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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire
Autoren: Juliette Benzoni
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s’achever
sans autre espoir de prorogation. Le Téméraire méritait bien son surnom...
    – La
guerre est loin, fit Léonarde, et le duc ne peut tirer de ses provinces que ce
que lui accordent, en hommes et en argent, les États de Bourgogne pour ce
pays-ci, les États de Flandres pour ceux de par-delà... Et il faut, tout de
même, bien des bras à cette terre...
    – Mais
le duc commence à manquer d’or à ce que l’on dit, reprit le Grec avec une
sombre joie. Alors qu’il était le prince le plus riche de toute la
chrétienté... S’il cherche à contracter des emprunts...
    Il se
tut brusquement, conscient de ce qu’il était en train de dire. Rappeler les
besoins en argent frais du Téméraire au moment où Fiora s’obligeait à ce
pénible pèlerinage ne pouvait qu’être douloureux à la jeune femme. C’était
ramener à la surface le souvenir cuisant de l’étrange mariage conclu en trois
jours, l’hiver précédent, entre l’héritière du riche Francesco Beltrami et le
comte Philippe de Selongey, l’ambassadeur envoyé par le Téméraire auprès de
Lorenzo de Médicis pour tenter de négocier un emprunt. Emprunt que le
Magnifique avait refusé par fidélité à son alliance avec le roi de France. La
dot royale de Fiora avait alors rejoint les coffres du duc de Bourgogne
cependant que sa vie d’épousée se réduisait à la seule nuit de noces. Et puis
Philippe s’en était reparti, à l’aube, pour aller se faire tuer, ayant,
pensait-il, souillé son nom par cette union avec l’enfant de l’inceste. Fiora
qui l’aimait avait beaucoup pleuré mais, à présent, il était difficile de
deviner quels étaient au juste ses sentiments envers son fugitif époux. L’aimait-elle
encore ou l’avait-elle ajouté au nombre de ceux dont elle entendait se venger ?
Il est vrai que Selongey avait reparu discrètement à Florence au moment où s’écroulait
la fortune des Beltrami, mais qu’il en était reparti encore plus vite sans
chercher à savoir ce qu’était devenue sa jeune femme. Voulait-il la revoir ou
bien tenter de procurer à son maître de nouveaux subsides ?
    Conscient
du silence qui avait suivi ses derniers mots, Démétrios, après un bref coup d’œil
à Fiora qui chevauchait, impavide, à son côté, reprit la parole mais se
contenta de vanter le charme du paysage et la beauté opulente de cette ville de
Dijon où les ducs de Bourgogne avaient accumulé œuvres d’art et bâtiments
prestigieux. Telle cette Sainte-Chapelle couronnée d’or où se tenaient les
grands chapitres de la Toison d’or, l’ordre de chevalerie fondé par le père du
Téméraire et dont Selongey était honoré.
    En
fait, Fiora n’entendait guère ses propos. La violence des drames qu’elle avait
vécus, ce dernier printemps, s’atténuait en elle pour laisser place au souvenir
de celui vécu jadis par ses jeunes et imprudents parents. Etait-ce la magie
propre à cette terre de Bourgogne vers laquelle, depuis l’instant où elle y
avait posé le pied, elle se sentait attirée ? Toujours est-il que Jean et Marie
de Brévailles lui devenaient plus proches et plus chers à mesure qu’elle
remontait le temps pour rejoindre leur drame.
    Aux
abords du prieuré de Larrey, se trouvait un petit clos dont les murs bas
jouxtaient ceux du couvent. C’était un minuscule domaine composé d’une vigne, d’un
grand carré potager avec quelques arbres fruitiers et d’une maison basse,
abritée sous un toit à deux pentes. Un homme en sarrau de toile bise, ses longs
cheveux blancs dépassant d’un bonnet de laine, y travaillait, courbé sur les
ceps couverts de feuilles vertes. C’était un homme âgé mais, quand il se
redressa, soutenant de ses mains ses reins qui devaient lui faire mal, on put
voir qu’il était grand et encore vigoureux.
    – C’est
lui, dit Léonarde. Voulez-vous que je lui parle ?
    – Non,
merci, répondit Fiora. Je préfère y aller moi-même. Si vous voulez bien m’attendre
un moment ?
    Elle
sauta à terre, marcha vers la barrière faite de grosses branches qui fermait l’étroit
domaine, la poussa et se dirigea vers le vieillard qui, une main en auvent
au-dessus des yeux, la regardait venir à lui dans un rayon du soleil.
    – Pardonnez-moi
d’entrer chez vous sans y être invitée, dit-elle. Vous êtes maître Arny
Signart, n’est-ce pas ?
    Peu
habitué à des visites de cette qualité, l’ancien bourreau salua gauchement :
    – Si
vous savez mon nom vous savez
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