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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables
Autoren: Patrick Girard
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qu’avant de partir pour cette expédition
tu as fait jurer à ton fils Hannibal, devant les autels de nos dieux, qu’il ne
serait jamais l’ami des Romains. Ton fils a prêté ce serment et s’en est
glorifié auprès de ses compagnons. Chez vous, les Barca, la haine des Romains
est une tradition familiale et je te mets au défi de me prouver le contraire.
    Depuis
quelques instants déjà, Hamilcar ne prêtait plus attention aux médiocres propos
de Carthalon. Il avait compris que celui-ci ne parlait pas au nom du Sénat mais
pour un petit groupe d’individus timorés qui confondaient les intérêts de
Carthage avec le désir d’accroître leurs propres richesses. Le sénateur n’était
donc porteur d’aucun ordre ni investi d’aucune mission officielle. La poursuite
de leur entretien n’avait plus de raison d’être. Pourtant, il laissait
Carthalon continuer à dévider ses arguments. Lui, Hamilcar Barca, fils
d’Adonibaal et père d’Hannibal, était ailleurs. Il voyait se dérouler devant
lui le fil de sa vie.

Chapitre 1
    La maison
résonnait de mille bruits familiers. Dans les cuisines, les esclaves
préparaient déjà le repas de la mi-journée. D’autres nettoyaient la vaste cour
intérieure bordée de portiques. Au loin, l’on entendait le hennissement des
chevaux dans l’écurie et le son lourd de la masse sur l’enclume de la forge.
Dans un recoin, une vieille édentée filait la laine avec une infinie patience.
Elle semblait presque se confondre avec le mur contre lequel elle s’appuyait
comme si elle voulait échapper à la surveillance tatillonne de l’intendant, un
nommé Himilk, réputé pour sa sévérité.
    Vêtu d’une
courte tunique de lin blanc rehaussée de parements noirs, un homme d’une
quarantaine d’années furetait à travers le long dédale des pièces. Épicide,
précepteur d’Hamilcar Barca, recherchait son élève pour leur leçon quotidienne.
Chacun s’écartait respectueusement devant lui en dépit de son statut. À
l’instar des dizaines d’autres personnes employées sur la propriété, c’était un
esclave. Grec de Sicile, il avait été capturé par les Carthaginois et vendu sur
la place du marché aux esclaves, situé dans les entrepôts jouxtant le port
commercial. Adonibaal Barca, qui connaissait le marchand, avait appris de lui
que cet homme aux mains fines et au corps gracile était le précepteur d’une des
meilleures familles de Panormos [6] . Cela lui avait valu de ne pas finir comme rameur sur une quinquérème
ou comme ouvrier agricole derrière une charrue tirée par de lourds bœufs noirs.
    Il avait
été acheté par la famille Barca l’année de la naissance d’Hamilcar, fils unique
d’Adonibaal et de Germelqart morte en donnant le jour à son enfant. Le
nourrisson avait d’abord été remis à une esclave éthiopienne puis, à partir de
sa septième année, confié à Épicide plutôt qu’à l’école des fils de sénateurs
installée dans l’enceinte du temple d’Eshmoun [7] . Maniant à la perfection la langue punique, le précepteur avait appris
à son élève l’écriture et la lecture ainsi que sa propre langue, le grec. Il
n’était pas peu fier des résultats obtenus. Vif et intelligent, le fils
d’Adonibaal ne l’avait jamais déçu.
    Entre le
maître et l’élève, au fil du temps, une véritable amitié était née bien que
l’un ait été esclave et l’autre fils de sénateur. Hamilcar se confiait
volontiers à Épicide qui savait prendre le temps nécessaire pour l’écouter. Ses
conseils lui avaient été particulièrement précieux ces derniers temps,
notamment après la violente altercation qui avait opposé Adonibaal et son fils.
    Issu d’une
famille de l’aristocratie dont l’influence ne cessait de croître, le sénateur
rêvait pour son fils d’un brillant avenir. Il voulait qu’il soit l’un des cent
quatre membres du Conseil restreint qui dirigeait en fait la cité. Il avait
même chargé Épicide de lire et de commenter avec son élève le célèbre passage
d’Aristote où le philosophe s’extasiait sur la sagesse des institutions
carthaginoises en général et du Conseil des Cent Quatre en particulier. Le
précepteur s’était acquitté de cette tâche et Hamilcar avait dû déchiffrer avec
lui ledit texte :
    Les
Carthaginois passent pour être bien gouvernés : supérieure aux autres à
beaucoup d’égards, leur constitution est avant tout semblable sur certains
points à celle des
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