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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire
Autoren: Juliette Benzoni
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de cuir et qui devait
être d’une force peu commune se montra. Il pouvait avoir quarante ans mais, de
sa figure envahie par des moustaches et une barbe brune, on ne distinguait qu’un
nez court et des yeux sombres profondément enfoncés sous d’épais sourcils qui
se rejoignaient. Il tenait un livre à la main.
    Sans
prier ses visiteurs d’entrer plus avant que le couloir sur lequel ouvrait sa
porte, le bourreau croisa les bras
    – Ecoutons
vos questions en attendant de voir votre argent.
    – Je
voudrais vous parler de votre devancier, maître...
    – Arny
Signart, souffla Léonarde.
    – Maître
Signart n’est pas mon devancier. Celui-là se nommait Jean Larmite et, avant
lui, c’était Etienne Poisson. Et moi, je suis Jehan du Poix. Il y a dix ans que
Signart a reposé l’épée de justice. Après trente-cinq ans de service !
    – Il
est mort ?
    – Pas
encore que je sache mais il est fort âgé...
    – Sauriez-vous
me dire où je peux le trouver ? s’enquit Fiora en portant la main à l’escarcelle
retenue par une châtelaine à sa ceinture.
    Les
yeux de l’homme suivirent son geste avec intérêt :
    – Il
avait amassé quelque bien qui lui a permis d’acheter un petit clos, hors les
murs, près du prieuré de Larrey. On dit qu’il s’entend avec les moines qui
seront ses héritiers... Si vous voulez le voir, c’est là que vous le
trouverez... à moins qu’il ne soit mort dans la nuit.
    – Ce
qu’à Dieu ne plaise ! Merci de m’avoir répondu... Elle tendit trois pièces
d’argent et il avança la main pour les recevoir sans quitter des yeux cette
jeune femme vêtue de fin drap gris dont le visage se dissimulait derrière le
voile qui couvrait sa tête. Mais elle semblait belle et, d’après son allure, on
pouvait supposer qu’elle était une noble dame. Il s’attendait à ce qu’elle
cherchât des yeux un meuble quelconque pour y déposer cet argent mais, sans
hésiter, elle le plaça dans la paume ouverte.
    – Vous
ne craignez pas de toucher la main d’un bourreau ?
    – Pourquoi
non ? Vous faites au grand jour et sur ordre ce que d’autres font en
secret ou sous le couvert de la nuit. Beaucoup d’entre nous sont des exécuteurs
– et nous n’en savons rien... Adieu, Jehan du Poix. Dieu vous garde !
    Il
ouvrit la porte devant elle et, cette fois, s’inclina quand la jeune femme la
franchit :
    – S’il
peut entendre la prière d’un misérable, c’est vous qu’il gardera, noble dame...
    En
silence et sans prêter même attention aux yeux ronds d’une commère qui les
regardait passer, les trois voyageurs rejoignirent leurs chevaux. Léonarde, qui
était entrée chez l’exécuteur avec une certaine répugnance, s’était hâtée de
dire une prière dès qu’elle en fut sortie.
    Elle l’achevait
quand Fiora, un pied sur l’étrier, lui demanda :
    – Vous
savez, j’imagine, où se trouve ce prieuré ?
    – A
une demi-lieue environ de la porte d’Ouche. Voulez-vous donc y aller maintenant ?
    – Bien
sûr. La journée n’est pas encore avancée. Est-ce que cela vous contrarie ?
    – Non,
mon agneau. Je suis d’ailleurs la seule à pouvoir vous montrer le chemin. Il
faut néanmoins nous hâter si nous voulons revenir avant la fermeture des
portes.
    Hors
de la ville, on franchit l’Ouche, une jolie rivière ombragée d’aulnes et de
saules. Au bord, des lavandières frappaient leur linge à grands coups de
battoirs sans arrêter un seul instant de rire et de bavarder car le temps était
beau, doux et incitait à la gaieté. Le long du coteau au sommet duquel se
profilaient les bâtiments et la tour d’un vieux couvent, quelques arpents de
vigne se chauffaient au soleil...
    – Qui
pourrait croire, soupira Démétrios, que ce pays est en guerre ? Tout y
respire la paix et la prospérité...
    Depuis
des mois, en effet, le duc Charles de Bourgogne, toujours à la poursuite du
rêve qui le hantait de reconstruire l’antique royaume lotharingien en
réunissant par de nouvelles terres ses domaines flamands à son duché proprement
dit et à la Franche-Comté, assiégeait, près de Cologne, la forte ville de Neuss
dont il ne pouvait venir à bout. Et cela indépendamment du fait qu’il avait
donné rendez-vous, en ce même été 1475, au roi d’Angleterre Edouard IV pour l’aider
à conquérir la France, cette France dont il haïssait le roi, Louis, onzième du
nom, et avec laquelle la trêve, conclue depuis trois ans, venait de
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