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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi
Autoren: Benoît Abtey
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Chapitre un
    Où d’Artagnan retrouve en chemin
de vieilles connaissances,
avant de jouer sa vie à pile ou face
    5 janvier 1648, jour de l’Épiphanie
    Le carrosse d’un Important réveille la flamme du chevalier
    Un jour de plus à Paris …
    Le chevalier d’Artagnan est déjà debout. L’aurore naissante éclaire la capitale du royaume de France.
    Tout vêtu, alors que derrière lui sa jeune maîtresse se réveille à peine, le chevalier fume la pipe face à la fenêtre, en regardant la rue.
    Dehors, le ciel est bas, il pleut, il vente, il fait un froid du diable.
    Malgré ce mauvais temps de janvier, certains oisillons ont quitté leur perchoir : une bande d’orphelins jette des boules de neige sur l’effigie du cardinal de Mazarin.
    D’Artagnan maudit sa situation.
    Cantonné à la Ville, il ne peut prêter main-forte à ses amis des gardes françaises faisant la guerre aux Espagnols. Depuis la dissolution de la compagnie des mousquetaires, deux ans plus tôt, le chevalier fait cavalier seul.
    — Voici mon champ de bataille, dit-il à haute voix en désignant le groupe de jeunes frondeurs, une ville en émeute.
    — Cessez de ronchonner, monsieur la guerre , et venez me rejoindre.
    D’Artagnan hésite. Il est tôt, la dame est belle, le lit est chaud, mais le service l’appelle. Plutôt que de tourner en rond, tel un animal en cage, ou de paresser comme une bête au soleil, il aimerait mieux se dégourdir les jambes, se remettre en marche, en plein vent.
    Il éteint sa pipe et salue sa dame.
    — Hélas, je dois regagner mon poste. Mon poste fixe.
    — Vous reverrai-je ce soir ? Nous tirerons les Rois.
    Certes, le soir venu, il serait idiot de rester seul, face à sa chandelle, comme un moine en prière. Surtout quand on est attendu, désiré, invité, par une si jolie femme.
    — Mais oui, ma reine, c’est entendu.
     
    Emmitouflé dans sa cape, le chapeau enfoncé jusqu’aux yeux, d’Artagnan retrouve le grand air. Aujourd’hui encore, Paris se lève avec le jour. Notre chevalier marche à grandes enjambées vers son logis. Autour de lui, les marchands ouvrent boutique. La mauvaise humeur est générale ; elle rassemble les individus, crée des ententes, suscite des bons mots. Au lieu de garder porte close, de rester au chaud, les marchands, les bourgeois, les petites gens ont mis le pied dehors. On fait circuler du vin fumant en reprenant des couplets insolents fustigeant l’homme en rouge . On se passe des brûlots de la main à la main sans même se cacher.
    D’Artagnan se retourne brusquement.
    Un carrosse s’engage comme un boulet dans la rue. Les passants n’ont qu’à s’écarter s’ils ne veulent pas être jetés sous le fer des chevaux. Place, manants ! semble crier ce luxueux véhicule.
    En effet, les badauds se retirent du passage en grande hâte.
    Une jeune enfant reste immobile. Elle paraît ignorer le danger qui la menace. Un danger qui ne cesse de se préciser, de se rapprocher.
    D’Artagnan court dans sa direction et la soulève dans ses bras, au dernier instant. Le carrosse n’a pas ralenti l’allure. Il est passé au ras du chevalier, en poursuivant sa route.
    — Ah, monsieur, comment vous remercier ? s’exclament d’une seule voix les parents qui étaient restés pétrifiés quand le chevalier, plus réactif, était intervenu. Il dépose l’enfant aux mains de sa mère.
    — En reconnaissant mieux vos ennemis, répond d’Artagnan. Fermez vos oreilles aux rumeurs et ouvrez les yeux, voici mon conseil. La bonne journée, mes braves gens.
     
    D’Artagnan reprend sa marche avant de s’arrêter soudain.
    — Eh bien, il n’est plus si pressé, tout compte fait.
    Le chevalier fronce les sourcils et retrouve la garde de son épée.
    Le carrosse est à l’arrêt, à quelques pas seulement.
    Le propriétaire a mis la main à la portière. Il s’entretient avec un piéton. L’allure de ce dernier jure un peu face à la richesse du véhicule. L’élégance recherchée et tapageuse de l’homme brille au loin. Mais en s’approchant, d’Artagnan aperçoit la gêne sous le lustre. Le chapeau bâille, la cape est élimée, les bottes ont mille plis.
    Le chevalier s’approche si près qu’il entend la voix du seigneur, dans le coche, remercier avec chaleur :
    — Votre plume s’est surpassée, mon ami. Pondez-moi encore d’autres pamphlets de cette teneur et votre fortune est faite.
    Puis, après avoir jeté une bourse que l’autre saisit au vol, il ajoute :
    —
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