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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire
Autoren: Juliette Benzoni
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qui cachait la chevelure noire de la
jeune femme, Marie ! Ce n’est pas toi ? ... Ce ne peut pas être toi ?
... et pourtant...
    – Non,
dit Fiora, je ne suis pas Marie. Mais je suis sa fille. Et vous, qui êtes-vous ?
L’avez-donc connue pour reconnaître son visage après tant d’années ?
    – Je
suis son jeune frère, Christophe. J’avais dix ans lorsque... et je les aimais
tant, tous les deux ! Vous ne pouvez pas savoir : ils ont été la
seule lumière de ma vie et voilà bientôt dix-huit ans que cette lumière s’est
éteinte. Depuis, je n’ai pas cessé d’être malheureux...
    Un
sanglot lui noua la gorge. Alors, il se détourna et, arrachant son bonnet,
courut s’agenouiller de nouveau sous l’aubépine comme il aurait couru vers un
refuge :
    – Regarde,
murmura Démétrios. C’est un prêtre.
    En
effet, dans la masse broussailleuse des cheveux châtains, une tonsure découpait
la rondelle blanchâtre qui est le signe du sacerdoce...
    – Il
n’a pas dû avoir d’autre alternative ! fit Léonarde avec un regard plein
de compassion sur la maigre silhouette secouée par le chagrin. Fiora le
rejoignit et récita une courte prière. Puis, prenant le jeune homme aux épaules
elle l’aida à se relever, offrant son mouchoir pour qu’il essuie son visage
inondé de larmes.
    – Je
me croyais sans famille, dit-elle doucement, et voilà que je trouve un jeune
oncle ! Peut-être puis-je vous aider à être moins malheureux. Je m’appelle
Fiora et je viens de Florence... Et vous, vous êtes d’Église, n’est-ce pas ?
    Il eut
un geste de dénégation violente puis, comprenant que sa tonsure l’avait trahi,
enfonça rageusement son bonnet jusqu’aux sourcils :
    – Je
ne le suis plus... Hier je me suis enfui du monastère de Cîteaux où j’étouffais
depuis dix-sept ans et je ne sais pas encore où je vais, mais loin, le plus
loin possible ! ... Avant, pourtant, j’ai voulu venir prier ici, voir leur
tombe au moins une fois...
    – Qui
vous l’a indiquée ?
    – Notre
vieux chapelain, le Père Antoine Charruet, qui les avait accompagnés jusqu’au
bout et qui est venu mourir dans mon couvent après que mon père l’eut chassé
comme un valet malhonnête à cause de ce qu’il avait fait. Mon père est un
monstre. Il n’a ni cœur ni entrailles... J’ai été conduit à Cîteaux trois jours
après l’exécution tandis que l’on menait ma petite sœur Marguerite chez les
Bernardines de Tart... où elle est morte l’hiver dernier...
    – Et...
votre mère ? Est-elle encore vivante ?
    – Malheureusement,
car sa vie est un enfer. Elle vit autant dire recluse dans notre château,
enfermée avec ce vieux démon qui n’a jamais assez d’injures pour les maudire ;
elle et les fruits de ses entrailles. Elle, si bonne et si douce, elle qui a
tant souffert et qui doit encore endurer ce calvaire dont il semble que Dieu se
complaise à prolonger la durée. Oh, si je pouvais la délivrer ! ...
    – Pourquoi
ne pas chercher ensemble le moyen d’y parvenir ? dit Fiora, émue par la
profonde douleur de ce garçon aux yeux hagards de bête traquée...
    – Que
voulez-vous dire ? Et d’abord, pourquoi êtes-vous revenue par ici ? N’étiez-vous
pas heureuse auprès de ce marchand florentin dont le Père Charruet m’a tant
vanté la générosité ?
    – Oh
si... mais mon père est mort et je suis venue ici pour payer de vieilles
dettes. Si vous ne savez où aller, venez avec nous ! Je prendrai soin de
vous...
    – Vous
êtes bonne... mais ce que je veux, c’est faire la guerre, c’est aller me
battre. C’est le seul moyen d’en finir honorablement avec une vie qui me fait
horreur...
    Démétrios
s’avança et posa sa grande main sur l’épaule de Christophe :
    – Vous
ne trouvez pas que cela fait déjà assez de morts dans la famille ? Pourquoi
ne pas chercher plutôt à vous faire une vie plus conforme à vos goûts et digne
d’un gentilhomme ?
    – D’un
gentilhomme ? Je n’ai même plus de nom ni de prénom. A Cîteaux j’étais le
frère Anthime, rien d’autre. Mon père entend qu’il ne reste aucune trace de
notre famille...
    – Eh
bien, faites-vous un autre nom ! Soyez un ancêtre au lieu d’être un
descendant ! De toute façon, votre départ pour la guerre pourra tout de
même attendre jusqu’à demain ? Et je crois que, d’ici là, vous aurez
encore beaucoup de choses à apprendre à... votre nièce ? Venez avec nous !
Il se
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