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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi
Autoren: Benoît Abtey
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Aujourd’hui l’argent, demain la gloire.
    Le piéton, un poète donc, multiplie les révérences en se courbant jusqu’à terre, puis s’efface, le pas léger, l’estomac vide, la poche pleine.
    D’Artagnan sort l’épée. Il est curieux, il veut dévisager ce mécène…
    Par chance, la voiture reste à l’arrêt.
    D’Artagnan, arrivant par l’arrière, se fléchit et longe la voiture. Il entend des roucoulades, des choses galantes ou grivoises. Ah ! L’homme n’est pas seul, il a de la compagnie.
    — Mais pourquoi donc gaspiller votre argent ? demande une voix féminine.
    — Tout le sang versé, toute la fortune dépensée pour attenter à la réputation du cardinal, suivent ensemble le cours d’une pente honorable. Ce sont là des œuvres saintes.
    — Certes, mais puisque vous avez tant de griefs contre ce parvenu, et tant de brio pour les exprimer, pourquoi ne pas signer vous-même tous ces billets d’humeur ? En variant les styles et les noms d’emprunt…
    — Le temps me manque, je cours, je bataille et j’aime… Je ne peux être sur tous les fronts. Au diable les petites flèches, les coupsde pointe, je n’ai ce matin, dans ma poitrine, que de tendres pensées…
    — Oh, mon ami…
    — Je dépose les armes, la plume assassine et le fer querelleur. Je me rends à vos charmes, et j’implore un baiser de vos lèvres, je mendie le bouton de votre sein.
    — Venez, celles-là et celui-ci sont tout à vous.
    Le chevalier tire violemment le rideau.
    — Comment osez-vous ! s’indigne le propriétaire, rouge de colère. Maladroitement, il tâche de dissimuler, à la vue de l’indiscret, la charmante accompagnatrice qui cesse soudain de rire à gorge déployée.
    D’Artagnan sourit sous sa moustache . Ainsi, c’est bien lui ! se dit-il.
    Sans trop baisser la garde, le chevalier s’exclame avec une fausse amabilité :
    — Pardonnez-moi. Si j’eusse su que le maître de cette diligence ayant manqué de me rouler sur les pieds fût monsieur le coadjuteur, monseigneur l’évêque en personne, je me serais bien gardé d’intervenir de la sorte… Pensez donc.
    — Je vous reconnais ! répond avec hauteur le dignitaire, vous êtes le Gascon de l’Éminence, sa créature, ce d’Artagnan !
    — Autrement nommé Charles de Batz-Castelmore. Pour vous servir.
    — Allez, monsieur ! Reprenez votre route, je poursuis la mienne, et oubliez ce que vous avez vu.
    Après avoir remis son épée au fourreau, d’Artagnan s’incline et rétorque avec irrévérence :
    — Mais monseigneur, je n’ai rien vu qu’une figure très chrétienne faisant la charité à ses sujets.
    Puis, sans attendre de réponse, d’Artagnan s’éloigne le premier, en lançant un dernier trait :
    — Mes hommages, madame…

Nouvelle rencontre
    Le carrosse vient de doubler d’Artagnan. Mais le voici à nouveau arrêté à l’entrée de la rue Saint-Honoré. Cette rue, d’Artagnan doit également la prendre pour atteindre son gîte. Des cavaliersfont obstruction. Si la voiture repart aussitôt, alors qu’on lui ouvre la route, les autres passants ne peuvent jouir d’une même liberté. La muraille vient de se refermer derrière le magnifique équipage.
    D’Artagnan n’aime guère cette entrave menaçante.
    Ces cavaliers ne semblent pas être des gens de police, ni même des militaires, mais des mercenaires. Ils ont la mine de l’emploi.
    Un spadassin s’approche du chevalier. Il espère le faire reculer sans un mot. Mais d’Artagnan ne bronche pas. Il tente de contourner l’obstacle. Le cavalier se replace en travers du piéton en s’exprimant clairement :
    — Halte-là, on ne passe pas.
    — Grand bien vous fasse, monsieur, je passe car c’est ici ma route.
    — Vous la contournerez.
    — Pour la rallonger ? Non point. Il fait froid, écartez-vous.
    Le cavalier tire l’épée. Ce geste vif alerte les compagnons de l’empêcheur de passer. Ils viennent en renfort encercler l’audacieux. Cependant, l’homme de tête les pousse au retrait.
    — Laissez-le moi, j’en fais mon affaire.
    Le cavalier met pied à terre alors que d’Artagnan se réjouit. Voilà enfin une occasion de fléchir les jarrets et de jouer du poignet, cela lui manquait !
    En engageant le fer, il retrouve ses vingt ans. Il se défend sans cesser de sourire et se fend avec hardiesse. En quelques passes seulement, il a désarmé son adversaire, expédié à terre d’un croc-en-jambe.
    Des couleurs aux joues, d’Artagnan ouvre grand les
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