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Furia Azteca

Furia Azteca

Titel: Furia Azteca
Autoren: Gary Jennings , Robert Gleason , Junius Podrug
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le marché, des artisans vendaient des répliques en miniature de ces divers étendards, mais elles ne suscitaient pas grand enthousiasme parmi les Espagnols. Pas un seul marchand ne proposait en revanche le fier symbole de la nation mexica. Peut-être craignaient-ils d'être accusés de nourrir des pensées subversives. Mais moi, je n'avais pas de telles craintes. J'en avais fait bien d'autres. Je rentrai dans ma misérable cabane et je fis un dessin. Puis, je m'agenouillai près de la paillasse de Béu pour le lui faire voir de près et je lui dis :
    " Béu, est-ce que tu arrives à voir ce dessin assez bien pour pouvoir le copier ? Regarde. C'est un aigle aux ailes déployées. Il est perché sur un cactus nopalli et il tient dans son bec un serpent.
    - Oui, me répondit-elle. Je distingue tous ces détails maintenant que tu me les as montrés. Mais pourquoi les copier, Z‚a ? que veux-tu dire ?
    - Si je t'achète tout ce qu'il faut, seras-tu capable de broder ce motif sur une petite pièce de tissu ?
    - Oui, je crois, mais pour quoi faire ?
    - Si tu en fais une assez grande quantité, j'irai au marché pour les vendre aux Blancs. J'ai l'impression qu'ils recherchent ce genre d'articles et ils payent en monnaie. "
    On m'accorda un petit emplacement sur la place du marché et j'y étalai les emblèmes des Mexica. Les autorités ne me firent pas d'ennuis et j'eus même un grand nombre d'acheteurs.
    J'avais fait bien des choses dans ma vie, j'avais même été pendant un temps le Seigneur Mixtli, riche et respecté, et j'aurais bien ri si on m'avait dit alors : " Tu termineras tes chemins et tes jours en vendant des petits emblèmes mexica à des étrangers dédaigneux. " Et d'ailleurs, je riais vraiment derrière mon étal et ceux qui
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    s'arrêtaient pour regarder mes fanions brodés pensaient que j'étais un petit vieux plein de gaieté.
    Mais, vint le moment o˘ Béu perdit complètement la vue ainsi que l'usage de ses mains et elle devint incapable de broder. J'ai donc d˚ cesser mon petit commerce. Depuis, nous avons vécu sur nos économies, mais Béu a souvent exprimé le souhait que la mort vienne la délivrer de sa noire prison d'ennui et d'immobilité. J'en serais sans doute venu là, moi aussi, si les clercs de Votre Excellence n'étaient venus me chercher pour que je raconte mon histoire, ce qui a été pour moi une diversion suffisante pour que je continue à trouver de l'intérêt à l'existence. Par contre, maintenant, Béu est encore plus solitaire et elle supporte ce sinistre emprisonnement uniquement pour que je trouve quelqu'un les nuits o˘ je reviens dormir dans ma cabane. quand mon engagement ici sera terminé, je ferai peut-être en sorte que notre séjour sur cette terre ne se prolonge pas trop. Nous n'avons plus rien à faire, ni aucune excuse pour rester dans le monde des vivants. La dernière contribution que nous avons apportée au Monde Unique ne m'amuse plus maintenant. Allez au marché de Tlatelolco et vous constaterez que l'on y vend toujours des emblèmes mexica.
    Eh bien, Excellence, l'histoire que je vous ai racontée est celle que j'ai vécue et à laquelle j'ai participé. Tout ce que j'ai dit est vrai et je baise la terre ; ce qui veut dire : je le jure.
    II se peut qu'il y ait ça et là des trous dans mon récit et Votre Excellence aura peut-être des questions à me poser sur des points de détails. Cependant, je la supplie d'attendre un peu et de me libérer un moment de mon emploi. Je demande à Votre Excellence la permission de prendre congé d'elle et de ses révérends scribes ; non que je sois fatigué
    de parler ou que je n'aie plus rien à dire, mais parce que la nuit dernière, quand je suis rentré chez moi, il s'est produit une chose incroyable. Béu m'a
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    dit qu'elle m'aimait. Elle m'a dit qu'elle m'aimait et qu'elle m'avait toujours aimé. Jamais, elle ne m'avait fait un tel aveu, aussi je pense que sa longue agonie va bientôt prendre fin et je dois être à ses côtés quand son heure viendra. Nous n'avons plus personne, elle et moi. Hier soir, Béu m'a dit qu'elle m'avait aimé depuis notre première rencontre à Tehuantepec, mais qu'elle m'avait perdu pour toujours quand j'avais décidé de partir à
    la recherche de la teinture et que le sort avait désigné Zya-nya pour m'accompagner. Elle m'avait perdu, mais elle n'avait jamais cessé de m'aimer. quand elle m'a fait cette surprenante révélation, il m'est venu une pensée indigne : et si le
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