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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi
Autoren: Benoît Abtey
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se pourrait.
    — Dans ce cas, voulez-vous que l’on fasse route ensemble ?
    — Hélas, je vais seul, par sympathie pour ce malheureux cardinal que les uns brocardent et que les autres assassinent.
    — Ah, d’Artagnan… Nous ne sommes pas si différents, mais sans cesse le sort nous oppose.
    — Nous pourrions arranger cela. Consentiriez-vous à me laisser deux heures d’avance ?
    — Je devrais donc retarder notre… mission ?
    — Je vous le demande.
    — La demande est un peu grosse.
    — Je le conçois, mais j’ai des arguments de poids. Trois, pour être juste.
    — Lesquels ?
    — Une dette pour commencer, la vôtre ; à notre quatrième rencontre, je brisai votre lame avant de vous laisser la vie sauve.
    — Il est vrai, le suivant ?
    — Argument de cœur. De fidélité. Que diable, Rochefort, Richelieu était votre capitaine, Mazarin n’est que son disciple. Pour la mémoire du duc rouge, restez en retrait deux heures au moins.
    — Et le troisième ?
    — Argument sonnant. Le voici. (Et d’Artagnan sort une bourse qu’il présente à Rochefort.) Puisqu’il paraît que l’argent est votre nouveau maître, servez-le en honorant le précédent.
    — Peste, monsieur d’Artagnan, êtes-vous donc riche ?
    — Je ne le suis plus.
    Rochefort hésite et n’accepte pas encore les arguments ni la bourse.
    — Hélas, on compte sur moi. Que va-t-on penser ? Que je suis à vendre au plus offrant, que je ne vaux pas, en affaire de confiance, la corde pour me pendre ?
    — J’entends, monsieur. Mais peut-être est-il temps, justement, de bien choisir son camp… Je ne veux pas vous payer ce soir votre démission pour vous laisser ensuite accusé et démuni. Je dirai bien haut quel grand service vous avez rendu à la couronne. Le cardinal aura besoin de valeureux renforts. Vos références sepassent de tout commentaire. On vous recevra à bras ouverts, vous et votre épée, vous et vos hommes.
    — Mais dites-moi, si je consens, où devrai-je me présenter ?
    — Il est trop tôt pour le dire. D’ailleurs, je l’ignore moi-même. Je vous ferai prévenir… Où logez-vous ?
    — Rue de l’Arbre sec, le portail rouge, à côté de la rôtissoire de maître Soleil.
    — Nous sommes presque voisins… Que décidez-vous ?
    — Deux partis se présentent, aucun d’eux n’est franc. Les princes sont aussi riches que versatiles. Mais par ailleurs, je n’ai pas de grand amour pour le Mazarin. Richelieu avait un cœur de bronze, une âme forte, il tranchait. Ce nouveau ministre est trop gracieux, je me méfie. C’est un joueur et les joueurs ne gagnent pas toujours.
    — Que dire pour vous convaincre ? J’ai suivi Mazarin en mission, il est plus solide qu’on ne croit. Il négocie, il convainc, il sort peu les armes, certes, et préfère la table d’échecs au champ d’honneur. S’il ruse, il ne louvoie pas. Ses ennemis, quand ils le présentent, sont mauvais peintres. Ils le portraiturent en déformant son âme, non d’après nature, mais en laissant paraître leurs propres vices.
    — Vous semblez conquis.
    — Le temps presse… monsieur de Rochefort.
    — Soit. Si le nouveau cardinal est joueur, jouons aussi… Cette chance qui le sert ne pourra le trahir. Pile ou face. Pile, vous avez deux heures, et moi je reste à réfléchir, avant de prendre un parti définitif. Face… face, nous sommes bien nombreux et vous êtes seul, je crains le pire. Il vaudrait mieux pour nous que nous nous battions ici plutôt que là-bas.
    D’Artagnan serre la bride de son cheval. Il se tient prêt à l’éperonner, pour partir à la diable. Mieux vaut une course de vitesse et d’endurance qu’un combat perdu d’avance.
    — Tenez, dit-il en sortant une pièce de la bourse.
    Rochefort la prend et la fait sauter.
    D’Artagnan se recule d’un pas. Il veut s’ouvrir une sortie.
    Rochefort donne le verdict :
    — Pile. Vous avez deux heures, pas une minute de plus.

Chapitre deux

Le mousquetaire du roi

Excellence
    D’Artagnan arrive au galop aux abords du Palais-Royal.
    Quatre cavaliers de la garde se mettent aussitôt en travers de sa route, l’obligeant à tirer les rênes. En voyant cet homme surgir aussi brusquement, les uns ont sorti des pistolets, les autres ont tiré l’épée.
    — Tout beau, cavalier. Le mot de passe ?
    — Le bien et le juste, répond d’Artagnan .
    — C’est bon , vous pouvez passer. Le cardinal vous attend, chevalier.
     
    D’Artagnan s’approche de la première voiture, puis
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