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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire
Autoren: Juliette Benzoni
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plus
longtemps que les autres. Les gens de la région ont vu, dans sa floraison, une
sorte de miracle et, au printemps, les filles viennent y cueillir quelques
brindilles comme porte-bonheur...
    – Quand
avez-vous fait cela ? ...
    – Trois
jours après l’exécution, il n’y avait plus de neige et il valait mieux ne pas
attendre que la terre soit trop tassée. C’était la lune nouvelle et il faisait
très noir mais je suis comme les chats et j’y vois dans l’obscurité. Et puis, j’ai
eu de l’aide...
    – Qui
donc ? L’un de vos valets ?
    – Oh
non ! Je n’avais pas assez confiance. C’est le vieux prêtre qui m’a donné
la main. Il n’a pas voulu repartir pour Brévailles avant d’avoir accompli avec
moi ce qu’il considérait comme un devoir pieux. Pauvre brave homme ! Il n’était
pas très solide mais il m’a été tout de même bien utile. Et il a pu au moins
bénir la terre... Voyez-vous, madame, ce m’est une douceur de savoir que ces
malheureux enfants reposent là, dans la paix d’un sol béni et tout près de moi.
Même si mes nuits restent pénibles. Ma paix à moi, je ne l’ai trouvée que
lorsque j’ai abandonné le métier et suis monté ici pour n’en plus redescendre.
Et c’est pourquoi, tout à l’heure, j’ai eu si peur en vous reconnaissant...
    – Vous
voyez bien qu’il n’y avait aucune raison. Je suis certaine qu’ils vous ont
pardonné eux-mêmes depuis longtemps. Sans doute depuis l’instant où vous avez
frappé. Adieu, maître Signart ! Nous ne nous reverrons sans doute jamais.
Sachez pourtant que je vous remercie du fond du cœur...
    Le
laissant rentrer dans sa maison, peut-être pour y prier mais plus certainement
pour y boire un verre de son vin afin de se remettre, Fiora rejoignit ses
compagnons.
    – Les
savoir en paix et dans une terre sainte change-t-il quelque chose à tes projets
de vengeance ? demanda Démétrios.
    – Cela
n’atténue en rien les fautes des coupables. J’irai jusqu’au bout...
    – Hormis
le duc Charles, les autres sont peut-être morts ?
    – C’est
ce qu’il faudra découvrir. Seule la justice de Dieu peut leur éviter la mienne.
Mais voici, je crois, la fontaine.
    La
description de l’ancien bourreau avait été parfaite et l’endroit paraissait
charmant. A l’orée d’un joli bois de pins, un filet d’eau coulait dans un petit
bassin fait de grosses pierres veloutées de mousse et, tout auprès, un gros
buisson d’aubépine poussait ses branches vigoureuses, ses feuilles finement
découpées et la neige parfumée de ses fleurs délicates qui poudraient déjà le
sol et tremblaient sur l’eau de la fontaine. Mais ce que n’avait pas prévu le
vieux Signart, c’était une présence : quelqu’un priait devant l’aubépine.
    C’était
un jeune homme pauvrement vêtu et si grande était sa ferveur qu’il n’avait pas
entendu le pas des chevaux. Du regard, Fiora interrogea Démétrios. Le médecin
haussa les épaules :
    – Si
l’on vous a dit que cet arbuste passait pour miraculeux, cela s’explique. Il
suffit de laisser ce garçon achever sa prière...
    Ce ne
fut pas long. Sentant peut-être qu’il était observé, le paysan – car tout
indiquait que c’en était un – termina bientôt son oraison sur un ample signe de
croix puis, se penchant vivement, il baisa la terre, se redressa, cassa une
petite branche qu’il enfouit sous sa blouse, enfin, se retournant, enfonça son
bonnet sur sa tête d’un geste rageur et jeta aux nouveaux venus :
    – Que
venez-vous chercher céans ? Si c’est pour faire boire vos chevaux, sachez
que cette fontaine est sainte.
    – Nos
chevaux n’ont pas soif, répondit Fiora et nous ne souhaitons rien faire d’autre
que ce que vous faisiez vous-même : prier. Y voyez-vous quelque
empêchement ?
    Le
jeune homme ne répondit pas mais s’avança lentement vers les cavaliers qui, d’ailleurs,
mettaient pied à terre. C’était un garçon qui pouvait avoir vingt-cinq ou
trente ans, assez grand mais, en dépit de ses habits grossiers, d’une
complexion plus délicate et, pour tout dire, plus élégante que l’on ne pouvait
s’y attendre. Son visage sans beauté avait des traits rudes et un peu brouillés
mais qui, pourtant, semblèrent curieusement familiers à Fiora. Pour sa part, le
paysan avait fixé sur elle son regard sans plus s’occuper des autres
personnages. Il vint droit à elle :
    – Marie !
murmura-t-il, trompé par le voile blanc
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