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Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola
Autoren: Edmond Lepelletier
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seconde opinion est d'Anatole France, revenu sur d'anciennes préventions, et effaçant des critiques dont on a beaucoup usé, pour le mettre en contradiction avec lui-même, et pour accabler la mémoire de Zola. C'est un extrait du discours juste et élevé, oraison funèbre laïque et simple, prononcé devant le cercueil de l'illustre écrivain :
       Messieurs,
       ... L'oeuvre littéraire de Zola est immense.
       Vous venez d'entendre le président de la Société des gens de lettres la rappeler, dans un langage excellent, à votre admiration. Vous avez entendu le ministre de l'Instruction publique en développer éloquemment le sens intellectuel et moral.
       Permettez qu'à mon tour je la considère un moment devant vous.
       Messieurs, lorsqu'on la voyait s'élever pierre par pierre, cette oeuvre, on en mesurait la grandeur avec surprise. On admirait, on s'étonnait, on louait, on blâmait. Louanges et blâmes étaient poussés avec une égale véhémence. On fit parfois au puissant écrivain (je le sais par moi-même) des reproches sincères, et pourtant injustes. Les invectives et les apologies s'entremêlaient.
       Et l'oeuvre allait grandissant toujours.
       Aujourd'hui qu'on en découvre dans son entier la forme colossale, on reconnaît aussi l'esprit dont elle est pleine. C'est un esprit de bonté.
       Zola était bon. Il avait la candeur et la simplicité des grandes âmes.
       Il était profondément moral. Il a peint le vice d'une main rude et vertueuse. Son pessimisme apparent, une sombre humeur répandue sur plus d'une de ses pages cachent mal un optimisme réel, une foi obstinée au progrès de l'intelligence et de la justice. Dans ses romans, qui sont des études sociales, il poursuivit d'une haine vigoureuse une société oisive, frivole, une aristocratie basse et nuisible ; il combattit le mal du temps : la puissance de l'argent.
       Démocrate, il ne flatta jamais le peuple, et il s'efforça de lui montrer les servitudes de l'ignorance, les dangers de l'alcool qui le livre, imbécile et sans défense, à toutes les oppressions, à toutes les misères, à toutes les hontes. Il combattit le mal social partout où il le rencontra. Telles furent ses haines. Dans ses derniers livres, il montra tout entier son amour fervent de l'humanité. Il s'efforça de deviner et de prévoir une société meilleure.
       Il voulait que, sur la terre, sans cesse un plus grand nombre d'hommes fussent appelés au bonheur. Il espérait en la pensée, en la science.
       Il attendait, de la force nouvelle de la machine, l'affranchissement progressif de l'humanité laborieuse.
       Ce réaliste sincère était un ardent idéaliste. Son oeuvre n'est comparable en grandeur qu'à celle de Tolstoï. Ce sont deux vastes cités idéales élevées par la lyre aux deux extrémités de la pensée européenne. Elles sont toutes deux généreuses et pacifiques. Mais celle de Tolstoï est la cité de la résignation. Celle de Zola est la cité du travail.
    L'autre est un éloge, écrit au lendemain même de la mort de celui à qui l'on reprochait la Débâcle, comme livre anti-patriote, presque comme un crime de lèse-patrie. Le nom des signataires de ces lignes est intéressant à retenir : ce sont les frères Paul et Victor Margueritte, les fils pieux du général de la charge héroïque, frappé à mort en criant à ses cavaliers décimés : «En avant ! pour la France et pour le Drapeau !» Ces deux fils de soldat ne sauraient être accusés de mépriser l'armée et d'approuver un insulteur de la Patrie. À cette injuste attaque, à cette calomnieuse dénonciation, qui ne devrait trouver créance qu'auprès de ceux qui n'ont pas lu la Débâcle, venant après la déclaration de l'écrivain militaire et patriote Alfred Duquet, le témoignage des frères Margueritte n'est-il pas décisif, et ne doit-il pas anéantir enfin cette légende absurde de la Débâcle, livre anti-français :
       ... Certes, Émile Zola se passe d'une caution comme la nôtre.
       Nous tenons à honneur, pourtant, de l'apporter au maître disparu.
       Se rappelle-t-on quelles clameurs indignées ont accueilli la Débâcle ? Zola, à entendre des patriotes d'excellents sentiments, mais qui sans doute n'avaient pas lu, ou pas réfléchi, ou pas remonté aux sources, Zola souillait l'uniforme français, calomniait l'armée, vilipendait la France.
       Hélas !
       Nous aussi, après lui, nous avons voulu repasser par
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