
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