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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire
Autoren: Juliette Benzoni
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fait tard et les portes de la ville vont bientôt fermer...
    A la
lueur qui s’était allumée dans les yeux de l’ex-moine – ces yeux gris des
Brévailles si semblables aux siens ! – Fiora comprit qu’il mourait d’envie
d’accepter et •elle insista gentiment :
    – Venez,
je vous en prie ! Vous n’imaginez pas combien je suis heureuse que le
destin nous ait fait rencontrer...
    – Moi
aussi je suis heureux et pour la première fois depuis bien longtemps ! J’avais
oublié ce que c’était !
    Et,
sans plus se faire prier mais en refusant le cheval que Fiora lui offrait dans
l’intention de partager celui de Léonarde, il sauta joyeusement en croupe d’Esteban.
    La
jeune femme, cependant, retournait vers la tombe cachée, et, s’agenouillant :
    – Je
suis venue ici pour tirer vengeance de ceux qui vous y ont mis, murmura-t-elle.
Lorsque ma tâche sera accomplie je reviendrai vous en rendre compte mais, en
attendant, je vais faire en sorte que les autres victimes, votre mère et votre
frère, retrouvent au moins la paix du cœur. Je suis votre enfant et je vous
aime...
    Se
courbant tout à fait, elle baisa la terre sous l’herbe verte et se releva,
emportant sur ses cheveux un semis de pétales blancs. Gomme l’avait fait
Christophe, elle cassa une brindille et revint vers ses compagnons :
    – Nous
pouvons aller, fit-elle avec un sourire.
    Après
un dernier signe de croix, les cavaliers quittèrent la fontaine Sainte-Anne
dans l’eau claire de laquelle le soleil jetait des étincelles. Ils
redescendirent en silence vers Il ville.
    C’était
à présent au tour de Léonarde d’aller à la rencontre de ses souvenirs...
    Quand
elle franchit la porte Guillaume, qui ouvrait la ville au nord-ouest, le cœur
battait à la vieille fille un peu plus vite que de coutume en dépit de ses
allures imperturbables. Elle avait vécu près de dix ans dans cette auberge de
la Croix d’Or dont on pouvait déjà apercevoir la belle enseigne peinte et
découpée et elle ne l’avait pas revue depuis dix-huit années. Elle y était
venue peu de temps après la mort de sa mère quand sa cousine Bertille, la
maîtresse du lieu, lui avait proposé de l’y aider dans ses tâches quotidiennes.
Et, en vérité, Léonarde s’était trouvée bien dans cette opulente auberge,
réputée par tout le duché – et même au-delà – pour le confort de ses chambres et la perfection de sa
cuisine. On y voyait beaucoup de monde, beaucoup de riches voyageurs et,
souvent aussi, de grands personnages. Il était même arrivé du duc Philippe en personne de venir avec
quelques gentilshommes de son entourage souper à la Croix d’Or. Inutile de dire
que, ce soir-là, maître Huguet, le propriétaire, avait vidé son auberge pour la
consacrer uniquement à son seigneur.
    Oui,
Léonarde Mercet se plaisait bien chez ses cousins. Pourtant, il avait suffi qu’un
soir on mît entre ses bras un bébé maigre, une petite fille abandonnée, pour qu’elle
sentît s’éveiller en elle ce qu’elle n’espérait plus ressentir : l’instinct
maternel, le besoin de se dévouer, d’étreindre et de se donner de tout son être
sans même envisager qu’un jour cela lui soit rendu. Et, dès le lendemain, elle
tournait délibérément le dos à tout ce qui avait été sa vie jusque-là pour s’en
aller à l’aventure, avec un inconnu dont elle pressentait seulement qu’il était
aussi généreux qu’elle-même. Aussi, dans la litière que Francesco Beltrami
avait achetée tout exprès pour ce voyage, la petite Fiora, baptisée la veille
dans la chambre même du négociant, reposait entre les bras d’une Léonarde
infiniment heureuse...
    En
revenant de la sorte à son point de départ et tandis que sa monture descendait
la rue Porte-Guillaume, Léonarde pensait qu’elle avait fait le bon choix en
dépit du drame par lequel s’était achevé son séjour à Florence et que, si c’était
à refaire, elle recommencerait sans la moindre hésitation, car elle avait vécu
dix-sept années de vrai bonheur dans le palais des bords de l’Arno. De ce
bonheur, il ne restait plus aujourd’hui de réel que ce qu’elle avait connu en
quittant Dijon jadis : sa tendresse pour Fiora et le devoir de veiller sur
elle.
    Evidemment,
c’était à présent moins facile. Fiora était une femme et une femme qui
connaissait la souffrance, une femme altérée de vengeance qui avait rencontré
son semblable en Démétrios et qui n’aurait trêve ni
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