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Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola
Autoren: Edmond Lepelletier
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ligne, sous les ordres d'un capitaine, rendit les honneurs funèbres militaires, le défunt étant officier de la Légion d'honneur.
    Les funérailles eurent lieu le dimanche 5 octobre, à une heure précise. Le cortège partit de la maison mortuaire, rue de Bruxelles. Le corbillard de deuxième classe était couvert de fleurs, de couronnes, avec inscriptions.
    Les cordons du poêle étaient tenus par MM. Abel Hermant, président de la Société des Gens de Lettres, Ludovic Halévy, président de la Société des Auteurs dramatiques, Georges Charpentier et Alfred Bruneau. Le deuil était conduit par les amis personnels de Zola, parmi lesquels figurait, inaperçu d'ailleurs, l'ex-capitaine Alfred Dreyfus. Puis venait le ministre de l'Instruction publique, M. Chaumié, et le directeur des Beaux-Arts, M. Henry Roujon.
    L'inhumation eut lieu au cimetière du Nord (Montmartre). Des discours furent prononcés par MM. le ministre Chaumié, Abel Hermant et Anatole France. Le parcours étant très court de la rue de Bruxelles au cimetière Montmartre, le cortège ne put que difficilement se développer. Il y eut, à la sortie du cimetière, quelques bousculades sans importance.
    Je ne saurais mieux terminer cette étude impartiale et consciencieuse sur Émile Zola qu'en reproduisant trois intéressantes appréciations sur l'Homme et sur l'oeuvre, méritant d'être conservées, dans un travail documentaire comme celui-ci.
    La première émane d'un jeune chef d'école, poète, philosophe, romancier et dont les oeuvres dramatiques, la Victoire, le Roi sans Couronne, la Tragédie Royale, dénotent une haute préoccupation artistique, en même temps qu'elles manifestent des tendances esthétiques qui paraissent opposées à celles de Zola, mais ce n'est là qu'une apparence. Ceux qui se refusent à voir et à sentir la grande idéalité de Zola admettront-ils le témoignage spontané et enthousiaste d'un écrivain de vingt ans ? Voici ce qu'écrivait, le 1er octobre 1896, Saint-Georges de Bouhélier, et l'on comprendra pourquoi je me borne à cette simple citation, sans plus amples épithètes louangeuses, en sa dédicace de l'Hiver en Méditation ou les Passe-temps de Clarisse, ouvrage précieux et intensif, publié à la Librairie du «Mercure de France» :
       À Émile Zola.
       Maître,
       Bien que votre harmonieux génie ait conquis l'attention du monde, il n'est sans doute point chimérique de le supposer méconnu, car vos labeurs sollicitaient des gloires diverses. Vous êtes le plus illustre auteur contemporain, mais il ne semble pas qu'un seul homme vous lise.
       Les suffrages de tant de nations ne vous en attirent pas l'estime, et l'admiration populaire contribue encore à votre isolement. Nul n'a subi autant d'attaques. Les noires calomnies de la haine et les basses diatribes de l'envie vous ont tour à tour accablé, en sorte que, malgré vos travaux d'une solidité admirable, le public se refuse encore à vous en reconnaître les dons.
       Cependant de quelle force n'êtes-vous pas anobli ! Quelle beauté dans vos ouvrages ! la Terre, Germinal, les colossales fresques ! Cela se déroule comme de vives contrées, avec le sol et le site mêmes, villages, végétations, héros. Les campagnes de houilles et les blanches prairies, voilà des lieux que vous sûtes embellir. Vous les avez dotés d'un rythme et vos paysans resplendissent, semblablement à OEdipe, Télémaque. Sur les étendues de vos paysages on dirait que roulent des herbages réels, des orges et des roses en torrents. Vos fleuves, vos précipices, vos usines et la nuée du ciel, tout cela demeure pathétique. Je connais des régions plus belles, sans en pressentir que pare cette pureté. Des pires scènes dont vous désirâtes que nous fussions les spectateurs, j'aime le sage et noble équilibre.
       Ce qui distingue votre univers, c'est la paix de son innocence et sa puissante vitalité. Magnifiquement, l'antique Pan y palpite.
       L'insufflation des sèves soulève sa poitrine large.
       Ainsi, j'ai éprouvé la pudeur de votre oeuvre, quand l'épaisseur du crépuscule fatiguait ma maison d'hiver. Mélancoliquement à l'abri, je me recueillis avec amertume, et quoique mes méditations ne soient peut-être pas sans vertus, je leur en croirai davantage encore si l'offrande que je vous en fais, vous assure, Monsieur, de l'admiration en laquelle vous tient un jeune homme.
       SAINT-GEORGES DE BOUHÉLIER.
       1er octobre 1896.
    La
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